Actualités - CHRONOLOGIE
Des militants de gauche tentent de créer un nouveau Soudan
le 23 mai 1998 à 00h00
Des militants issus de la gauche syndicale soudanaise se sont attelés depuis un an à créer «un nouveau Soudan» à Menza, une poche de 60 kilomètres sur 30 sous administration de l’opposition soudanaise, adossée à la frontière éthiopienne, dans l’est du Soudan. Une quarantaine de milliers d’habitants vivent dans ce laboratoire politique sous la direction de Moktar Moubarak, un ingénieur, et Jamal Ali Etom, un avocat, d’anciens militants de gauche poursuivis ou emprisonnés par la police du régime fondamentaliste soudanais. Ils ont rejoint l’Alliance Nationale Soudanaise (SNA) dirigée par l’ex-général Abdelaziz Khalid, une des formations de l’opposition soudanaise faisant partie de l’Alliance Nationale Démocratique (UDA). La SNA a conquis également une enclave au sud de Gedaref et au nord sur les rives de la mer Rouge autour d’Aqiq. Moktar, administrateur civil de cette «zone libérée», et Jamal l’organisateur des projets sociaux, sont tous deux opposés au régime islamique de Khartoum et critiquent l’absence de projet politique de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA). Ils sont en faveur d’un Etat laïc et unitaire. Moktar, kalashnikov en bandoulière, fait la tourné des 21 villages pour rencontrer des «comités» chargés d’administrer la vie quotidienne. C’est à l’ombre des arbres qu’il réunit les vieux, le Cheikh du village et les élus pour palabrer. Comité de femmes Des «comités» de femmes ont aussi été créés. Avec elles, s’est organisée la vente de produits d’artisanat à Mankush, à trois heures de mauvaises pistes de l’autre côté de la frontière éthiopienne, en échange de sucre, de café, d’allumettes, de savon, vendus dans des «paillotes» rebaptisées boutiques. Une école a été rouverte pour 384 élèves à Manchalan Barani, ainsi qu’une clinique avec l’aide de la seule organisation humanitaire internationale présente dans la zone où la situation alimentaire n’est pas dramatique. Avec l’arrivée des pluies, les paysans commencent à semer. «Nous ne voulons pas leur donner d’aide alimentaire», explique Jamal qui représente Amal Trust, l’organisation chargée de recueillir des fonds pour la SNA. «Nous cherchons des vêtements, des chaussures, des livres, du papier et aussi à construire des infrastructures comme des puits». Même la justice a été réorganisée, sur la base des lois soudanaises de 1974. Si le front de Damazine n’est qu’à quelques kilomètres, les militaires ne sont guère visibles. De temps en temps, un civil armé surgit du bush. Au camp militaire de Menza, le commandant Maghrab Ali, arborant une coiffure rasta, reçoit décontracté en tee-shirt. Ses hommes à l’armement plutôt hétéroclite (AK47, G3, NATO) entraînent des jeunes recrues, volontaires, affirme-t-on. Ici pas de galons souligne Jamal, en ajoutant que les militaires ne s’occupent pas des affaires civiles. Moktar et Jamal espèrent bientôt avoir mis en place cette administration du «nouveau Soudan» à Menza, et poursuivre leur croisade dans une autre «zone libérée». (AFP)
Des militants issus de la gauche syndicale soudanaise se sont attelés depuis un an à créer «un nouveau Soudan» à Menza, une poche de 60 kilomètres sur 30 sous administration de l’opposition soudanaise, adossée à la frontière éthiopienne, dans l’est du Soudan. Une quarantaine de milliers d’habitants vivent dans ce laboratoire politique sous la direction de Moktar Moubarak, un...
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