Les islamistes sommés de cesser leurs attaques dans les médias L'autorité palestinienne accentue sa pression sur le Hamas

L’Autorité palestinienne a accentué vendredi sa pression sur le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) et s’en est prise aux médias pour avoir fait écho aux accusations lancées par cette formation concernant la mort de son artificier en chef, Mohieddine Sharif. L’Autorité présidée par Yasser Arafat a sommé vendredi le Hamas de «stopper ses attaques dans les médias» après avoir arrêté la veille son porte-parole et fermé les bureaux de l’agence de presse internationale Reuters. «Le Hamas doit stopper ses attaques dans les médias et doit aider à retrouver le meurtrier de Sharif», a déclaré M. Tayeb Abdel Rahim, le secrétaire général de la présidence palestinienne. «Nous ne lançons pas une campagne contre le Hamas en tant que force politique mais nous ne lui permettrons pas de constituer des tribunaux clandestins, de condamner des gens à mort et jeter leurs corps dans les rues», a-t-il ajouté. Le mouvement intégriste palestinien a aussitôt rejeté vendredi la demande de l’Autorité. «L’Autorité palestinienne a demandé au Hamas d’arrêter sa campagne médiatique afin de faire jaillir la vérité sur la mort de Mohieddine Sharif», a-t-il indiqué dans un communiqué. «Mais nous savons qu’ils veulent nous empêcher de révéler certains faits qui discréditeraient la version de l’Autorité palestinienne. Nous maintenons notre droit de dire la vérité au peuple palestinien», affirme le texte. Selon l’enquête des services de sécurité palestiniens, Sharif a été abattu par son chef, Adel Awadallah, au cours d’un conflit interne dans la branche militaire du Hamas. Mais ce dernier est en fuite et le Hamas affirme que les aveux d’autres activistes qui auraient été témoins de la scène leur ont été arrachés sous la torture et n’ont aucune crédibilité. Rantissi toujours détenu La formation intégriste a accusé l’un des responsables de la sécurité de M. Arafat, le colonel Jibril Rajoub, d’avoir commandité le meurtre et exigé la démission de M. Tayeb Abdel Rahim et d’un autre collaborateur du président Yasser Arafat. Juste après la publication de ces accusations, la police palestinienne a arrêté chez lui le porte-parole du Hamas, Abdel Aziz Rantissi, qui était toujours retenu «pour interrogatoire» vendredi. La police a ordonné quelques heures plus tard la fermeture «jusqu’à nouvel ordre» du bureau de Reuters à Gaza auquel elle reproche la diffusion d’un film où apparaîtrait masqué Adel Awadallah. Le chef de la police, le général Ghazi Jabali, a assuré vendredi en public que cette mesure serait seulement «provisoire». Il a affirmé qu’elle sanctionnait uniquement le fait que le film n’avait pas été soumis à la censure palestinienne. Le Hamas a qualifié de «grave escalade» cette arrestation et mis en garde l’Autorité palestinienne contre la poursuite d’une telle politique à son égard. Une tension persistante existe entre d’une part l’Autorité palestinienne qui a signé les accords d’autonomie avec Israël et le Hamas de l’autre. La formation intégriste, qui leur est fermement hostile, a mené depuis leur signature en 1993 une série d’attaques meurtrières en Israël. Sous pression d’Israël, l’Autorité n’a pas hésité à arrêter dans le passé des militants du Hamas, pour les relâcher en règle générale discrètement par la suite. Elle a évité d’entrer dans un conflit armé. Cependant, en 1995, les policiers palestiniens ont ouvert le feu lors d’une manifestation violente du Hamas, à la sortie d’une mosquée de Gaza, faisant 13 morts. L’Autorité avait à l’époque accusé le Hamas de l’avoir provoquée, laissant entendre que des Israéliens opposés au processus de paix étaient derrière cette affaire. Une commission d’enquête avait été nommée par le président Yasser Arafat. Ses conclusions n’ont toujours pas été publiées.