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Actualités - ANALYSE

Municipales : intenses efforts pour des listes d'entente

Comme un tampon d’étoupe, le feu des municipales, après avoir tardé à se déclarer, prend brusquement bien. Un peu trop bien même de l’avis de certains politiciens loyalistes qui craignent que les Libanais n’en viennent à s’entre-déchirer à l’intérieur de chaque ville, de chaque village, voire de chaque famille. Des appréhensions qui sous-tendent, en les justifiant, les efforts déployés pour la formation de listes de coalition dans la plus large mesure possible. Tendance qui, grosso modo, fait le jeu du pouvoir dans la mesure où des ententes lui serviraient de cache-misère pour ce qui est de sa faiblesse électorale, du moins à en croire ses contempteurs. Toujours est-il que, martelant ce clou, un responsable met en garde «contre les séquelles graves des divisions que peuvent faire naître, notamment sur le plan confessionnel, les élections municipales. Les ressentiments, les rancœurs seraient difficiles à juguler dans le cas d’une fréquence éventuelle aussi déplorable que certaine, où les conseils municipaux produits par le scrutin seraient monochromes politiquement et consacreraient la domination d’une communauté sur une autre. Le président Hraoui, rappelle ce cadre, a essayé de mettre un garde-fou en prévoyant un quota déterminé de désignations, pour assurer la représentation équilibrée des minorités confessionnelles, mais on n’en a pas voulu. On a de même refusé d’adopter le partage des sièges sur base confessionnelle, comme pour les législatives, qui avait été en vigueur aux dernières élections d’édiles remontant à 1963. Au nom d’une démocratie mal comprise et d’un légalisme démagogique on a laissé le jeu libre et, dès lors, la partie dite chrétienne risque d’être encore plus marginalisée qu’à travers les législatives, sur l’ensemble du pays». Ce loyaliste met ensuite le doigt sur le début de plaie qui démange principalement le pouvoir «les frictions, prévient-il, ne vont certainement pas se limiter aux électeurs et aux candidats, mais déborder sur les pôles d’influence du camp taëfiste, dirigeants en tête… Ils vont peut-être dans certains cas devoir combattre un adversaire commun, à savoir l’opposition de l’Est, mais la plupart du temps, ils risquent d’en découdre entre eux, notamment au Sud et dans la Békaa. Ou encore, et surtout, pour le contrôle des grandes villes comme des agglomérations qui ont un riche budget leur permettant de réaliser des projets d’envergure, ce qui rehausse ipso facto la stature politico-sociale du président du conseil municipal». Intérêts Mais un problème se pose: dans l’actuel bazar de tractations pour des listes d’entente, on constate que les meneurs de jeu (politiciens mais aussi hommes d’affaires…) tentent à qui mieux mieux d’imposer leurs propres critères de sélection et leurs candidats. D’une part, cela suscite une solide foire d’empoigne. Et, d’autre part, on s’éloigne visiblement beaucoup, dans la plupart des cas, de ce que l’électeur de base demanderait car ses intérêts ne sont que très peu pris en compte… D’autant que le gouvernement a refusé que le président et le vice-président du conseil municipal (le ticket) soient élus à part, au suffrage universel, comme l’avaient proposé certains parlementaires. Ils continueront donc à être élus par les membres du conseil municipal une fois mis en place. Cette disposition, adoptée pour réduire la tension sur le plan populaire, rend en pratique bien plus difficiles les négociations sur les listes d’entente. En effet, les pourparlers portent ainsi non seulement sur le choix des candidats mais aussi sur celui du futur président du conseil municipal comme de son adjoint et ce n’est pas peu de dire que la compétition est rude… Quoi qu’il en soit, la première étape, le Mont-Liban, qui est la plus globalement politisée car les clivages familiaux se greffent sur les conflits entre partis, servira au pouvoir «de test pour déterminer ce qu’il conviendra de faire dans les autres mohafazats au niveau de la formation des listes», indique le responsable déjà cité. Et de préciser que «les résultats permettront de savoir en partie s’il faudra ailleurs composer ou rechercher la bataille. Il est en tout cas difficile pour l’Etat, qui a la charge de la stabilité intérieure, de laisser par exemple Amal et le Hezbollah se battre à mort dans la Békaa et au Sud. il faudra d’une façon ou d’une autre intervenir pour prévenir des heurts armés comme il s’en est déjà produit quelques uns. Le mieux serait évidemment que l’on persuade ces deux formations de s’entendre…». Plus facile à dire qu’à faire. Car il y a en filigrane à ce niveau le contrôle des prochaines législatives. Et ceci sans compter qu’au sein de la troïka chacun fait également ses petits calculs en fonction de la prochaine élection présidentielle… Ainsi à Zahlé, où le président Elias Hraoui se proclame neutre, ses partisans s’opposent quand même à ceux du leader melkite de la ville, M. Elias Skaff, qui bénéficie comme par hasard de l’appui des haririens…
Comme un tampon d’étoupe, le feu des municipales, après avoir tardé à se déclarer, prend brusquement bien. Un peu trop bien même de l’avis de certains politiciens loyalistes qui craignent que les Libanais n’en viennent à s’entre-déchirer à l’intérieur de chaque ville, de chaque village, voire de chaque famille. Des appréhensions qui sous-tendent, en les...