La criminalité poursuit son implacable ascension en Colombie

La criminalité en Colombie a poursuivi son implacable ascension en 1997, faisant de la violence, avec 31.806 tués (et 46.367 blessés), la première cause de mortalité, devant le cancer, l’infarctus et le sida réunis, révèlent lundi des statistiques de la police nationale. Cela fait une effarante moyenne quotidienne de 87 tués (contre 73 l’année antérieure), confirmant largement la position de la Colombie comme «pays le plus violent du monde en temps de paix». A cela s’ajoutent, pêle-mêle, 5 kidnappings «officiels» par jour (probablement 4 fois plus dans la réalité), 8 cas de «piraterie terrestre», 4 attaques de la guérilla et 204 vols à mains armées dont 2 hold-up de banques, précisent les statistiques. Bref, une criminalité deux fois supérieure à celle de toute l’Europe, notent les observateurs. Comme le résume l’hebdomadaire «Cromos», en Colombie «on a beaucoup plus de chances de recevoir une balle dans le corps que de gagner à la loterie»... Cet indice de criminalité inquiète les autorités tout comme les 13 candidats aux présidentielles du 31 mai prochain qui ont tous juré de s’y attaquer en priorité. Le problème sera étudié à partir de mercredi prochain, par le premier «Séminaire international contre le délit» organisé à Bogota par la DAS (police secrète colombienne). Le rapport de la police révèle également que 80% des délits sont l’œuvre de la délinquance commune et 20% seulement de la guérilla de gauche ou des paramilitaires de droite qui n’ont tué «que» 6.000 personnes. En outre, des 31.806 assassinats de l’an dernier (dont la moitié ont été commis dans des villes comme Bogota, Cali et Medellin), la grande majorité, soit 22.000, ont été perpétrés sous l’influence de l’alcool. Le rapport de la police nationale précise encore que la tranche d’âge la plus violente est celle des 21 à 30 ans (49.439 arrestations sur le total de 114.560 détentions enregistrées en 97) et la plus «calme», celle des plus de 51 ans avec 1.842 détentions. 9.284 moins de 17 ans ont aussi été arrêtés. Plus intéressant encore, l’état civil des criminels: le célibat, révèle la police, donne visiblement des instincts agressifs (66.390 des personnes arrêtées) contre 32.713 mariés et 15.095 personnes vivant en concubinage. Les veufs sont presque des saints: 317 détentions seulement. Il reste que la situation de violence que vit le pays peut expliquer que 95% des Colombiens ont affirmé qu’ils aimeraient bien quitter leur pays, selon un sondage de l’hebdomadaire Semana publié la semaine dernière. De ces candidats au départ, 24% ont dit qu’ils étaient prêts à le faire «pour toujours» et 71%, «seulement pour un certain temps». (AFP, Reuters)