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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Partenariat euro-méditerranéen : un dirigeant allemand tire la sonnette d'alarme Le blocage du processus de paix ne doit pas entraîner la paralysie du dialogue avec l'Europe, souligne Werner Hoyer

Depuis que le projet d’un partenariat euro-méditerranéen a été lancé à Barcelone en novembre 1995 et que le Liban a entamé ses pourparlers à ce sujet avec Bruxelles, les hommes d’affaires libanais suivent de près les différentes étapes du processus d’union économique et monétaire européenne à laquelle ils seront un jour appelés à s’associer. Hier et deux semaines après le lancement de l’euro à Bruxelles, ils ont eu l’occasion d’écouter les explications d’un homme politique allemand — qui est en même temps économiste — M. Werner Hoyer, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes au ministère allemand des Affaires étrangères, en visite depuis vendredi à Beyrouth. M. Hoyer était invité à partager avec les hommes d’affaires libanais ses réflexions sur le partenariat euro-méditerranéen. Il a bien sûr abordé cette question sans s’attarder sur les obstacles qui retardent la conclusion d’un accord entre Beyrouth et Bruxelles, mais en choisissant d’insister sur la force du marché économique européen afin de montrer à ses interlocuteurs qu’ils ont beaucoup à gagner en devenant les partenaires d’une force économique, à l’heure où l’on s’achemine vers la mondialisation. M. Hoyer a insisté sur un autre point, en rapport avec le processus de paix, qui ne doit «en aucun cas», a-t-il affirmé, être lié à celui qui a été enclenché à Barcelone. Le responsable allemand redoute que les Etats arabes ne considèrent qu’un gel des régociations avec l’Union européenne puisse constituer un moyen de pression pouvant déboucher sur le déblocage du processus de paix. C’est à l’invitation du représentant de la délégation allemande du commerce et de l’industrie au Liban et du Conseil libano-allemand des affaires que M. Hoyer a donné à l’hôtel Commodore sa conférence sur le partenariat euro-méditerranéen. Etaient notamment présents le représentant de l’Union européenne, M. Dimitris Kourkoulas, les ambassadeurs de Suisse et de Hollande, MM. Jurg Streulli et Ronald Alexander Mollinger, les présidents de l’Association des industriels libanais, de la Chambre de commerce et d’industrie de Beyrouth et de l’Association des commerçants de Beyrouth, MM. Jacques Sarraf, Adnane Kassar et Nadim Assi. Les défis de la mondialisation M. Hoyer est présenté à l’assistance par l’ambassadeur d’Allemagne, M. Peter Wittig, qui souligne l’intérêt que son pays porte au Liban et la confiance qu’il a dans son avenir. Selon M. Wittig, «le potentiel de coopération entre le Liban et l’Allemagne est loin d’être saturé». C’est ensuite au tour du vice-président du Conseil libano-allemand des affaires, M. Elie Assouad, et du représentant de la délégation allemande du commerce et de l’industrie, M. Alexis Naassan, de présenter chacun les activités et la mission des organismes auxquels ils appartiennent respectivement: il s’agit, on l’aura deviné, du développement des relations entre les hommes d’affaires libanais et allemands. S’adressant à une assistance nombreuse, M. Hoyer commence par souligner l’importance que l’Europe accorde au Liban en tant que partenaire méditerranéen avant d’exposer les points qui, selon lui, font la force d’un marché économique et monétaire européen parfaitement conscient, dit-il, des défis de la mondialisation. Il présente ce processus comme un processus «continu et dynamique qui englobe des risques mais qui offre aussi des opportunités». D’où la nécessité pour l’Europe de se préparer à une forte compétition économique à l’avenir. Il s’agit là, selon ses explications, d’un des motifs de base de la création d’une union économique et monétaire, le deuxième étant d’assurer une paix et une stabilité permanente en Europe. «La décision du Conseil européen de lancer l’euro (à partir du 1er janvier 