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Actualités - INTERVIEWS

A la veille de la béatification du vénérable Neematallah Kassab Hardini Le miracle de Kfifane : André Najm témoigne (photo)

André Najm ne se lasse pas de raconter son histoire à la presse. Pourtant, depuis que le pape a fixé au 10 juin la date de la béatification du vénérable Neemetallah Kassab Hardini, il est constamment sollicité, à la limite harcelé, par les médias. Et pour cause: il était sur le point de mourir lorsqu’il a été miraculeusement guéri en priant de tout son cœur sur la tombe de celui qui sera béatifié demain dimanche par le pape Jean-Paul II. Comment ne pas comprendre dès lors cette joie qui transfigure le jeune homme, né deux fois à la vie, et aujourd’hui père de deux charmants petits enfants? On dit que le souvenir d’une douleur est toujours une douleur. Pas pour André qui raconte avec une étonnante délectation l’insupportable expérience qu’il a vécue, il y a onze ans. Non seulement le miracle dont il a été l’objet a effacé toutes traces d’une maladie qui lui rongeait le corps, mais il semble qu’il a en même temps gommé les séquelles qu’elle aurait pu avoir sur son âme. Aujourd’hui, André s’apprête à devenir prêtre. Il a déjà été ordonné diacre. Sa vie, il veut la consacrer à ce Dieu de qui il s’est senti très proche depuis sa tendre enfance et qu’il n’a pas arrêté de prier aux pires moments de sa vie. Dans son jeans, sa chemise rayée rose et blanc et ses sandales, André est très à l’aise et ne se fait pas prier pour raconter son histoire. Dans le salon de sa demeure de Furn el-Chebbak, des portraits de saints ornent les murs blancs. Le buffet est transformé en une sorte d’autel sur lequel des statues de Saint-Charbel et de la bienheureuse Rebecca (Rafqa) côtoient des portraits de la Vierge, du vénérable Hardini et de Jésus. Les Najm sont des gens très pieux et c’est peut-être leur foi inébranlable qui les a aidés à supporter les nombreux drames qu’ils ont vécus. Ils ont perdu leurs trois filles et sans l’intercession de Neemetallah Hardini, ils auraient également perdu leur fils unique chez qui les médecins ont diagnostiqué une aplasie médullaire grave idiopathique synonyme de mort ou plus exactement d’arrêt de développement de la moelle osseuse. André avait tout juste 20 ans. «En 1987, ma santé a commencé à se détériorer rapidement et j’ai dû subir une série d’examens qui ont montré que le taux de lymphocytes, de plaquettes, d’hématocrites et d’hémoglobines avait chuté loin en-dessous de la moyenne. J’ai dû passer 15 jours à l’hôpital du Sacré-Cœur avant qu’on ne diagnostique ma maladie. J’insistais pour savoir de quoi je souffrais et lorsqu’ils m’ont expliqué mon cas, les médecins ont été obligés de me dire qu’il n’y avait pas de traitement possible. «Tu ne peux compter que sur Dieu et ses saints», m’ont-ils dit: c’était comme une sentence de mort». Le calvaire d’André commence. On le matraque de cortisones et d’hormones. Rien n’y fait. Le taux d’hématocrites continue de chuter à une vitesse vertigineuse. Il est de 12 alors que la moyenne, pour un homme, est de 45. Une transfusion sanguine s’impose. On lui donne deux litres de sang. Un an et trois mois durant, André vit grâce au sang des donneurs. Chaque 10 à 15 jours, il a besoin d’une transfusion sanguine. Les médecins lui conseillent d’aller en France en vue d’une greffe de la moelle osseuse, son seul espoir. André est issu d’un milieu modeste et ses parents n’ont pas les moyens de payer son séjour et son opération en France. «Nous avons alors beaucoup prié pour St-Charbel et la vénérable Rebecca et en moins de deux mois, nous avions de quoi financer le séjour de deux personnes en France. C’était en février 1987. A Paris on diagnostique la même maladie. La biopsie révèle une moelle osseuse pratiquement desséchée. Pour la greffe, il était indispensable que le donneur soit un de mes frères ou de mes sœurs. Je suis un enfant unique». Dix-huit mois à vivre En désespoir