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Actualités - CHRONOLOGIE

Tollé contre la décision ministérielle Hoss : les pauvres vont s'appauvrir davantage et les riches s'enrichir encore plus

La décision du gouvernement, adoptée lors du dernier Conseil des ministres tenu à Baabda vendredi dernier, d’imposer des surtaxes de 2% sur toutes les importations et 10% sur les cigarettes étrangères en vue de financer l’échelle des salaires, a suscité hier des réactions diverses dans les milieux politiques et syndicaux. Le président Sélim Hoss a affirmé que les surtaxes imposées par le gouvernement vont élargir le fossé entre les différentes classes sociales. «Les surtaxes douanières représentent des impôts indirects qui touchent toutes les classes sociales sans aucune distinction. Les pauvres vont s’appauvrir davantage et les riches vont s’enrichir davantage. Ce qui pourrait avoir une répercussion négative sur la stabilité sociale dans le pays», a-t-il dit. M. Hoss a préconisé «une révision de la politique fiscale du gouvernement de sorte que le système fiscal ne soit pas seulement un moyen pour financer le Trésor mais un moyen également pour établir la justice sociale». L’ancien chef du gouvernement a par ailleurs jugé que cette surtaxe est inopportune du fait qu’elle porte sur les matières premières importées utilisées par l’industrie locale qui a déjà assez de difficultés pour écouler ses produits sur les marchés à l’étranger: «Cette mesure entraînerait un accroissement du déficit de la balance commerciale avec l’étranger», a-t-il dit. M. Hoss a rappelé d’autre part que le Liban doit adhérer à l’accord de partenariat euro-méditerranéen et se conformer aux critères de libéralisation du commerce de l’Organisation internationale du commerce. «Dans les deux cas, a-t-il souligné, le Liban devrait éliminer graduellement ses barrières douanières». Il a affirmé que les surtaxes entraîneront une flambée des prix des biens de consommation et une aggravation par conséquent de la crise socio-économique dans le pays. Au sujet de la souscription par le gouvernement d’un emprunt de deux milliards de dollars sur les marchés internationaux, M. Hoss a déclaré que «cet emprunt souscrit en vue de restructurer la dette publique contribuera à prolonger l’échéance de cette dette» avant de souligner que «l’emprunt du premier milliard financé en grande partie par les établissements bancaires opérant au Liban à partir de leurs avoirs auprès de la Banque centrale a contribué à réduire la masse de liquidités en dollars disponible sur le marché local». Harb: Une mesure injuste De son côté, le député Boutros Harb a vivement critiqué la décision du gouvernement d’imposer de nouvelles taxes en vue d’assurer le financement de l’échelle des salaires. Il a regretté que «cette catégorie de taxes affecte tant les riches que les pauvres» la qualifiant «d’inéquitable». Le député de Batroun a appelé les responsables à réviser leur politique fiscale et à entreprendre une réforme administrative. De son côté, le député Mohammed Youssef Beydoun a qualifié de «saine» la position du gouvernement qui a lié l’approbation de l’échelle des salaires à des recettes susceptibles de couvrir les nouvelles dépenses. M. Beydoun a apporté «un appui sans réserve» à la surtaxe de 10% imposée aux cigarettes et au tabac étrangers. Il a également soutenu la surtaxe de 2% sur toutes les importations «à condition que celle-ci se limite à une période transitoire, pour ce qui est des matières premières utilisées dans l’industrie en attendant que le ministère des Finances élabore le projet d’imposition de la TVA et les moyens de sa collecte». Le député de Beyrouth a mis l’accent sur la nécessité pour l’Etat de mettre un terme au gaspillage et de rationaliser les dépenses. Quant au député Mohammed Abdel Hamid Beydoun (Amal), il a estimé que l’approbation par le gouvernement de l’échelle des salaires constitue «une fuite en avant et un piège pour le prochain mandat présidentiel» mettant en doute la volonté du gouvernement de payer les nouveaux salaires à partir de 1999 bien que la nouvelle imposition soit déjà effective. D’autre part, le président de la CGTL reconnue par l’Etat, M. Ghanim Zoghbi, a refusé catégoriquement toute nouvelle imposition avant un assainissement de la situation sociale dans le pays. Il a dit craindre que le financement du rétroactif des salaires n’entraîne de nouvelles taxes. De son côté, le président de la CGTL opposante, M. Elias Abou Rizk, a qualifié «d’inéquitable» la politique fiscale du gouvernement. Il a notamment accusé le pouvoir d’adopter une politique de paupérisation rappelant qu’en 1995, l’Etat avait déjà prélevé une taxe sur l’essence en vue de financer l’augmentation de l’échelle des salaires dans le secteur public. «Pourquoi exonérer d’impôts Solidere et les autres sociétés foncières?» s’est demandé M. Abou Rizk avant de proposer une baisse des intérêts sur les bons du Trésor dont les revenus ne profitent qu’aux «détenteurs de grands capitaux, parmi eux des ministres ou encore les amis et partenaires de ces derniers à l’étranger». Enfin, le syndicat des employés et ouvriers de la Régie des tabacs et tombacs a mis en garde contre la décision du gouvernement «qui aura pour conséquence d’accroître les opérations de contrebande et de faire baisser les ventes dans une proportion de 20%».
La décision du gouvernement, adoptée lors du dernier Conseil des ministres tenu à Baabda vendredi dernier, d’imposer des surtaxes de 2% sur toutes les importations et 10% sur les cigarettes étrangères en vue de financer l’échelle des salaires, a suscité hier des réactions diverses dans les milieux politiques et syndicaux. Le président Sélim Hoss a affirmé que les...