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Actualités - CHRONOLOGIE

Transport - Crise de confiance à la MEA Les pilotes craignent pour leur emploi

Une crise de confiance latente semble marquer les relations entre l’administration de la Middle East Airlines et ses pilotes de ligne il y a moins d’un an, depuis la nomination à la tête de la compagnie d’aviation nationale de M. Mohammed el Hout. La tension s’est manifestée par deux ordres de grève lancés par le syndicat des pilotes le 26 mars et le 17 décembre de cette année, et suspendus au dernier moment, ainsi que par un débrayage de deux heures le 16 juillet dernier. Selon des sources du syndicat, la crise de confiance a pour cause les grandes orientations de la politique suivie par le conseil d’administration. Les pilotes craignent pour la stabilité de leur emploi; ils expriment plus d’une réserve à l’égard du plan de redressement financier mis en œuvre par l’administration. Si l’on croit ces mêmes sources, les revendications sociales des pilotes concernant notamment l’assurance - maladie, les promotions et les allocations familiales sont en voie de règlement. Le directeur général français de la MEA, M. Jean-Eudes Rabut, s’est montré attentif à leurs doléances et s’est engagé à y donner suite. La réduction de la flotte de la MEA – constituée aujourd’hui de neuf appareils – comme moyen de faire baisser les coûts opérationnels préoccupe les pilotes qui vont se retrouver en surnombre, affirment ces sources, qui formulent par ailleurs de vives réserves sur l’alliance commerciale conclue entre la MEA et Air France. Si les pilotes sont en général favorables à des accords avec des géants de l’aviation, ils préconisent des alliances équitables entre les parties prenantes à tout accord commercial. Ils refusent que la compagnie nationale se transforme dans ce cas précis en simple feeder de businessmen. Ils réclament des fréquences et des horaires privilégiés pour leur compagnie pour les vols Beyrouth-Paris et s’insurgent contre l’abandon de certaines lignes desservies par la MEA au profit de son partenaire commercial, telles les lignes de Sao Paulo et de Sydney. La MEA étant plus qu’une compagnie touristique, ses appareils devraient desservir des capitales où se trouverait une importante concentration d’émigrés, estiment-ils. De même source, on met l’accent par ailleurs sur les coûts exorbitants de maintenance des appareils libanais qui desservent la capitale française. L’entretien revenait nettement moins cher lorsqu’il était confié à des techniciens libanais. Cette source tient à souligner qu’au détriment du principe de la réciprocité, la maintenance des appareils d’Air France desservant Beyrouth est confiée à des équipes relevant de celle-ci. Accusés par certains d’être les mieux rémunérés dans le monde, les moins productifs et les moins compétents, les pilotes rappellent que leur syndicat a suspendu en 1988, compte tenu de la situation dans le pays, un accord sur les salaires conclu avec l’administration de la MEA. Conformément à cet accord, le salaire des pilotes libanais était calculé sur base de la moyenne des salaires de quatre compagnies d’aviation dont trois européennes et une américaine. Ces mêmes sources affirment que le salaire mensuel d’un pilote de la MEA après près de vingt ans de service est de près de 5 400 dollars. Elles soulignent en outre que les salaires des pilotes libanais sont égaux à ceux des pilotes de la Lufthansa, connue pour être l’une des compagnies d’aviation les plus productives et celle dont les salaires du personnel sont les plus bas. Pour ce qui est de la productivité justement, les pilotes libanais rappellent qu’ils assurent 60 heures de vol par mois, comme convenu, mais ils refusent de faire plus de neuf heures de travail d’affilée, même si cela pourrait faire bénéficier la compagnie d’une certaine économie d’échelle, la sécurité des passagers et de l’avion étant prioritaire. Les pilotes rappellent à l’adresse de leurs détracteurs qu’ils ont effectué depuis 1946 – date de la fondation de la compagnie – un parcours sans faille. Ils ajoutent que les équipages ont, au début des années soixante-dix, effectué en moyenne 47 000 heures de vol sans qu’aucun incident ne soit enregistré. Aujourd’hui, des pilotes de ligne et des instructeurs de la MEA sont vivement sollicités par la Saudi Airlines. Une preuve supplémentaire, si besoin était, de leur compétence.
Une crise de confiance latente semble marquer les relations entre l’administration de la Middle East Airlines et ses pilotes de ligne il y a moins d’un an, depuis la nomination à la tête de la compagnie d’aviation nationale de M. Mohammed el Hout. La tension s’est manifestée par deux ordres de grève lancés par le syndicat des pilotes le 26 mars et le 17 décembre de cette...