Rechercher
Rechercher

Actualités - INTERVIEWS

Le champion du monde des échecs depuis hier à Beyrouth Karpov à l'Orient Le Jour : ma qualité principale, la coordination des pièces (photo)

Le champion du monde des échecs, Anatoli Karpov, est de passage au Liban pour quelques jours, à l’invitation de la Fédération libanaise des échecs. Il donnera deux séances de parties simultanées, aujourd’hui à 17 heures au Casino du Liban et demain à l’hôtel Beaurivage (également à 17 heures), où il sera aussi présent le 28 mai pour le démarrage d’un tournoi international auquel participent plusieurs maîtres internationaux. Karpov est accompagné du vice-président de la Fédération internationale des échecs, Bachar Kouatly, qui avait représenté le Liban à maintes reprises il y a une vingtaine d’années. Le champion du monde a accepté de répondre aux questions de «L’Orient-Le Jour» au cours d’un entretien impromptu. Q. Anatoly Karpov, que considérez-vous être votre qualité principale en tant que joueur d’échecs? R. La coordination des pièces... Ma capacité de coordonner les pièces entre elles sur l’échiquier... La stratégie, en somme. Q. Pensez-vous que le style d’un joueur aux échecs reflète sa personnalité, comme pour un artiste? R. Pas forcément. Cela peut être vrai dans certains cas, mais pas toujours. Q. Oui, mais alors, il refléterait une personnalité cachée? R. Peut-être... (Il lève les yeux au ciel, comme pour dire, si elle est cachée, comment voulez-vous que je le sache?) Q. Dans la première partie de votre match contre Anand (janvier 98, match titre en jeu), vous avez sacrifié un cavalier. Dans la suivante, vous donniez la qualité. S’agissait-il d’une stratégie préméditée? R. Oui, tout à fait. Anand venait de jouer de longues qualifications avant de m’affronter, tandis que j’étais resté inactif. En rentrant dans des complications, j’ai dû fournir l’effort de me dérouiller. Il fallait le faire d’emblée, puisqu’il s’agissait d’un court match en six parties seulement. Q. Quand vous jouez un «coup important» dans une position complexe, quelle part y a-t-il dans votre jeu de compréhension et quelle part d’intuition? R. Si la position est véritablement complexe, c’est tout de l’intuition (!). Pour la compréhension, c’est avant que la position ne se complique, qu’il fallait l’exercer... Q. Combien l’ordinateur, en tant qu’outil de travail, contribue-t-il à la compréhension du jeu? R. L’ordinateur est devenu indispensable dans les analyses et la préparation des ouvertures. Je dirais qu’il a grandement contribué au développement du jeu. Q. Oui, mais en même temps, le fait de compter sur l’ordinateur pour tout cela ne risque-t-il pas de porter préjudice, du fait que le joueur ne fournit plus le même effort intellectuel? R. Toutes les médailles ont un revers... Q. Aujourd’hui les fins de parties et les ouvertures ont été analysées au point que l’on se demande s’il reste encore beaucoup à découvrir dans le jeu. Pensez-vous que l’on approche du jour où les échecs auront été entièrement résolus, comme une équation mathématique? R. Certes, les «nouveautés théoriques» se font plus rares, mais on peut encore en placer, même au tout début de certaines variantes. Et puis, la complexité du jeu reste entière, une fois sorti des sentiers battus. Je ne pense pas que le danger d’épuiser le jeu soit imminent... Q. Vous jouez un match exhibition le mois prochain contre Judith Polgar. Que pensez-vous des échecs féminins, pourquoi sont-ils en retard, est-ce que les femmes pensent autrement que les hommes devant un échiquier? R. Non, c’est seulement une question de probabilités, du nombre de joueuses. Mais il se peut qu’il y ait aussi un facteur de force physiologique qui entre en jeu. C’est dur de jouer aux échecs! Q. Imaginons que vous jouiez contre le champion de la planète Mars, avec notre planète comme enjeu. Vous touchez une pièce par mégarde. Mais personne ne vous a vu. Jouez-vous une autre pièce? R. Non... d’abord le règlement est le règlement... Ensuite c’est une question de nature. Il y a des choses qu’on ne peut pas faire, même avec la terre pour enjeu. Q. Vous aimez jouer au tennis... R. Une activité sportive est nécessaire au joueur d’échecs. Q. Un joueur préféré? R. Non, pas particulièrement. Q. Et le championnat du monde de football? Y avez-vous un favori? R. Oui, les équipes sud-américaines, Brésil et Argentine. Mais la grande équipe pour moi reste la Hollande de Crujf... Ils étaient magnifiques. (Petit rapprochement à faire avec la «coordination des pièces» peut-être?...) Q. Que saviez-vous du Liban avant de venir ici? R. La guerre bien entendu, mais aussi son intérêt historique, les sites phéniciens, romains, que je me ferai un plaisir de visiter dans les jours qui viennent.
Le champion du monde des échecs, Anatoli Karpov, est de passage au Liban pour quelques jours, à l’invitation de la Fédération libanaise des échecs. Il donnera deux séances de parties simultanées, aujourd’hui à 17 heures au Casino du Liban et demain à l’hôtel Beaurivage (également à 17 heures), où il sera aussi présent le 28 mai pour le démarrage d’un tournoi...