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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Cuba n'en veut plus Le père Noël, agent yankee

Le père Noël doit être interdit de séjour à Cuba, réclament avec insistance les gardiens du Temple de la Révolution cubaine qui ont démasqué en ce vieillard débonnaire un agent infiltré de l’impérialisme culturel américain. Pour ce premier Noël férié du calendrier cubain depuis près de trente ans, des effigies du père Noël et des «Merry Christmas» pailletés décorent les rares magasins en dollars de La Havane, évidemment gérés par des entreprises de l’État communiste. Les foudres de la presse officielle se sont abattues cette semaine sur cette imagerie faussement innocente: «Lamentable confusion idéologique», a diagnostiqué l’hebdomadaire local Tribuna de La Habana. «À croire qu’il n’existe pas de manière, belle et cubaine, de célébrer» Noël, s’est indigné l’hebdomadaire Trabajadores des syndicats officiels cubains qui a fustigé cette «colonisation mentale». Pire que tout, Tribuna dénonce «l’absence totale de messages faisant allusion au triomphe de la Révolution» castriste qui fêtera pourtant en grande pompe son quarantième anniversaire le 1er janvier. Étrangers minoritaires Les employés des magasins, dûment chapitrés, argumentent : «C’est que, voyez-vous, camarade, nous travaillons avec des dollars et nous ne devons pas imposer aux clients étrangers une image politisée». Ces raisons sont balayées sans faiblesse. «Quels étrangers? Ils sont en minorité», constate Tribuna. «Et quand bien même la majorité (des clients) serait étrangère, je suis sûr que cette politisation fait partie des attentes de nos visiteurs qui, entre autres, veulent découvrir la réalité cubaine (...) et voir de près l’exemple de vitalité révolutionnaire que nous donnons aujourd’hui au monde», assure encore le journaliste de l’hebdomadaire. Les autorités ont beau s’en défendre, l’athéisme militant de l’État communiste a largement contribué à la disparition des traditions religieuses populaires, laissant aujourd’hui le champ libre à une imagerie insolite sous les tropiques socialistes: père Noël rubicond engoncé dans sa houppelande écarlate, sapin nordique et neige artificielle. Une image d’autant moins «cubaine» que l’île, avant la révolution, suivait plutôt la tradition espagnole d’un Noël essentiellement religieux, tandis que les cadeaux sont apportés aux enfants non par le père Noël mais par les Rois Mages le 6 janvier, jour de l’Épiphanie. Des catholiques évoquent un passé pas si lointain, lorsque des parents étaient convoqués par le directeur d’école pour être sévèrement tancés: leur enfant refusait obstinément d’admettre avoir dessiné une antenne de télévision sur une maison et non une croix sur le clocher d’une église… Dans un tel contexte, après la disparition du 25 décembre férie en 1969, les traditions cubaines de Noël n’ont été maintenues que par une minorité, dans l’intimité du foyer familial. Rien d’étonnant donc que la revue des syndicats ait du mal à définir ce qu’est un authentique Noël cubain : une «réunion familiale que beaucoup agrémentent avec de la fête, de la musique, des plaisanteries, de la viande de porc si convoitée, du rhum et de la bière».
Le père Noël doit être interdit de séjour à Cuba, réclament avec insistance les gardiens du Temple de la Révolution cubaine qui ont démasqué en ce vieillard débonnaire un agent infiltré de l’impérialisme culturel américain. Pour ce premier Noël férié du calendrier cubain depuis près de trente ans, des effigies du père Noël et des «Merry Christmas» pailletés...