1999) et d’élargir, dans une étape future, l’Union européenne constitue une réponse stratégique au défi de la mondialisation», relève M. Hoyer en insistant sur le point selon lequel le marché monétaire européen deviendra plus fort et plus homogène en présence d’une monnaie commune aux Etats de l’Union. «Au cours des dernières années, les fluctuations monétaires avaient coûté à l’Europe 0,5% de sa croissance ainsi que 350.000 à 700.000 postes de travail. La diversité des taux de change des monnaies du marché commun a aussi coûté quelque 90 milliards de DM », les monnaies fortes devant supporter les devises faibles. Tout le monde a intérêt au partenariat En ce qui concerne l’inflation, elle était en Europe de 13,2% en 1980, rappelle le ministre et lorsque le Traité de Maastricht avait été signé en 1991, elle était de 5,5% et aujourd’hui, le taux d’inflation est évalué à 2%. Selon lui, la Banque centrale européenne, dont le premier président a été nommé au début du mois, aura pour principale tâche de maintenir cette stabilité monétaire «et les garanties institutionnelles pour l’indépendance de la BCE seront encore plus fortes que celles de la Bundesbank». M. Hoyer s’étend longuement sur l’impact de la monnaie unique européenne sur le développement économique du Vieux Continent puis, s’adressant à l’assistance, il exprime l’espoir d’avoir réussi à la convaincre que l’Union européenne est un partenaire solide pour le Liban et le Moyen-Orient. Il rappelle qu’avec la création d’un marché commun, toute l’Europe sera riveraine de la Méditerranée, ce qui fait que «tout le monde a intérêt à maintenir un partenariat sain et durable» dans le cadre du processus lancé à Barcelone. M. Hoyer estime que les réalisations enregistrées sur ce plan sont importantes même si, à ses yeux, beaucoup reste à faire. Les ministres des Affaires étrangères des pays concernés par la conférence de Barcelone se réuniront les 3 et 4 juin pour faire le point de la situation. Des accords d’associations ont été jusqu’à présent signés avec la Tunisie, le Maroc, Israël, l’OLP et la Jordanie et les pourparlers se poursuivent avec le Liban, l’Egypte et l’Algérie. Ils sont sur le point de commencer avec la Syrie. M. Hoyer affirme le soutien de son pays à un accord de partenariat entre le Liban et l’Union européenne, tout en reconnaissant que le problème de l’abolition des barrières douanières n’est pas facile à résoudre. C’est ce problème qui retarde, entre autres, la conclusion d’un accord d’association avec l’UE. Il rappelle que «deux autres questions doivent encore être réglées»: la création d’une large zone franche euro-méditerranéenne compatible avec les règles de l’Organisation mondiale de commerce, «sur laquelle les Etats concernés par la conférence de Barcelone s’étaient entendus» et l’impact du blocage du processus de paix sur les accords d’associations. M. Hoyer affirme comprendre «la frustration des Etats arabes» devant le gel des pourparlers de paix mais souligne «qu’il n’y a rien à gagner en faisant du processus de Barcelone un otage de la crise actuelle au Moyen-Orient». «Je vous implore, tout comme j’en appelle aux amis arabes, pour maintenir les deux processus séparés autant que possible. Nous voulons tous que le dialogue de paix reprenne le plus tôt possible mais nous devons clairement souligner que cela ne se fera pas en paralysant le processus lancé à Barcelone», insiste-t-il avant de souligner le soutien de son pays à la mise en application de la résolution 425 de l’ONU. Pour lui, un retrait israélien inconditionnel du Liban-Sud ne sera toutefois qu’un «premier pas sur la voie d’un règlement général qui englobera le conflit israélo-syrien».
Depuis que le projet d’un partenariat euro-méditerranéen a été lancé à Barcelone en novembre 1995 et que le Liban a entamé ses pourparlers à ce sujet avec Bruxelles, les hommes d’affaires libanais suivent de près les différentes étapes du processus d’union économique et monétaire européenne à laquelle ils seront un jour appelés à s’associer. Hier et deux...