Le XXIe siècle déjà au pavillon de l'utopie

Toute l’exposition universelle de Lisbonne se veut «source d’innovations efficaces» dans le domaine des économies d’énergie et de la protection de l’environnement, mais le «pavillon de l’Utopie» est de loin le plus exemplaire, préfigurant les constructions du XXIe siècle. Sa conception relève en effet d’un concentré d’innovations technologiques, mises en œuvre dans le cadre du programme européen «Energy Comfort 2000» (EC-2000) pour assurer «le meilleur confort au meilleur coût». Des flux d’énergie sont optimisés selon les conditions d’utilisation du bâtiment, qui peut accueillir jusqu’à 16.000 personnes pour des spectacles multimédias. L’orientation est-ouest la plus favorable aux vents dominants permet une ventilation naturelle et un «pré-rafraîchissement», complétés par une pompe à chaleur prélevant d’eau dans le Tage et exploitant les différences de températures eau-air. Le rayonnement solaire est capté dans les meilleures conditions pour contribuer au chauffage. Climatisation et chauffage classiques (gaz) se déclenchent si nécessaire. Le système de ventilation naturelle contribue à une excellente qualité de l’air intérieur même au plus fort de la fréquentation, malgré un «plafond» haut de 36 mètres. L’ensemble est géré par ordinateur, qui reçoit en temps réel les informations nécessaires pour adapter le système à l’évolution du temps. Selon un des responsables d’Expo 98, M. Fernandes-Oliveira, la démonstration est probante: la réduction de la consommation énergétique est de l’ordre de 50% par rapport à un bâtiment classique et la réduction d’émissions de C02 de 60%. Pour M. Fernandes-Oliveira, «on peut considérer le pavillon comme une machine qui réagit à son environnement physique et exploite les formes d’énergies qui l’entourent». Immense vaisseau renversé dans l’esprit du thème Océans de l’Expo, le pavillon de l’Utopie est bâti à proximité du Tage et deviendra ensuite un espace multifonctions, aussi bien centre de congrès que d’expositions ou salle de spectacles. L’impressionnant dôme de bois lamellé puis isolé par un matelas de 10 cm de laine de verre est recouvert de zinc, conférant un caractère presque discret à cette géante soucoupe renversée de près de 4 hectares et d’un volume de 210.000 m3. Ancien site industriel et pétrolier, les 330 hectares de terrains d’Expo 98 cumulaient toutes les contaminations possibles. Il a fallu deux ans de travaux de dépollution avant la mise en chantier. Plusieurs autres bâtiments ont été construits dans le même esprit et le même cadre (EC-2000), en France (université d’Aix-en-Provence), Grande-Bretagne (Leeds et Chelmsford), Espagne (Valladolid, aux Pays-Bas (Schiedam et Enschede) et en Grèce (Athènes). (AFP)