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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Dans son message de Pâques rendu public hier Sfeir déplore le recours à l'arbitrage externe pour surmonter les tiraillements internes

Comme à l’accoutumée chaque année, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a rendu public hier matin le message de Pâques dans lequel il a abordé la conjoncture présente dans le pays sur le double plan politique et socio-économique. Après avoir exposé longuement la signification profonde de la Résurrection du Christ, le patriarche maronite a évoqué les récents tiraillements entre les pôles du pouvoir, déplorant à ce propos le recours à «l’arbitrage en dehors des frontières» pour surmonter les difficultés internes auxquelles est confronté le pouvoir. Le cardinal Sfeir a, d’autre part, mis l’accent sur les différents aspects de la crise socio-économique qui sévit dans les pays. Il a évoqué sur ce plan les problèmes de scolarisation et d’hospitalisation, la disparition progressive de la classe moyenne, la détention de libanais en-dehors des frontières du pays, la paupérisation des Libanais, l’impact du travail des jeunes à l’âge de la scolarisation, la stagnation au niveau du retour des déplacés, l’augmentation des impôts et de la dette publique, la corruption généralisée, ainsi que le chômage, dû essentiellement à la concurrence de la main-d’œuvre non-libanaise. Nous reproduisons ci-dessous le texte intégral de ce message de Pâques: La Résurrection du Christ d’entre les morts, c’est notre résurrection avec lui du sommeil de la mort. C’est ce que saint Paul a affirmé dans son épître aux Colossiens en disant: «Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en haut, non à celles de la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu. Quant le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui pleins de gloire». La doctrine de la Résurrection est fondamentale dans le christianisme. Le Christ s’est affirmé Dieu, ou plutôt Fils de Dieu, la Deuxième Personne de la Trinité. Mais la Résurrection n’est pas seulement une preuve de la divinité du Christ, c’est aussi une preuve de notre propre résurrection de la mort. Le nouveau catéchisme de l’Eglise catholique dit: «S’il est vrai que le Christ nous ressuscitera «au Dernier Jour», il est vrai aussi que d’une certaine façon, nous sommes déjà ressuscités avec le Christ. En effet, grâce à l’Esprit Saint, la vie chrétienne est, dès maintenant sur terre, une participation à la mort et à la Résurrection du Christ...». Et il poursuit: «Unis au Christ par le baptême, les croyants participent déjà réellement à la vie céleste du Christ ressuscité», comme dit saint Paul aux Philippiens: «Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment, comme Sauveur, le Seigneur Jésus Christ, qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire» (Ph. 3/20-21). Mais notre vie demeure cachée en Dieu avec le Christ. Saint Paul nous dit: «avec lui, il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus» (Eph. 2/6). Nourris de son corps dans l’Eucharistie, nous appartenons déjà au Corps du Christ et notre sort est celui du Christ, assis dans la gloire, à la droite de son Père, et nous faisant participer à sa gloire. Dans l’attente de ce jour, le corps et l’âme du croyant participent déjà à la dignité d’être «au Christ»; d’où l’exigence de respect envers son propre corps, mais aussi envers celui d’autrui, particulièrement lorsqu’il souffre: «Le corps, dit saint Paul, est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera, nous aussi, par sa puissance. Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ?... vous ne vous appartenez pas... Glorifiez donc Dieu dans votre corps». (I Cor 6/13-15, 19-20) (1 1002-1004). Et ceux qui utilisent leur corps, au nom de la liberté, comme instrument de plaisirs prohibés, nuisent au corps du Christ dont ils sont membres. Saint Paul a insisté sur le rejet de l’erreur de ceux qui disent que ces plaisirs sont un besoin pour le corps comme le manger et le boire. De là le caractère sacré du mariage chrétien. Le Christ l’a institué comme sacrement ayant pour but la complémentarité entre l’homme et la femme, la procréation, l’entraide dans l’éducation des enfants, la transmission des vertus chrétiennes, des traditions familiales et l’aplanissement des difficultés de la vie. La caractéristique du mariage chrétien, on le sait, c’est l’unité et l’indissolubilité. Désormais, le Christ ressuscité, grâce à l’Esprit, peut agir dans les siens. En Christ, les disciples ont pu expérimenter dans leur vie la puissance du Paraclet, consolateur et défenseur des hommes devant le tribunal de Dieu. Saint Basile a rappelé l’enseignement concernant l’Esprit qui marque toute la vie terrestre de Jésus notamment après sa résurrection d’entre les morts: «Après la résurrection des morts, il ne l’abandonna plus. En effet, pour rénover l’homme et lui redonner la grâce du souffle de Dieu qu’il avait perdu, que dit-il en soufflant sur le visage