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Actualités - ANALYSE

La société civile, un véritable contre-pouvoir

Elles sont plus de 20 associations au Liban à prôner la protection ou la défense des droits de l’homme. C’est à croire que cette pléthore d’ONG traduit une situation alarmante du point de vue du respect des libertés publiques et des droits politiques au pays du Cèdre, une réalité qui semble se confirmer de plus en plus à la lumière des rapports établis par ces organisations. Ces dernières sont unanimes à dénoncer la violation des droits de l’homme sur plus d’un plan, et confirment aux yeux du monde que le Liban reste encore, sous certains aspects, un pays où la notion de démocratie est relative. Une chose est cependant sûre : le nombre grandissant des ONG qui œuvrent à la consolidation des droits de l’homme, trahit par moments une compétition et une similitude dans les activités qui ne sont pas toujours justifiées. Il faut cependant reconnaître que ces associations ont contribué à l’émergence d’un véritable courant d’opposition au pouvoir en place ; servent désormais de contrepoids aux pouvoirs législatif et exécutif. Car les moyens de communication qu’elles détiennent sont dans l’ensemble assez sophistiqués, et leur influence sur le plan international n’est pas négligeable. «Désormais, ces associations sont écoutées par la communauté internationale et transmettent une image du pays et de la situation des droits humains différente de celle communiquée par les responsables officiels», note Ziad Majed, secrétaire général de l’Association libanaise pour la démocratie des élections. Certaines associations ne lésinent pas sur les moyens. Ogarith Younan cofondatrice du Mouvement pour les droits humains, explique que toutes les techniques sont mises en œuvre pour informer, conscientiser ou dénoncer : communiqués de presse, bulletins, brochures, cassettes-vidéo, spots publicitaires, banderoles, et même des «chants» pour désarmer psychologiquement les forces de sécurité intérieures, lors des manifestations. Ce développement des ONG est d’autant plus important que désormais, un véritable front pour la défense des droits et libertés s’est constitué, et sert d’arme efficace contre les abus et exactions de tous genres. Il n’est qu’à citer à titre d’exemple la campagne de pression et le travail d’observation des opérations électorales sur le terrain organisés par l’Association pour la démocratie des élections durant les municipales de mai 1998. Cette action, qui a mobilisé près de 300 associations, a en effet réussi non seulement à empêcher le pouvoir de se dérober à un droit considéré comme fondamental, mais a également établi un précédent, à savoir «la revendication, pour la première fois depuis la fin de la guerre, par les citoyens, des élections». Cela augurait également le retour aux pratiques démocratiques dont ils avaient été longtemps écartés. Des victoires ont en outre été enregistrées sur le plan des libertés publiques lorsque, il y a exactement un an, les forces de sécurité effectuaient des rafles parmi les jeunes manifestants dans le périmètre entourant la MTV, suite à l’interdiction de l’interview du général Aoun. Les différentes ONG s’étaient mobilisées, en actionnant leurs correspondants internationaux pour «violation grave au principe de la liberté de manifester», et les personnes arrêtées ont été immédiatement relâchées, dont des responsables d’ONG. Là aussi on peut parler de précédent puisque les arrestations arbitraires ont cessé depuis. Plus il y en a, mieux c’est, serait-on tenté de dire en voyant cette affluence d’organisations qui œuvrent pour la bonne cause. Oui mais, il reste préférable cependant qu’elles mettent en commun leurs activités, commente Ziad Majed qui préconise l’établissement d’un plan stratégique pour guider l’action de ces mouvements. Leur action sera d’autant plus efficace, qu’elles pourront s’entraider pour agir en lobby auprès du pouvoir, note Ogarith Younan, dont l’association a lancé une initiative pour former un réseau regroupant toutes les ONG concernées. En tous les cas, les atteintes aux droits humains sont encore nombreuses dans ce pays. L’état des prisons et le traitement réservé aux détenus ont été sans cesse mis en exergue ces dernières années. Le sort des prisonniers qui croupissent dans les geôles israéliennes et syriennes n’est pas à envier non plus. Les violations de la liberté de presse et des libertés syndicales restent innombrables. La liste et longue, mais une chose est sûre : la société civile s’est désormais érigée en véritable garde-fou des droits et libertés. Les acquis sont, on l’espère irréversibles, en attendant l’édification d’un véritable État de droit où les pratiques démocratiques seraient la règle et les bévues l’exception.
Elles sont plus de 20 associations au Liban à prôner la protection ou la défense des droits de l’homme. C’est à croire que cette pléthore d’ONG traduit une situation alarmante du point de vue du respect des libertés publiques et des droits politiques au pays du Cèdre, une réalité qui semble se confirmer de plus en plus à la lumière des rapports établis par ces...