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Actualités - REPORTAGE

Aintoura (Metn) : trois listes et des candidats indépendants

Parmi les villages du Metn qui connaîtront une bataille électorale serrée, figure Aïntoura. Situé à 1250 mètres d’altitude et formé de plus de 4000 habitants (tous maronites), ce village est fort particulier. Après les combats fratricides dont a été le théâtre cette localité en 1976, la réconciliation entre les fractions rivales au sein du village ne s’est pas encore faite. Selon la nouvelle loi électorale, Aïntoura a droit à quinze membres pour le conseil municipal, deux moukhtars et trois membres suppléants. Le combat pour les municipales à Aïntoura n’est pas uniquement un affrontement entre les familles. Aïntoura a sa particularité: c’est le seul village exclusivement maronite qui a connu des massacres durant la guerre. En 1976, l’armée libanaise, divisée, était incapable de protéger un village trop politisé. En mars 1976, des milices de gauche, soutenues par les membres du PSNS de Aïntoura, bombardent le village, y pénètrent et tuent par erreur une famille qui les soutient. Le lendemains, les Kataëb et leurs partisans entrent au village. Aidés par les membres du parti originaires de Aïntoura, ils fusillent 14 membres du PSNS puis se retirent, abandonnant le village à lui-même. Les parents des morts crient vengeance et tuent 5 personnes appartenant au parti Kataëb, dont une femme enterrée vivante. Vingt-quatre ans après, la haine demeure entre certains habitants du village. Avant la formation des listes électorales, plusieurs notables et de nombreux jeunes ont espéré que les élections municipales seraient occasion d’amorcer une détente entre les partis en conflit et de mener à une réconciliation entre les différentes familles, notamment celles qui ont perdu un proche au cours des différents massacres. L’espoir d’une éventuelle réconciliation s’est toutefois estompé avec la formation de trois listes: l’une, déjà complète, présidée par M. Toufic Azar, est soutenue par M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur et député du Metn, la deuxième (incomplète), présidée par M. Nazih Nohra el-Hajj, représente les partis de l’opposition, notamment les Kataëb, et la troisième (incomplète également), présidée par M. Khalil Hanna Azar, affiche une tendance de gauche, pro-PSNS notamment. D’autre candidats indépendants se présentent pour le siège de président du conseil municipal et de moukhtar. Hier, «la liste du compromis» (opposition) a publié un communiqué soulignant qu’elle «présente aux élections huit membres en laissant sept sièges vacants. Les pourparlers se poursuivront entre les différentes branches des familles afin de prévenir la division entre les membres du conseil municipal». Parmi ses projets: «Œuvrer pour une atmosphère démocratique; installer des canalisations pour les eaux usées et construire des routes agricoles». M. Toufic Azar, qui est le chef du conseil municipal depuis 36 ans, déclare que «sa liste est déjà complète depuis quelques semaines», soulignant que «les quinze différents membres ont tous la même tendance politique (le bloc des députés du Metn). Et d’ajouter qu’il «est trop tard pour former une liste d’entente». En tête de son programme: «L’installation de canalisations d’eaux usées et la construction de nouvelles routes». M. Khalil Hanna Azar (PSNS), dont la liste n’est pas encore complète, note avoir «tenté en vain de former une liste de compromis et que sa bataille électorale ne sera pas politique mais pour le changement». Se penchant sur les programmes qu’il réalisera, il évoque «l’installation de canalisations d’eaux usées, la construction de routes, l’ouverture d’un dispensaire et le renforcement des écoles». Les candidats affirment à l’unanimité être sûrs de remporter la majorité des voix, ils savent cependant que la discorde existe entre les familles. La majorité des 1200 électeurs qui se présenteront aux urnes le 24 mai ont au moins un proche ou un parent qui se présente aux élections municipales. Plusieurs électeurs affirment que «toutes les listes seront panachées». Fatigués de la politique et des combats entre branches de familles, certains électeurs voteront pour «des personnes aptes à gérer le village». La réconciliation, elle, devrait peut-être attendre d’autres élections.
Parmi les villages du Metn qui connaîtront une bataille électorale serrée, figure Aïntoura. Situé à 1250 mètres d’altitude et formé de plus de 4000 habitants (tous maronites), ce village est fort particulier. Après les combats fratricides dont a été le théâtre cette localité en 1976, la réconciliation entre les fractions rivales au sein du village ne s’est pas...