des disciples?: «Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus» (Jn 20/22-23). Et saint Grégoire de Nazianze qui entra dans les profondeurs du mystère de la Résurrection nous demande de rendre au Christ, même en petite proportion, ce qu’il nous a donné en sacrifice: «Il a pris le pire pour nous donner le meilleur, il s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté, il a pris la condition de l’esclave, pour nous procurer la liberté, il a été tenté, pour nous voir triompher, il s’est fait mépriser, pour nous couvrir de gloire. Il est mort, pour nous sauver. Il est monté aux cieux pour nous attirer à lui, nous qui avions roulé dans l’abîme du pêché. Donnons tout, offrons tout à celui qui s’est donné comme prix, comme rançon. Nous ne donnerons rien d’aussi grand que nous-mêmes, si nous avons compris ces mystères et sommes devenus pour lui tout ce qu’il est devenu pour nous». Chers Frères et Fils, La vie du Christ est pour nous la plus grande leçon. Il a subi des souffrances que nul homme n’a subies, pour nous rendre capables d’endurer les souffrances de ce monde. Si nous savions unir nos souffrances aux siennes, nous pourrions alors jouir de la gloire dont il jouit. En cette fête, nous ne pouvons pas ne pas penser à ceux qui souffrent de se voir privés de la joie que procure cette fête. Nous pensons aux mères qui ont perdu leurs fils, aux enfants qui attendent leurs pères ou frères détenus et dont ils n’ont aucune nouvelle depuis bien des années. Ils ne savent même pas s’ils sont encore en vie, ou s’ils sont déjà morts. Nous pensons aux pères de famille condamnés au chômage, en raison de la concurrence que leur fait une main-d’œuvre non libanaise, aux malades incapables de se faire hospitaliser pour manque d’argent, aux tout jeunes obligés de travailler, alors qu’ils sont en âge de scolarisation; et ce, pour incapacité de payer même les frais d’inscription dans les écoles gratuites ou officielles. Bien plus, la crise économique se fait d’autant plus sévère que les citoyens, ne disposant plus de liquidité, se montrent incapables de tenir leurs engagements; ce qui provoque un grand état d’embarras et une confusion quasi générale dans les relations sociales; preuve en est un grand nombre de chèques bancaires sans provision. Il s’agit là d’une situation peu enviable dans laquelle se débattent les Libanais qui n’ont plus de classe moyenne, alors que les pauvres s’appauvrissent, davantage et sont de plus en plus nombreux, et que les riches s’enrichissent encore et sont une minorité. En fait, nous vivons dans des circonstances tragiques qui paralysent l’Etat l’empêchant de prendre des initiatives dans le domaine social qui allègeraient le fardeau des citoyens, alors que la corruption s’étend dans l’Administration, que les dettes pèsent de plus en plus lourd et que la divergence des points de vue des responsables crée entre eux un tiraillement permanent, les poussant à aller chercher un arbitrage en dehors des frontières. Ceci les empêche de remédier au déséquilibre des structures sociales, dû à leur négligence à assurer le retour des déplacés, à ramener les émigrés de fraîche date, à rétablir l’équilibre au niveau du pouvoir, à pratiquer une justice générale. L’Etat a déployé des efforts louables en vue de reconstruire la capitale, de percer des routes et d’ériger des ponts, mais il a imposé aussi des impôts que les citoyens sont incapables de payer, ce qui risque de les mettre au bord du désespoir. Mais avec la foi, point de désespoir. Car la foi est source d’une espérance inébranlable qui stimule la volonté et la porte à s’attendre à un avenir meilleur, malgré tous les obstacles et les difficultés. C’est ce que nous rappelle l’Exhortation apostolique: «La guerre est finie et la réconciliation doit être considérée comme la voie de la paix profonde qui doit s’instaurer entre tous les Libanais. Que la fin de la guerre armée soit aussi la fin de la guerre entre les différents particularismes, la fin des conflits d’intérêts personnels, qui parfois sont plus terribles parce qu’ils peuvent devenir des luttes de tous contre tous» (No 98). Puissions-nous retenir ces paroles d’or et les appliquer dans notre vie quotidienne et nationale. Nous n’aurions plus alors à nous plaindre de l’état de confusion dans lequel nous vivons. Nous vous souhaitons tous, vous qui vivez au Liban ou dans les pays d’émigration, une bonne fête et nous demandons, par l’intercession de la Sainte Vierge, au Christ triomphant de la mort par sa Résurrection, de nous donner de célébrer de nombreuses autres fêtes pascales, porteuses d’une ferme espérance, de grands bienfaits, et d’une paix globale.
Comme à l’accoutumée chaque année, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a rendu public hier matin le message de Pâques dans lequel il a abordé la conjoncture présente dans le pays sur le double plan politique et socio-économique. Après avoir exposé longuement la signification profonde de la Résurrection du Christ, le patriarche maronite a évoqué les...