Chirac : le président de la BCE doit être indépendant

Le président Jacques Chirac a réaffirmé que le président de la Banque centrale européenne (BCE) devait être indépendant «après» sa nomination par les chefs d’Etat et de gouvernement européens. Interrogé par Michel Field dans son émission «Public» (TFI) sur la question de la présidence de la BCE, le président français réaffirmé que l’accord prévoyant la démission du premier président de la BCE, Wim Duisenberg, après quatre ans de mandat avait été prise librement par ce dernier, «sans aucune pression particulière». • Pierre Moscovici, ministre délégué aux Affaires européennes, a déclaré que la bataille française pour la présidence de la Banque centrale européenne visait à démontrer la primauté du politique sur l’économique. «Nommer le président du directoire de la banque centrale, c’est un geste politique qui doit être fait par des politiques. Il appartenait au Conseil européen, donc aux chefs d’Etat et de gouvernement de faire cela, il n’était pas bon que le gouverneur soit coopté par ses pairs», a-t-il dit au Grand Jury RTL-Le Monde-LCI. Pierre Moscovici a également invoqué une deuxième raison, à savoir que «la France est un grand pays qui a toujours eu une tradition de présence dans les organismes financiers». «Il était logique, dès lors que la banque centrale se trouve à Francfort, que les Français soient parmi les premiers à diriger la banque centrale européenne», a-t-il dit. Le ministre délégué a estimé qu’il ne s’agissait pas d’une victoire française mais d’un «compromis, même si c’est plutôt la conception française qui l’a emporté». l Manuel Valls, conseiller en communication du premier ministre français, a estimé que la France vivait sans doute «la meilleure période possible» pour réaliser la monnaie unique. «Tout cela se prépare sans drame, dans une situation économique qui est bonne, une situation de croissance», a-t-il déclaré sur Radio-J. Manuel Valls a affirmé qu’«il faudra beaucoup de pédagogie, et c’est une des tâches du gouvernement, et notamment de Dominique Strauss-Kahn, auprès des Français, des entreprises, des commerçants pour que, progressivement, chacun se rende bien compte des effets concrets de la monnaie unique». «On va vivre avec l’euro et c’est à partir de là que la politique économique du gouvernement est bâtie et à partir de là que toutes les forces politiques du pays se prononceront et seront capables, sans doute, également d’évoluer sur l’Europe», a-t-il dit en évoquant implicitement les réticenes tant à gauche qu’à droite à propos de la construction européenne. • Alain Madelin, président de Démocratie Libérale, a jugé que le sommet sur l’euro était une victoire pour l’Europe mais a souhaité une politique plus libérale pour accompagner la monnaie européenne. «Je crois que c’est une étape importante. Si la France n’avait pas fait l’effort nécessaire, notamment le président de la République, l’euro n’aurait pas vu le jour. Donc, c’est une victoire pour les Européens et, je crois, une victoire pour la France», a-t-il dit lors de l’émission Polémiques sur France 2. «Maintenant, la question qui se pose, c’est que l’euro soit bien géré et que l’euro soit accompagné par les pays nationaux de politiques que je qualifie de libérales», a-t-il ajouté. Soulignant les risques d’accroissement du chômage, Alain Madelin a estimé que les pays de l’euro devaient «opter pour une stratégie de croissance» faite de «privatisations, de bas taux d’intérêt et d’allégements fiscaux». «Si vous voulez profiter des chances de prospérité que porte l’euro, il faut que dans tous les pays européens, à commencer par la France, nous fassions une politique libérale», a-t-il dit. (Reuters)