de cause, les médecins lui prescrivent un traitement hormonal très fort qui aurait la promesse de stimuler les cellules qui pourraient être encore vivantes. Mais le traitement était encore au stade expérimental. André n’a rien à perdre. De toute façon, il était condamné. «Les médecins m’avaient donné un maximum de 18 mois à vivre. Je suis revenu au Liban pour suivre le traitement et je me disais souvent que la science est un don de Dieu. Si sa volonté était que je guérisse, il l’appliquera à travers la science. Je suivais le traitement au Sacré-Cœur. J’avais toujours besoin de transfusion sanguine. Mais au bout d’un certain temps, lorsqu’on a voulu me donner du sang, mon corps a fait un rejet. J’avais des convulsions, une très forte fièvre, je voyais à peine. J’étais entre la vie et la mort. Seul, 1 cc de morphine me calmait. A ce moment-là, les médecins ont conseillé à mes parents de me ramener à la maison parce que le traitement s’est avéré inutile. «Il vaut mieux qu’il meure à la maison», leur ont-ils dit». C’était en mai 1987. Ce jour-là, raconte André, un prêtre passait dans le couloir de l’hôpital. Son père l’interpelle et lui demande d’administrer l’Extrême onction au jeune mourant. «Je me suis évanoui et je ne me suis réveillé que le lendemain matin. J’avais faim. On m’a donné un litre de sang. Mon corps ne l’a pas rejeté. L’Extrême onction m’a donné un nouvel espoir. J’avais quand même besoin d’un litre de sang tous les dix jours». Pendant tout ce temps, André prie constamment. Issu d’une famille catholique pratiquante, il voulait dès son jeune âge devenir moine. Ses parents allaient tous les jours à la messe, ils organisaient chez eux des soirées évangéliques et récitaient chaque soir le Rosaire. André se dit très influencé par cette ambiance dans laquelle il se sentait d’ailleurs à l’aise. Son père lui avait conseillé d’attendre pour son noviciat. Il n’a pas le temps de savoir si le monachisme est sa vocation. Mais pas un jour, durant sa maladie, il n’a arrêté de prier. Dans le même temps, ses parents et leurs voisins priaient en groupe à son intention. «Je sentais que Jésus était très proche de moi. Je sentais aussi la présence d’anges. J’ai rêvé deux fois de la Sainte Vierge qui me disait: «Ne crains rien, tu vas guérir». Ce jour-là, j’ai rêvé que j’étais étendu dans mon lit en serrant très fort, contre moi, la statue de la Vierge Marie et en l’implorant de me guérir, rien que pour mes parents qui avaient perdu trois enfants et dont j’étais le seul fils. La statue s’est alors animée. Elle est devenue humaine et elle s’est mise à hocher la tête en disant: «Ne crains rien, tu vas guérir». Toujours dans mon rêve, je me suis écrié: «Je suis guéri» et j’ai senti que je volais jusqu’au plafond. Croyez-moi, n’importe qui sur son lit de mort gardera l’espoir d’une guérison miraculeuse. Je savais que j’allais mourir, mais au lieu de faire face à la mort avec désespoir, je l’affrontais avec la prière et une foi immense que j’ai héritée de mes parents». Les yeux d’André brillent de mille feux lorsqu’il parle de Jésus et de sa mère. Le rayonnement de son visage est indescriptible tout autant que la passion qui anime sa voix. On a l’impression que tout son être vibre. «Lorsque je prie, dit-il, j’aime contempler la Vierge et Jésus et les sentir près de moi. Je les sentais d’ailleurs proches et ils me procuraient une immense joie. Ils me la procurent toujours. Je contemplais surtout le Saint Sacrement. Je sentais un espoir immense. Lorsque je recevais l’Eucharistie, je la serrais très fort en bouche en priant: «C’est votre sang, mon Dieu, faites qu’il passe dans ma moelle osseuse et qu’il la ressuscite comme vous aviez ressuscité Lazare. Je ne veux pas guérir si je dois emprunter la voie du péché. Je suis prêt à aller à votre rencontre. Mais si je dois guérir, c’est pour mes parents et pour que votre nom soit glorifié sur la terre». Je récitais tous les jours le Rosaire: j’aime parler avec Dieu». Quand André se sent