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Net recul de la représentativité chrétienne aux municipales de Tripoli Beyrouth:le consensus se confirme mais les radicaux ne baissent pas les bras

La page des élections municipales au Liban-Nord étant maintenant tournée, et dans l’attente que se décantent davantage la portée et les retombées politiques de ce scrutin, tous les regards sont tournés pour l’heure vers la double échéance de Beyrouth et du Liban-Sud où la consultation populaire aura lieu dimanche prochain. Les préparatifs sur ce plan en sont à leur stade final. La liste consensuelle de Beyrouth, regroupant les candidats du premier ministre Rafic Hariri, de M. Tammam Salam, d’«Amal», des Kataëb, des «Forces libanaises», de la Ligue maronite, du parti Tachnag et de plusieurs pôles d’influence chrétiens de Beyrouth-Est, sera proclamée aujourd’hui, à 13 heures. Pour sa part, Mme Bahiya Hariri annoncera, également aujourd’hui, la composition de sa liste qui devra croiser le fer avec les candidats soutenus par l’autre député de Saïda, Moustapha Saad. A quelques jours du scrutin dans la capitale, la physionomie de la bataille à Bey-routh s’est dans une large mesure clarifiée, à l’exception d’une seule inconnue (de taille): la position du «Hezbollah». Les milieux du chef du gouvernement ont proposé au Parti intégriste de désigner un des trois candidats chiites sur la liste consensuelle (les deux autres devant représenter le mouvement «Amal» et le député de Beyrouth Mohammed Youssef Beydoun). Le «Hezbollah» a toutefois réservé sa réponse, reflétant ainsi sa réticence à avoir comme colistiers des candidats relevant de M. Hariri. De source intégriste on précise que le «Hezbollah» pencherait plutôt pour la formation de sa propre liste incomplète et s’abstiendrait ainsi de prendre position dans le bras de fer qui opposera la liste consensuelle («l’Essor de Beyrouth») et la liste de l’opposition conduite par M. Abdel-Hamid Fakhoury (ancien président du conseil d’administration de la MEA). La liste de l’opposition regroupera des candidats représentant le courant «aouniste» et le député de Beyrouth Najah Wakim. Face à ces deux alliances électorales, le «Hezbollah» pourrait se contenter de présenter un nombre restreint de candidats et d’opérer son propre choix parmi certains candidats des deux listes en présence. Dans les milieux proches de Koraytem, on indiquait hier soir que les contacts se poursuivent toujours avec le «Hezbollah» afin de le convaincre de rejoindre la liste «l’Essor de Beyrouth» de manière à garantir l’élection d’un nouveau conseil municipal de Beyrouth qui soit équilibré sur le plan confessionnel. Une trop grande dispersion des voix risquerait en effet de couper court à l’élection d’un nombre suffisant de candidats chrétiens, ce qui risquerait de déboucher sur un grave déséquilibre confessionnel. C’est en principe dans les quarante-huit heures que le «Hezbollah» devrait définir sa position finale concernant la bataille de Beyrouth. S’il continue à hésiter de rejoindre la liste consensuelle, celle-ci pourrait ne regrouper que deux candidats chiites (au lieu de trois), de façon à laisser une place vacante au parti intégriste. Au niveau chrétien, une ultime réunion s’est tenue hier soir au domicile de l’ancien ministre Fouad Boutros, en présence de représentants des Kataëb et des «Forces libanaises», afin d’avaliser la liste des neuf candidats chrétiens (non arméniens) de la liste consensuelle. Il est désormais acquis que ces neuf candidats chrétiens sont: Joe Sarkis (maronite, «Forces libanaises»); Rachid Jalkh (Ligue maronite); Adel Boutros (grec-orthodoxe, proche de M. Fouad Boutros); Habib Fayad (grec-orthodoxe, proche de l’ancien ministre et député Michel Sassine); Toufic Kfoury (grec-orthodoxe, proche de Mgr Elias Audeh); Kamal Bekhaazi (grec-orthodoxe); le Dr Bernard Gerbaka (syriaque catholique, Kataëb); Sami Assaad Rizk (grec-catholique); Sami Nasr (évangéliste). A ces neuf candidats chrétiens viendront s’ajouter trois candidats arméniens, désignés vraisemblablement par le Tachnag, ce qui portera à 12 le nombre total de colistiers chrétiens (contre 12 mahométans). Quant aux candidats mahométans, la liste consensuelle regrouperait, pour les sunnites, MM. Abdel Moneem Ariss (chef de liste), Hicham Barghout (proche de la «Jamaa islamiya»), Selim Itani, Hicham Senno, Ammar Houri, Roula Ajouz, Mohieddine Kaissy et Mohammed Kheir Kadi, pour les chiites, Imad Beydoun (proche du député de Beyrouth Mohammed Youssef Beydoun), Fadi Chahrour («Amal») et (peut-être) Adnane Issa (proche du courant du «Hezbollah»), pour les druzes Fouad el-Oud. A l’évidence, cette liste consensuelle est manifestement hétéroclite sur le plan politique du fait qu’elle regroupe aussi bien les Kataëb et les «Forces libanaises», d’une part, que des représentants de M. Hariri et de la «Jamaa islamiya», d’autre part. Cette alliance contre-nature a poussé une source proche de M. Boutros à préciser que la liste «l’Essor de Beyrouth» constitue non pas une «liste d’entente», mais plutôt une «liste consensuelle», en ce sens qu’elle est la manifestation d’une simple alliance électorale entre les courants et les pôles d’influence chrétiens, d’une part, et des représentants de la fraction mahométane, d’autre part. L’opposition