Les USA perdent progressivement leur crédibilité selon Damas

Le ministre syrien de l’Information Mohammad Salmane a estimé mercredi que l’Administration américaine était en train de «perdre sa crédibilité» au Proche-Orient en raison du fléchissement de ses efforts visant à débloquer le processus de paix. «Les Etats-Unis n’ont pas annoncé leur désengagement du processus de paix mais nous sommes convaincus que l’Administration américaine est en train de perdre progressivement sa crédibilité parce qu’elle n’applique pas ses engagements consistant à établir une paix juste et globale au Proche-Orient», a déclaré M. Salmane, cité par l’agence officielle SANA. Le ministre syrien a noté que le manque d’initiative de la part des Etats-Unis pour relancer le processus de paix coïncidait avec la «poursuite par Benjamin Netanyahu (le premier ministre israélien) de sa politique consistant à détruire ce processus». Selon lui, ce processus est «dans le coma» car «Netanyahu ne croit pas à la paix et a renoncé aux engagements» pris par ses prédécesseurs avec les Arabes. Il a, d’autre part, critiqué le vote mercredi dernier par le Parlement israélien d’une proposition de loi faisant obstacle à un retrait du plateau du Golan syrien occupé par l’Etat hébreu depuis 1967. La proposition de loi, soutenue par M. Netanyahu, est une «décision visant à défier les résolutions internationales, l’initiative américaine et les deux coparrains du processus de paix», les Etats-Unis et la Russie, a-t-il dit. M. Salmane s’en est pris d’autre part à la Turquie, soupçonnée de lancer des accusations contre la Syrie afin de «camoufler ses problèmes intérieurs». Le ministre répondait ainsi au chef du gouvernement turc Mesut Yilmaz. Celui-ci, évoquant la question du Sandjak d’Iskenderun (Alexandrette), devenu le Hatay depuis sa cession à Ankara, en 1939, avait déclaré jeudi dernier: «Ceux qui ont les yeux rivés sur le territoire turc sont voués à l’aveuglement. Pas un centimètre carré de cette patrie ne pourra en être dissocié». «Ceux qui impriment des cartes montrant Hatay comme faisant partie de leur territoire ne doivent pas oublier les réalités historiques», avait-il ajouté. M. Salmane a affirmé, en réponse au premier ministre turc: «Il existe des problèmes intérieurs (les séparatistes kurdes) en Turquie, pays qui a également beaucoup de problèmes avec ses voisins», en soulignant son «grand attachement à un dialogue avec Ankara et avec le peuple turc, dont les intérêts vont de pair avec ceux des Arabes et des musulmans». Les relations turco-syriennes, envenimées par plusieurs problèmes dont le partage des eaux de l’Euphrate et le soutien présumé de la Syrie au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste), sont au point mort depuis 1995.