mieux, il va en pèlerinage à Annaya, auprès de la tombe de Rebbeca, à Harissa. «Nous sommes même passés une fois au couvent du vénérable Hardini qui était alors connu sous le nom du saint de Kfifane et nous nous sommes recueillis devant sa tombe. Un jour, mon père était en train de prier quand l’idée lui vint d’organiser une manifestation jusqu’au ciel. Sur la terre, toutes les portes étaient fermées devant nous et il ne nous restait plus qu’à frapper à celles du ciel. Mes parents ont alors demandé à tout le monde de prier pour moi: nos voisins, nos amis, leurs connaissances. Ma tante qui est une religieuse chez les Antonins fait parvenir ce mot d’ordre à tous les couvents des Antonins au Liban et à l’étranger. Tous ont prié...». Jusqu’au jour où une voisine d’André, dont le fils prépare son noviciat au couvent de Kfifane, parle aux Najm du vénérable Hardini. La famille, leurs voisins et leurs amis se rendent le 27 septembre 1987 au couvent où, sur conseil du père Ghostine el-Hachem, André doit porter l’habit du vénérable Hardini. En attendant qu’on lui coupe l’habit, il prie avec le groupe devant la tombe du «saint de Kfifane», puis il se recueille seul devant le tombeau. «Je lui ai demandé de me donner une goutte du sang de Jésus qu’on trouve dans l’Eucharistie puis j’ai porté l’habit. J’ai éprouvé une joie, une sérénité immenses. J’ai senti une sorte de chaleur m’envahir. J’étais comme un oiseau qui venait de s’échapper de sa cage. La maladie m’avait longtemps emprisonné. Mû par ma force nouvelle, j’ai presque couru, j’ai visité tout le couvent. Je n’ai pas vraiment réalisé ce qui m’est arrivé. Ce sont les autres qui ont remarqué le changement. Aucun miracle ne m’était jamais arrivé. Je croyais que c’était la force de ma foi qui m’avait stimulé. Quelques jours plus tard, je me suis rendu à l’hôpital pour la transfusion sanguine. Je vivais une sorte de conflit: je ne doutais pas du pouvoir du Seigneur mais dans le même temps je me demandais pour quelle raison il allait me choisir à moi, parmi des millions de gens malades, pour son miracle. J’ai subi les examens de routine et c’est alors qu’on m’a dit que je n’avais pas besoin de sang: c’était la première fois depuis quinze mois que j’entendais ces mots. Le même scénario s’est répété plusieurs fois. Depuis je n’ai plus eu besoin de sang. Ma moelle osseuse s’est remise à fonctionner normalement. Nous sommes montés de nouveau à Kfifane pour remercier Hardini et réciter une prière d’action de grâce. C’était la joie dans le couvent. On offrait des dragées, les cloches carillonnaient et les gens sont accourus. Les moines leur ont dit que «le saint de Kfifane» s’est remis à faire des miracles». Le père Ghostine inscrit ce qui s’est passé dans le registre du couvent. Entre-temps, le Dr Georges Chami confirme qu’André est bel et bien guéri, sans pouvoir expliquer scientifiquement ce phénomène. André est déjà marié quand les moines frappent à sa porte pour s’enquérir de son état de santé. Ils l’informent plus tard de leur souhait d’établir un compte rendu détaillé de ce qui s’était passé pour le présenter au Vatican. C’est en 1996 que le procès commence. André est soumis à de fortes pressions durant l’enquête, mais les faits ne prêtent pas à équivoque. Sa guérison est totale, inexplicable. Le dossier est envoyé au Saint-Siège qui ouvre une nouvelle enquête. Les résultats sont les mêmes: la guérison d’André relève du miracle. Et si l’on demande à André s’il est finalement parvenu à comprendre pourquoi le Seigneur l’a choisi parmi des millions, il répétera toujours: «Pour que le nom de Dieu soit glorifié sur la terre».
André Najm ne se lasse pas de raconter son histoire à la presse. Pourtant, depuis que le pape a fixé au 10 juin la date de la béatification du vénérable Neemetallah Kassab Hardini, il est constamment sollicité, à la limite harcelé, par les médias. Et pour cause: il était sur le point de mourir lorsqu’il a été miraculeusement guéri en priant de tout son cœur sur la...