Dans le camp de l’opposition, l’alliance électorale entre le député Najah Wakim et le courant «aouniste» est tout aussi hétéroclite, les deux parties ayant des orientations politiques sensiblement divergentes. C’est d’ailleurs ce qui a poussé l’opposition Kataëb conduite par l’ancien leader du parti, le Dr Elie Karamé, à ne pas se joindre à la liste qui devra croiser le fer avec la liste consensuelle. L’opposition Kataëb devait être représentée au sein de cette liste par deux candidats, MM. Chaker Aoun et Joe Homsi. Le Dr Karamé a indiqué cependant en soirée à «L’Orient-Le Jour» que son courant se devait d’être conséquent avec ses positions de principe et ne pouvait se retrouver sur une même liste avec M. Wakim dont l’attitude à l’égard des grands problèmes nationaux qui se posent au pays ne rejoignent en rien celles du camp chrétien, en général. Le Dr Karamé avait prôné ces derniers jours la formation d’une liste incomplète regroupant les «aounistes», le PNL, les opposants Kataëb et certains pôles d’influence de Beyrouth-Est. Cette liste incomplète aurait été en quelque sorte complémentaire à celle conduite par M. Fakhoury et appuyée par M. Wakim. Le jour du scrutin, les deux listes d’opposition auraient procédé à un échange de voix systématique afin de faire face à la liste consensuelle. Une telle option n’a cependant pas été retenue par le général Michel Aoun, ce qui a poussé l’opposition Kataëb à se retirer de la liste opposante. Le Dr Karamé a toutefois souligné hier soir que ses partisans apporteront leurs voix aux candidats de l’opposition chrétienne. Quant au PNL, il s’est abstenu de se lancer dans la bataille de Beyrouth, arguant du fait que la loi électorale est inéquitable et déséquilibrée. Les résultats du Nord Pour en revenir au scrutin du Liban-Nord qui s’est déroulé dimanche dernier, les résultats officiels et officieux rendus publics hier sont venus confirmer les premières estimations que nous rapportions dans notre édition d’hier. Seule incertitude qui persiste et qui ne sera levée que ce soir ou même demain, mercredi: l’issue du scrutin de Tripoli. Tard dans la soirée d’hier, il restait encore près de 70 urnes (sur 279) à dépouiller. Les résultats partiels qui étaient disponibles hier confirmaient l’avance de la liste soutenue par M. Omar Karamé qui remporterait entre 11 et 13 sièges (sur les 24 que compte la municipalité de Tripoli). La liste appuyée par M. Hariri remporterait entre 5 et 7 sièges, et celle formée par la «Jamaa islamiya» entre 5 et 6 sièges. La grande question que les observateurs se posaient hier soir est de savoir si l’équilibre confessionnel sera sauvegardé dans la composition du conseil municipal de Tripoli. Ce dernier devrait comprendre 5 membres chrétiens, quatre grecs-orthodoxes et un maronite. Or il ressort des premières projections que les chrétiens (15 pour cent de la population de Tripoli) pourraient n’être représentés que par un seul candidat, ce qui constituerait un coup dur porté au principe de l’équilibre confessionnel. Cette faille s’est manifestée dans le secteur d’El-Mina (adjacent à Tripoli) où 5 candidats chrétiens uniquement ont été élus, alors que les chrétiens devraient être représentés au sein du conseil municipal par 8 ou 9 membres. La plupart des milieux locaux expriment la crainte que cette rupture de facto de l’équilibre confessionnel ne se manifeste également lors de l’élection du conseil municipal de Beyrouth. Dans les autres cazas du Liban-Nord, l’ancien ministre et député Mikhaël Daher a finalement pris sa revanche sur son adversaire électoral, le ministre Fawzi Hobeiche. Les résultats définitifs rendus publics hier soir par le ministre de l’Intérieur ont confirmé les premières projections de dimanche soir. Dans le fief commun à MM. Daher et Hobeiche (la localité de Kobeyate), la liste soutenue par M. Daher a remporté 13 des 18 sièges du conseil municipal, les partisans de M. Hobeiche se contentant des 5 sièges restants. Il reste que l’élément marquant du scrutin de dimanche au Liban-Nord aura été incontestablement l’importante victoire remportée par les «Forces libanaises». Celles-ci ont ainsi raflé 8 des 10 municipalités du caza de Bécharré avec un très grand écart de voix face aux listes concurrentes soutenues par les deux députés et les notables traditionnels de la région. Les listes F.L. ont obtenu, en moyenne, près de 70 pour cent des suffrages exprimés dans ces huit localités. Mais ce succès a dépassé le cadre de Bécharré, les F.L. ayant remporté également plusieurs municipalités ainsi que de nombreux sièges au sein des conseils municipaux dans les cazas du Koura, de Batroun et du Akkar. Avec les autres victoires qu’elles ont aussi enregistrées au Mont-Liban (notamment au Chouf), les F.L. auront ainsi réussi à opérer, après plus de quatre ans d’éclipse forcée, un spectaculaire «come-back» sur la scène politique à la faveur de l’épisode des municipales.
La page des élections municipales au Liban-Nord étant maintenant tournée, et dans l’attente que se décantent davantage la portée et les retombées politiques de ce scrutin, tous les regards sont tournés pour l’heure vers la double échéance de Beyrouth et du Liban-Sud où la consultation populaire aura lieu dimanche prochain. Les préparatifs sur ce plan en sont à leur...