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Actualités - CHRONOLOGIE

Au nom de la transition démocratique Washington lâche Suharto Le Parlement indonésien donne jusqu'à demain au président pour démissionner (photo)

L’armée avait semblé, un moment, prendre le parti du président, les manifestants avaient renoncé à descendre dans la rue «afin d’éviter un nouveau Tiananmen»; enfin la communauté internationale s’abstenait de commenter, encore moins de prendre position dans la crise indonésienne. Autant d’éléments qui permettaient de croire que l’affaire était entendue — provisoirement à tout le moins. La sentence est venue hier des Etats-Unis: le président Suharto a été invité à quitter le pouvoir, dans le même temps que le Parlement lui adressait un ultimatum expirant demain vendredi. Pour la première fois depuis le début des troubles en Indonésie, Washington a exhorté le chef de l’Etat à démissionner et a dépêché trois navires de guerre au large de Djakarta. Au nom de la «transition démocratique», le secrétaire d’Etat Madeleine Albright a prononcé l’appel le plus explicité au départ de Suharto. Le président indonésien «a tant donné à son pays au cours des 50 dernières années (...). Il a maintenant l’occasion de réaliser un acte historique d’homme d’Etat, un acte qui lui permettra de préserver le souvenir d’un homme qui aura non seulement dirigé son pays, mais encore aura assuré sa transition démocratique», a dit le chef de la diplomatie US dans un discours prononcé à l’Ecole de la garde-côte américaine. «Dans cette période délicate difficile, nous exhortons vivement les autorités indonésiennes à faire preuve d’un maximum de modération dans leur réaction à des manifestations pacifiques», ajoute-t-elle. «En langage diplomatique, c’est la manière de dire à un dictateur qu’il est temps d’effectuer la transition», déclarait-on de source diplomatique américaine à la presse en commentant cet extrait du discours. Le général Charles Krulak, commandant en chef du corps des Marines, a expliqué que les trois bâtiments américains, un porte-hélicoptères et deux navires d’assistance transportant quelque 2.000 Marines envoyés au large de la capitale devraient effectuer une évacuation des ressortissants américains sous escorte militaire, en cas d’aggravation de la situation. «Empêchement» Au plan politique, le Parlement a donné jusqu’à demain vendredi au chef de l’Etat pour démissionner. Si aucune réponse n’est donnée à cette date, le président du Parlement, M. Harmoko engagera la procédure de convocation de l’Assemblée consultative du peuple, l’organe suprême de la souveraineté populaire devant laquelle le chef de l’Etat est responsable. Le texte de l’ultimatum a été remis au président par M. Harmoko qui, outre la présidence du Parlement, assure celle de l’Assemblée consultative ainsi que celle du Golkar, le parti au pouvoir. L’Assemblée consultative du peuple est l’organe suprême de l’expression populaire et la seule institution devant laquelle le président en exercice soit responsable. M. Harmoko, en sa qualité de président du Parlement, est constitutionnellement autorisé à convoquer cette Assemblée qui compte 1.000 membres. Composée en majorité de gens choisis souverainement par le président, elle avait reconduit en mars M. Suharto pour un septième mandat de 5 ans sans opposition et même sans vote formel. Yusril Ihza Mahendra, un expert en droit constitutionnel faisant partie des personnalités avec lesquelles M. Suharto s’était entretenu avant son allocution télévisée mardi, a affirmé que la convocation de l’Assemblée consultative «équivalait à juger le chef de l’Etat». Cette procédure, a-t-il noté, est l’équivalent d’une procédure d’interdiction (empêchement) du chef de l’Etat. Redoutant une manifestation et la répétition de violences comparables à celles qui la semaine dernière ont fait au moins 500 mots, Djakarta, investi par d’imposantes forces militaires, a vécu une journée de calme absolue. Amien Rais, premier dirigeant musulman à oser défier le président Suharto, annonçait la veille encore que, malgré les mises en garde de l’armée, un million de personnes seraient dans les rues mercredi. Mais quelques heures plus tard, il demandait à la population, dans un message à la télévision et à la radio, de «rester chez elle et de prier» afin d’éviter l’effusion de sang. «Je suis aussi déçu que vous l’êtes», a-t-il ajouté, avant de partir au siège du Parlement déclarer aux étudiants qui y avaient passé la nuit que «les jours de Suharto étaient comptés». Les étudiants, restés au Parlement en raison du déploiement de forces voulaient aussi éviter, selon les déclarations de plusieurs d’entre eux, tout incident lié à la présence d’éléments non étudiants potentiellement perturbateurs dans leurs rangs. Le mot d’ordre de manifester a été, en revanche, mieux suivi dans les localités de province. Au moins 200.000 étudiants se sont rassemblés notamment à Medan dans le nord du pays et Yogyakarta (est de Java) où 100.000 personnes, dont le Sultan local et élu du Golkar, ont participé à la manifestation antirégime. (AFP)
L’armée avait semblé, un moment, prendre le parti du président, les manifestants avaient renoncé à descendre dans la rue «afin d’éviter un nouveau Tiananmen»; enfin la communauté internationale s’abstenait de commenter, encore moins de prendre position dans la crise indonésienne. Autant d’éléments qui permettaient de croire que l’affaire était entendue —...