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Actualités - REPORTAGE

Sin El-Fil : un scrutin serré

La population de Sin el-Fil se mobilise en prévision d’une bataille électorale qui s’annonce serrée pour le pourvoi des postes du conseil municipal de la localité. Depuis hier, les portraits des candidats ont envahi, pêle-mêle, les entrées de nombreux immeubles et des calicots ont été dressés au travers des avenues principales de la localité mais aussi de ses ruelles. Les différents candidats sont devenus pratiquement injoignables, ils sont désormais en tournée électorale. Le retrait de Mlle May Kahalé, conseillère à l’information à la présidence de la République, de la course électorale, au dernier jour du délai légal pour le retrait des candidatures, a surpris divers milieux. Mlle Kahalé, qui bénéficiait au départ d’un appui politique certain, a justifié sa décision par l’impossibilité d’aboutir à un consensus entre les différentes parties prenantes de la localité. Mais des rumeurs persistantes font état de bazars politiciens qui porteraient sur l’ensemble des municipalités du littoral du Metn. Des responsables politiques, notamment des ministres, ont d’ailleurs reconnu explicitement, il y a moins de dix jours, lors de rencontres avec la presse, que certains dirigeants appuient des listes électorales, voire certains candidats, affirmant que même dans les démocraties les plus évoluées les hommes politiques participent aux élections municipales. En d’autres termes, le pouvoir chercherait à faire la nuance entre appui et intervention. Pourtant, quelles que soient les considérations du moment, Mlle Kahalé est persuadée qu’elle aurait gagné haut la main la bataille électorale si le pourvoi au poste de président de la municipalité avait lieu sur base d’un vote direct des électeurs. Elle estime jouir d’une base populaire importante à Sin el-Fil. Deux listes en lice Deux listes s’affronteront sur la scène de Sin el-Fil. L’une est présidée par un jeune avocat, M. Sami Chaoul, et l’autre par M. Elie Hakim, fils du député Habib Hakim, lui-même président de la municipalité de Sin el-Fil pendant près de 35 ans. Les multiples tentatives menées, depuis janvier, sous le parrainage du vice-président du gouvernement, M. Michel Murr, pour la formation d’une liste unique de coalition pour le pourvoi des quinze sièges du conseil municipal de la localité ont échoué. L’entente achoppait sur le nom du candidat qui serait pressenti pour la présidence de la municipalité. Les différentes parties en négociation manœuvraient chacune de son côté pour obtenir le plus grand nombre de candidats figurant sur cette liste. Le président de la municipalité étant élu par les membres du conseil municipal. Egalité de chances Sur le terrain, aucune des deux listes ne semble être favorite. Les deux paraissent avoir des chances égales de remporter la victoire. La première liste conduite par Sami Chaoul (la composition de cette liste a été rendue publique en premier) participe aux élections au nom du changement. L’équipe, homogène, est formée dans une grande proportion de cadres supérieurs voulant combattre toutes les formes de népotisme. Pourtant dans les coulisses, on fait valoir que le père de M. Chaoul, Amine, est moukhtar et son oncle Fayez était à une certaine époque président de la municipalité de Sin el-Fil. Si elle regroupe des partisans de divers courants qui sont dans le camp de l’opposition tels les Kataëb, le PNL ou le courant aouniste, elle n’est pas pour autant représentative de «l’opposition au régime en place» ou de «l’opposition politique». M. Joseph Farah, un des membres de cette liste, fonctionnaire à la présidence de la République, affirme que «l’enjeu des municipales est strictement social et ne dépasse pas le cadre des ambitions de tout citoyen de promouvoir des projets de développement pour sa localité». Pour appuyer ses propos, il affirme que «sa liste n’a pas organisé de meeting populaire médiatisé à caractère politique à l’instar de ceux qui ont eu lieu dans la banlieue-sud, en l’occurrence à Chiyah». Pas de dérapage sécuritaire «La compétition se fera entre les candidats dans un cadre démocratique et un esprit sportif. Tout dérapage d’ordre sécuritaire est exclu», affirme M. Georges Hakim, fils cadet du député Habib Hakim en charge de la coordination entre les membres de la liste dite du «Renouveau de Sin el-Fil». «Les enjeux de la bataille électorale des municipales sont ponctuels. Ils sont limités dans le temps et l’espace, et le dimanche d’après le scrutin, l’on se retrouvera tous, adversaires d’un jour, dans les églises de la localité», dit-il. Répondant à une question concernant le retard mis dans la proclamation de la liste du «Renouveau de Sin el-Fil», M. Hakim, fait valoir un dosage minutieux des différentes composantes de la liste affirmant que son frère a tenu à ce que toutes les grandes familles de la localité soient représentées sans que cette représentation ne donne lieu à des dissensions au sein d’une même famille. Il nie catégoriquement que la liste présidée par son frère soit «celle du pouvoir». Il n’en demeure pas moins que celle-ci jouira de l’avantage d’une logistique structurée du fait de l’implication directe d’un parlementaire qui n’est autre que le parrain de la liste et père du chef de cette liste. De plus, il faudra compter sur le fait que M. Habib Hakim jouit d’un certain crédit populaire tant de par sa fonction actuelle de député que par ses fonctions précédentes de président de la municipalité de Sin el-Fil pendant près de 35 ans. Enjeu financier important L’enjeu financier de la municipalité de Sin el-Fil est important. Les recettes de cette municipalité sont des plus importantes. Si les électeurs ne sont que 8.000, les habitants sont non moins de 100.000. Cette agglomération regroupe plusieurs usines, centres commerciaux et bureaux. Et de ce fait les taxes municipales sont élevées. Sur le plan administratif, Sin el-Fil s’étend du fleuve de Beyrouth à Jisr el-Wati. Elle est divisée en quatre quartiers: le quartier de la localité (el-Baldeh), le nouveau quartier, le quartier du Horch et celui de Jisr el-Bacha. Le rabibochage au sein des listes ne peut s’expliquer que par le fait que l’opposition politique n’a pas formé et imposé des listes, ni à Sin el-Fil, ni ailleurs. Ses partisans ont choisi délibérément de joindre l’une ou l’autre des listes pour des considérations de familles ou de clans. Dans le cadre des échéances municipales, les considérations d’ordre partisan semblent avoir été exclues des calculs des candidats. Ce qui est toutefois certain, c’est que l’ambition personnelle de faire de l’échéance des municipales un tremplin vers la vie politique a été déterminante pour la majorité des personnes qui ont décidé de se porter candidates aux élections.
La population de Sin el-Fil se mobilise en prévision d’une bataille électorale qui s’annonce serrée pour le pourvoi des postes du conseil municipal de la localité. Depuis hier, les portraits des candidats ont envahi, pêle-mêle, les entrées de nombreux immeubles et des calicots ont été dressés au travers des avenues principales de la localité mais aussi de ses ruelles....