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Actualités - ANALYSE

Les municipales , une échéance politisée de force ...

Les municipales ne sont qu’accessoirement une affaire politique: cette évidence élémentaire déconcerte visiblement nos politiciens dont la hantise est de savoir si cette opération va ou non avoir des retombées sur les rapports de force existants et, partant, sur leur propre carrière… Ainsi, à l’heure où les gens se demandent simplement si, après ces élections, ils vont être mieux lotis dans leurs petits carrés d’administrés, on n’entend dans les cercles professionnels que cette «grave question existentielle»: le paysage politique est-il en train de se reformer maintenant, les municipales vont-elles bouleverser les donnes pour notre prochain rendez-vous avec les législatives dans deux ans? A cette interrogation tourmentée, un ancien président du Conseil répond sur un ton rassurant : «Il est évident que les alliances que l’on voit se nouer pour les municipales sont d’un tout autre tissu, bien plus intime et familial, que les montages des législatives. La nature même du scrutin comme ses dimensions sont différentes et les règles du jeu ne peuvent absolument pas être les mêmes. Au Mont-Liban, région-test, on a vu les forces politiques organisées se déliter au profit des intérêts de l’heure, des membres d’un même parti se présenter l’un contre l’autre ou fouler aux pieds les directives de vote qui leur ont été données, ce qui va entraîner sans doute beaucoup d’expulsions… C’est d’autant plus frappant que ce mohafazat offre la particularité d’une association plus étroite qu’ailleurs des facteurs familiaux et partisans. C’est-à-dire que l’animosité traditionnelle entre des clans et des familles les a poussés dès les années trente-quarante dans les bras de partis opposés. Il est donc remarquable que cette appartenance à caractère politique ait si peu joué lors du scrutin de dimanche dernier où l’on a pu voir sur de mêmes listes des Kataëb et des PPS, entre autres exemples de cohabitation occasionnelle de frères ennemis…». «Les familles, qui jouent un rôle essentiel dans les municipales, sont beaucoup plus effacées au niveau des législatives où il n’y a plus de huis-clos. Si le hasard ou la bonne implantation villageoise semblent donner l’avantage dans les municipales à telle ou telle formation politique cela ne veut pas du tout dire qu’aux législatives elle ferait un aussi bon score, car c’est une tout autre catégorie de compétition où personne en pratique ne peut faire cavalier seul. Les alliances, simplement utiles en termes de municipales, sont tout à fait indispensables et conditionnent tout succès en termes de législatives.Elles ne sont donc que rarement les mêmes. Ainsi battu à plates coutures aux élections de 96 dans la banlieue-sud, le Hezbollah vient d’y emporter haut la main les municipales. Et cela pour la bonne raison que ce n’est pas tout à fait la même circonscription, qu’aux législatives elle est bien plus large, ne concerne pas une majorité écrasante de chiites, même si par exception le Mont-Liban ne votait pas tout ensemble et avait été disloqué en six circonscriptions. Autre exemple qui saute aux yeux: alliés pour les municipales, Walid Joumblatt et Dory Chamoun sont dans des camps tout à fait opposés pour les législatives, le premier étant pour la participation à fond et le deuxième pour le boycott. Et, à ce propos, on relève un autre facteur de différence: le taux de participation, aussi élevé pour les municipales que modeste pour les législatives, où c’est un peu le système qui est jugé. Autre distinction: les possibilités de manipulation, de pressions abusives, de chantage, de fraude et de triche ont libre cours aux législatives et sont quasi inexistantes dans des municipales où on vote à huis-clos, entre gens qui se connaissent, entre quatre-yeux pour ainsi dire. On a pu entendre de la sorte le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, répondre à M. Sélim Hoss, qui se plaignait de l’immixtionnisme du pouvoir, que les résultats même des municipales, pas forcément favorables aux loyalistes, prouvent la régularité du scrutin. Le fait à souligner, conclut cet ancien président du Conseil, est que la carte d’électeur adoptée s’est montrée une expérience réussie et il faut maintenant en compléter la distribution pour qu’elle soit utilisée aux prochaines législatives». Comme quoi les deux opérations ont quand même quelque chose en commun…
Les municipales ne sont qu’accessoirement une affaire politique: cette évidence élémentaire déconcerte visiblement nos politiciens dont la hantise est de savoir si cette opération va ou non avoir des retombées sur les rapports de force existants et, partant, sur leur propre carrière… Ainsi, à l’heure où les gens se demandent simplement si, après ces élections, ils vont...