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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Boueiz redoute un désastre pour l'entente nationale à Beyrouth

Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz est revenu à la charge hier au sujet des élections municipales à Beyrouth, en avertissant d’un possible «désastre» si les dispositions de la loi actuelle étaient maintenues, et en soulignant que sa proposition de découper la capitale en plusieurs circonscriptions restreintes participait de la même logique que l’exception faite aux législatives de 1996 au Mont-Liban, où le découpage s’était opéré sur la base des cazas. S’exprimant lors d’une visite au siège de l’Ordre des rédacteurs de presse, M. Boueiz, dont la proposition n’avait pas été retenue mercredi en Conseil des ministres, a déploré qu’il y ait dans ce pays «des gens irréalistes, qui se disent éloignés de toute considération confessionnelle, mais qui, lorsqu’il le faut, deviennent sectaires». «Nous ne savons plus quand ils le sont et quand ils cessent de l’être», a-t-il dit, dans une claire allusion au premier ministre Rafic Hariri. Le chef de la diplomatie s’est dit inquiet des conséquences que pourrait avoir le scrutin de Beyrouth sur l’entente nationale. «Il se pourrait qu’un raz-de-marée électoral se produise dans un sens bien déterminé, à la faveur du jeu électoral et de la tactique du panachage, et que le résultat du scrutin débouche sur un désastre», a averti M. Boueiz. Selon lui, cela conduirait à «la fin de l’entente nationale, et à davantage d’inquiétude et de désenchantement (chez les chrétiens)». «Voilà pourquoi je propose de revenir à la loi de 1963, et d’adopter le découpage par circonscriptions à Beyrouth», a-t-il ajouté. «Je ne comprends pas pourquoi on prend en considération au Mont-Liban l’inquiétude manifestée par une communauté déterminée (les druzes) pour faire — légitimement — exception au principe du découpage par mohafazats alors qu’on s’y refuse dans d’autres régions», a poursuivi le ministre. «Il n’est pas possible d’être sectaire au Mont-Liban et non sectaire à Beyrouth», a-t-il souligné. Il a indiqué avoir conféré au sujet des élections de Beyrouth, au cours des derniers jours, avec «un grand nombre de partenaires de toutes les orientations et de toutes les couleurs». La conférence de Palerme Sur un autre plan, M. Boueiz a indiqué que les pays arabes qui participeront les 3 et 4 juin à la conférence euro-méditerranéenne de Palerme, en Sicile, allaient notamment inviter les pays de l’Union européenne (UE) à refuser qu’Israël puisse obtenir une dissociation entre les volets politique et économique du partenariat entre l’Europe et les pays du Bassin méditerranéen. Explicitant cette démarche, le chef de la diplomatie a précisé qu’Israël «exporte plus de 60% de ses produits agricoles et industriels vers l’UE, mais refuse dans le même temps d’entrer dans un débat sur les questions politiques avec l’Europe». En fait, a souligné M. Boueiz, l’Etat hébreu «veut continuer à tirer bénéfice» de l’Europe sur le plan économique, «sans avoir à en payer le prix politiquement». Selon lui, cela est dû au fait que la position européenne sur le processus de paix au Proche-Orient est «claire sur la nécessité de l’application des résolutions internationales sur la base du principe de l’échange de la terre contre la paix». «C’est pourquoi, notre plus importante démarche sera de demander à l’Europe de ne pas permettre une dissociation entre l’économique et le politique et de ne pas permettre à Israël de marquer des points en matière économique, tout en cherchant à ignorer les considérations politiques», a-t-il encore dit. Il a estimé que les avantages commerciaux consentis par l’UE à l’Etat hébreu «devraient être en proportion avec son degré d’accommodation avec les principes politiques». «Nous sommes satisfaits des positions européennes exprimées à plusieurs occasions», notamment lors des sommets annuels de l’UE, a poursuivi le ministre, estimant que l’Europe est «plus libre que d’autres face aux pressions sionistes intérieures et notamment électorales». Pour M. Boueiz, «contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, Israël est dans l’incapacité d’imposer aux juifs nationaux des pays européens des politiques déterminées ou de les utiliser comme moyens de pression sur les gouvernements de ces pays». «Pour le moins, a-t-il ajouté, l’Etat hébreu ne peut pas bloquer le pouvoir de décision de l’Exécutif dans ces pays comme il parvient à le faire aux Etats-Unis par le biais notamment du Congrès». M. Boueiz a par ailleurs rappelé qu’à la veille de la conférence de Palerme, se tiendra à Beyrouth une réunion préparatoire regroupant les pays arabes méditerranéens membres du forum de Barcelone, ville où le processus du partenariat euro-méditerranéen a été lancé en 1995. La réunion de Beyrouth, censée se tenir lundi et mardi prochains, doit pouvoir permettre d’adopter une position unifiée avant la conférence. Y participeront le Liban, la Syrie, la Jordanie, l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, ainsi que la Libye et la Mauritanie, ces deux pays n’étant cependant pas membres à part entière du club de Barcelone. Initialement, il avait été question d’inviter à la réunion de Beyrouth deux autres pays méditerranéens, Chypre et la Turquie, mais M. Boueiz n’en a pas fait état hier.
Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz est revenu à la charge hier au sujet des élections municipales à Beyrouth, en avertissant d’un possible «désastre» si les dispositions de la loi actuelle étaient maintenues, et en soulignant que sa proposition de découper la capitale en plusieurs circonscriptions restreintes participait de la même logique que l’exception...