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Actualités - CHRONOLOGIE

Comores : lycéens en grève pour des professeurs au quotidien

Les lycéens et collégiens de la Grande Comore veulent pouvoir étudier correctement. Ils se sont mis en grève face à l’absentéisme endémique de leurs professeurs qui n’ont pas été payés depuis des mois. La situation du lycée Saïd Mohamed Sheikh de Moroni, le plus important de la République fédérale islamique des Comores, avec ses 2.000 élèves, est significative de l’état de délabrement général du pays. Le bâtiment construit dans les années 60 n’a visiblement pas été rénové depuis de longues années. Le béton est défoncé, les salles de classe sont sans fenêtres. Dans la cour où des arbres sont tombés, quelques lambeaux de filet attestent de la présence, autrefois, d’un terrain de volley-ball. «Nous avons arrêté les cours car nous voulons une révision du calendrier scolaire, et par ce que nous déplorons l’absentéisme des professeurs», explique Mohamed Assaf, président de la Coordination régionale des élèves de Ngazidja, l’autre nom de la Grande Comore, la principale île de l’archipel situé entre Madagascar et le continent africain. «Cette grève, c’est une manière de mettre les choses au clair car de toutes les façons, les cours ne fonctionnent pas puisque les professeurs ne sont pas réguliers», ajoute Azir Mohamed Yssouf, le secrétaire de la Coordination. Dans chaque classe des 4 lycées et 27 collèges de l’île, des délégués ont interrogé les élèves, ajoute-t-il. Soixante-treize pour cent d’entre eux suivent le mouvement, affirme M. Azir. L’année scolaire a commencé en octobre, mais les cours n’ont véritablement débuté que le 2 mars après une longue grève des enseignants qui ont obtenu le paiement de deux mois de salaire en retard. «Depuis fin février, les profs n’ont pas été payés et ceux qui habitent loin du lycée n’ont même pas les moyens de se payer le taxi», seul moyen de se déplacer en l’absence de tout transport public, explique un élève. Les lycéens de terminale ont «peur pour leur bac» qui sanctionne en octobre la fin des études secondaires. Une société à la dérive «Cela fait quatre ans que je suis professeur, et je ne sais pas ce que c’est que la fin de mois», s’exclame Ben Saïd Dyla, professeur d’histoire-géographie et secrétaire général de l’Association des amis du lycée. «Je soutiens les revendications des élèves, mais rien n’est possible si les professeurs ne sont pas payés régulièrement», ajoute-t-il. «Même si on nous paye demain, tout sera dépensé en quelques heures car nous avons des dettes un peu partout», renchérit un autre enseignant. «Les seuls, qui se débrouillent, sont ceux qui peuvent donner des cours dans le privé», précise-t-il. Au-delà du simple salaire des professeurs, la situation générale du pays inquiète élèves et enseignants, alors que plusieurs projets de la Banque mondiale en matière d’éducation ont été suspendus. «Comment imaginer un système éducatif qui marche dans une société à la dérive?», interroge un observateur occidental. «Même les élèves qui ont eu leur bac l’an dernier sont encore aux Comores où il n’y a pas d’enseignement supérieur», explique Azir. «Ils ne travaillent pas et n’ont pas d’argent pour aller étudier à l’étranger». «Depuis 1990, la situation se dégrade. Nous allons peut-être sacrifier notre année scolaire, mais ce sera pour que nos petits frères puissent mieux étudier plus tard», assure le président de la Coordination. «Les notables ont peur que ça se passe ici comme en Indonésie», renchérit un élève. La grève dans les collèges et lycées a démarré au lendemain du mouvement de protestation qui a couvert la capitale de barricades entre le 11 et le 13 mai. Parmi les protestataires figuraient alors de nombreux jeunes qui dénonçaient la fermeture d’une radio privée d’opposition, Tropic FM. «Ce ne sont pas les mêmes jeunes qui font la grève au lycée. Ceux des barricades appartiennent plutôt aux milieux défavorisés. Ici, ce sont des jeunes de familles plus aisées», explique un enseignant. «Mais ces deux mouvements sont le signe d’une radicalisation de la jeunesse», ajoute-t-il. La grève des élèves confronte les autorités au premier mouvement social lancé dans les établissements scolaires. (AFP)
Les lycéens et collégiens de la Grande Comore veulent pouvoir étudier correctement. Ils se sont mis en grève face à l’absentéisme endémique de leurs professeurs qui n’ont pas été payés depuis des mois. La situation du lycée Saïd Mohamed Sheikh de Moroni, le plus important de la République fédérale islamique des Comores, avec ses 2.000 élèves, est significative de...