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Actualités - CHRONOLOGIE

Malgré les menaces de sanctions, New Delhi accentue son défi nucléaire L'Inde insensible à l'opprobre international

L’Inde a fait fièrement face hier à la colère suscitée dans le monde par ses trois essais atomiques de la veille et a accentué son défi en affirmant qu’elle n’hésiterait pas à équiper ses missiles de têtes nucléaires. Mais, dans le même temps, l’Inde, devenue de facto sixième puissance nucléaire mondiale, a assuré vouloir œuvrer à un désarmement global. Les hindous nationalistes au pouvoir à New Delhi ont affirmé que le pas que leur pays avait franchi le rapprochait du jour où il pourrait signer le traité bannissant les armes nucléaires (CTBT). (VOIR AUSSI PP. 10 ET 11) Le Pakistan voisin et frère ennemi de l’Inde en Asie du Sud, capable lui aussi d’avoir un arsenal atomique, n’a pas retenu ces assurances et a laissé entendre qu’il mènerait à son tour un essai nucléaire. Le Pakistan apportera une réponse «équivalente» aux essais nucléaires effectués par l’Inde, a en effet déclaré le ministre des Affaires étrangères Gohar Ayub Khan. L’Inde a été l’objet hier, pour le deuxième jour consécutif, de l’opprobre quasi général de la communauté internationale. Le président américain Bill Clinton a annoncé qu’il avait l’intention d’appliquer «pleinement» des sanctions contre l’Inde tandis que l’ambassadeur américain à New Delhi était rappelé pour consultations aux Etats-Unis. Le Japon a menacé de son côté de suspendre ses crédits d’aide au développement à ce pays. Entre-temps, le Conseil de Sécurité de l’ONU examinait «une réponse appropriée» aux essais nucléaires indiens. L’Inde a toutefois officiellement affirmé n’avoir que faire de ces condamnations, soulignant qu’elle était souveraine en matière de sécurité nationale dans un environnement régional qu’elle juge «préoccupant» face à ses voisins pakistanais et chinois. La presse indienne, dans un élan nationaliste, a donné le ton en se félicitant des essais nucléaires et parlant de «moment de fierté», d’«explosion d’estime de soi» ou encore de «voie vers la résurgence». Seule fausse note, la bourse de Bombay a perdu 1,8% dans la crainte de sanctions internationales dont l’Inde à l’économie ralentie n’a certainement pas besoin. Mais partis politiques, éditorialistes et experts ont unanimement loué la décision du premier ministre nationaliste hindou Atal Behari Vajpayee, 71 ans, qui devrait voir son fragile gouvernement de coalition vieux d’à peine deux mois sortir renforcé de l’opération. Tous ont couvert de louanges les scientifiques indiens pour avoir réussi ces trois tests, à fission (bombe A), thermonucléaire (bombe H) et de basse intensité sur un site du désert du Rajasthan situé à 150 km à peine de la frontière pakistanaise. Aucune précision n’a été donnée sur ces explosions. «Les scientifiques indiens équiperont des missiles d’une tête nucléaire dès que la situation l’exigera», a déclaré M. Murali Manohar Joshi, ministre indien de la Science et de la Technologie, physicien nucléaire. L’Inde a mis au point depuis 1983 cinq systèmes de missiles, dont deux pouvant être équipés de têtes nucléaires, l’Agni (le Feu), missile balistique de portée de 1.800 km, et une version du Phrithvi (la Terre), de 250 km de portée. «Mais l’Inde n’attaquera aucun pays. Cette nouvelle capacité ne servira qu’à dissuader toute course aux armements», a assuré M. Joshi. «Les tests n’avaient pour but que de démontrer la capacité de l’Inde à devenir un pays disposant d’armes atomiques». Le gouvernement indien a affirmé pour la deuxième fois en deux jours qu’il voulait un processus «rapide» de désarmement conduisant à l’élimination totale des armes nucléaires. L’Inde, après ces tests, est désormais «plus proche de signer le traité» bannissant les essais nucléaires (CTBT), a déclaré à l’AFP le porte-parole du BJP (Parti indien du peuple, droite nationaliste), Venkiah Naidu. L’Inde a toujours refusé de signer le CTBT, conclu en 1996, signé par 149 pays et ratifié par 13, et ne le fera que s’il prend en compte ses demandes pour un calendrier précis de désarmement global et une interdiction des tests simulés par ordinateurs, a dit M. Joshi. Plusieurs analystes ont estimé que l’Inde était sortie de l’impasse dans laquelle elle se trouvait en matière nucléaire et était désormais en position de force pour négocier une amélioration du traité. (AFP-REUTERS)
L’Inde a fait fièrement face hier à la colère suscitée dans le monde par ses trois essais atomiques de la veille et a accentué son défi en affirmant qu’elle n’hésiterait pas à équiper ses missiles de têtes nucléaires. Mais, dans le même temps, l’Inde, devenue de facto sixième puissance nucléaire mondiale, a assuré vouloir œuvrer à un désarmement global. Les...