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Actualités - ANALYSE

L'efficacité, condition sine que non d'un sommet arabe

Echaudée par tant de piteux précédents, plus gesticulatoires et verbeux qu’efficaces, la Syrie met cette fois les points sur les i: élargi ou restreint, un sommet arabe ne doit se réunir que pour ratifier des décisions fermes… aussitôt appliquées! On sait en effet qu’entre autres exemples, la dernière prestation du genre, tenue en 1996, avait appelé au gel de toute normalisation avec Israël, ce qui n’avait été suivi d’aucun effet. Selon Damas, un sommet qui se contenterait, une fois de plus, de pondre un communiqué littéraire, une simple dénonciation du jusqu’au-boutisme antipacifiste israélien, ne ferait que servir les desseins de Netanyahu en affectant une crédibilité arabe déjà peu brillante. Le problème est que cette logique pure et dure, poussée à son extrémité, peut signifier qu’il ne doit pas y avoir du tout de réunion , vu que les Arabes ont toujours prouvé qu’ensemble ils ne sont capables que de parler pour ne rien dire. «A quoi bon»: c’est d’ailleurs ce que répètent en catimini certaines capitales, autant par lassitude que par manque d’envie de rejoindre la ligne de confrontation préconisée par Damas aux dépens de leurs relations, déjà bien avancées, avec Israël. Une attitude désabusée ou intéressée, au choix, que bien évidemment la diplomatie U.S. n’est pas loin d’encourager par souci de ne pas envenimer une situation délicate, un sommet arabe ne pouvant à son avis que consommer le divorce régional et officialiser le fiasco du processus de paix. A ce propos, un diplomate libanais pense toutefois que «Washington devrait au contraire encourager les Arabes à se mobiliser pour contrer Netanyahu, du moment que lui-même n’a plus prise sur ce trublion qui bloque le jeu. Des résolutions arabes fermes pourraient avoir leur effet sur un gouvernement israélien dont une large frange de l’opinion israélienne conteste l’intransigeance pour laquelle il aurait enfin un prix à payer. Parallèlement, la détermination arabe commencerait à agir à la fois sur les Américains, si pusillanimes jusqu’à présent, et sur les Européens qui condamnent l’extrémisme de Netanyahu mais sans le sanctionner par des mesures économiques ou autres. A partir des résolutions du sommet arabe, la conférence des pays soucieux de promouvoir la paix que proposent l’Egypte et la France serait plus facile à organiser. Et tout le climat en serait modifié, l’initiative étant ainsi arrachée dans ce domaine à un Netanyahu qu’on laisse trop facilement faire à lui tout seul la pluie et le beau temps dans la région». Sur le plan pratique et ponctuel, les contacts actuels visent à gommer les différends qui opposent au sujet du sommet arabe la Syrie à l’Autorité palestinienne ainsi qu’à la Jordanie. Ces deux derniers ne veulent pas couper les ponts avec Israël d’une manière trop marquée. Ils redoutent en outre qu’un sommet se tienne à Damas car cela ressemblerait à un défi et les résolutions risqueraient d’être trop rigides à leur sens. Un autre problème, qu’on soulève peut-être pour rendre la réunion encore plus difficile à mettre sur pied, est relatif à la présence de l’Irak. Autrement dit, à cette occasion, certains affirment qu’il est temps de liquider le contentieux de la guerre du Golfe et de réintégrer Bagdad dans le circuit. Ce qui évidemment provoque le courroux ou les réticences d’autres, dont de bons amis des Etats-Unis. Mais la principale difficulté se rapporte, répétons-le, à la teneur de l’ordre du jour de la conférence qui elle-même détermine et préfigure les résolutions qui seraient adoptées. Les contacts diplomatiques actuels sont donc axés sur ce point, l’accent étant mis sur la nécessité de fixer des délais, des dates pour l’application de ces résolutions, afin d’éviter qu’elles ne sombrent ensuite dans le doux oubli traditionnel, comme le fameux pacte de défense commune des années soixante et tant d’autres retentissantes décisions arabes. On prend donc soin aujourd’hui, ou du moins on essaye, de faire en sorte de mâcher d’avance la besogne aux souverains et chefs d’Etat arabes. Tout serait préfabriqué, présenté préalablement pour approbation aux gouvernements concernés et le sommet n’aurait plus ensuite qu’à signer. On éviterait ainsi que la réunion ne tourne court, comme c’est arrivé parfois suite à des divergences apparues lors de la conférence.
Echaudée par tant de piteux précédents, plus gesticulatoires et verbeux qu’efficaces, la Syrie met cette fois les points sur les i: élargi ou restreint, un sommet arabe ne doit se réunir que pour ratifier des décisions fermes… aussitôt appliquées! On sait en effet qu’entre autres exemples, la dernière prestation du genre, tenue en 1996, avait appelé au gel de toute...