Des incendies monstres dévastent la principale Ile de Bornéo

Presque 400.000 hectares ont été dévastés depuis le début de l’année par les incendies qui ravagent la province indonésienne du Kalimantan oriental, sur la grande île de Bornéo. Malgré l’ampleur de la catastrophe, qui menace comme l’année dernière les voisins de l’Indonésie, le ministre de l’Environnement, M. Juwono Sudarsono, a déclaré que les incendies de l’est de Bornéo ne constituaient pas une priorité de son gouvernement. Un responsable régional de l’Agence pour le contrôle de l’environnement a déclaré que depuis le début de l’année les incendies, qui touchent forêts, broussailles et terres cultivées, avaient détruit 395.000 hectares pour le seul Kalimantan oriental. M. Murdiansyah, interrogé par téléphone, a ajouté que rien que les pertes en bois de coupe, sans compter les dépenses de santé, étaient chiffrées à 912 millions de dollars. L’année dernière, le montant global des dégâts des incendies pour le Kalimantan oriental avait été estimé par le directeur du Centre de recherche sur l’environnement de l’Université de Samarinda à six milliards de dollars au moins. Le ministre de l’Environnement affirme que le gouvernement fait de son mieux, mais que la lutte contre ces incendies n’est qu’au «cinquième rang des priorités», notamment après la lutte contre la pauvreté et le soutien de la monnaie. «Les incendies ont été déclarés catastrophe nationale en septembre dernier et cette classification est toujours en vigueur», a déclaré le ministre au Jakarta Post, ajoutant que les feux avaient été causés «par El Nino et la folie des hommes». Une sécheresse exceptionnelle, liée à ce phénomène météorologique global, frappe l’Indonésie, et le Kalimantan oriental est particulièrement éprouvé, cette région n’ayant pas eu de véritable saison des pluies depuis un an. Les feux, dans leur quasi-majorité, sont délibérément allumés par les grandes sociétés concessionnaires qui utilisent ce moyen pour dégager à peu de frais les zones boisées qui seront ensuite transformées en plantations, soit de palmiers à huile, soit d’arbres à pousse rapide destinés aux usines de pâtes à papier. L’année dernière, les incendies avaient dévasté de mai à décembre l’ensemble des provinces indonésiennes de Bornéo (île partagée avec la Malaisie et le sultanat de Brunei), ainsi que Sumatra et partiellement Java. Une chape de fumée, particulièrement toxique en raison de la combustion des tourbières très nombreuses dans la région, a couvert de septembre à novembre cette région d’Asie, du sud de la Thaïlande au nord de l’Australie. Les pertes pour l’Indonésie, La Malaisie et Singapour dans les seuls domaines des soins de santé et du manque à gagner touristique ont été chiffrées par le Fonds mondial pour la nature (WWF) à plus de 1,3 milliard de dollars. Jusqu’à présent, poussées sur la mer en direction du sud-ouest, les fumées des incendies actuels devraient menacer à nouveau Singapour et la Malaisie dans les prochaines semaines, en raison du changement du régime des vents qui doit avoir lieu fin avril/ début mai. (AFP)