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Actualités - ANALYSE

Gouvernement - Le pouvoir en état de grâce Une confiance qui va surtout au régime

Le tableau est clair, net et précis : c’est de l’aura présidentielle que le nouveau gouvernement tire toute sa force. Un potentiel de confiance qui a permis à un débutant, Georges Corm, de faire passer le mot tabou de «privatisation» sans provoquer de sursauts politiques ou populaires. Les Libanais, qui naturellement n’apprécient pas beaucoup l’idée, ne veulent pas trop y penser pour le moment. Ils continuent à faire confiance, sans réserve, au général Émile Lahoud. Et supposent à partir de là qu’il a su choisir, aussi bien les ministres appelés à le seconder que la politique à suivre en tout domaine. Et c’est grâce à… cet état de grâce exceptionnel que le départ de M. Rafic Hariri, qu’on peut pourtant qualifier d’événement historique, s’est déroulé sans secousses, d’une manière très cool, comme disent les jeunes. Nuançant l’analyse, un professionnel estime que «la première vague d’un séisme étant généralement la plus forte, les ondes suivantes sont moins ressenties. L’avènement de M. Lahoud et surtout le blanc-seing total que Damas lui a délivré ont considérablement amorti dans l’immédiat le choc de l’éviction –car ç’en est une, quoiqu’on dise – d’un poids lourd comme M. Hariri. Mais il n’est pas dit qu’il n’y aura pas plus tard un effet boomerang et qu’il n’y aura pas de durables, voire de dures retombées par la suite, notamment sur le plan budgétaire, financier et socio-économique». Un autre parlementaire, moins dubitatif, affirme pour sa part que «le nouveau pouvoir, sans avoir l’entregent international du précédent, inspire aussi confiance à l’étranger. En s’activant, il peut obtenir sinon des aides ( il est douteux qu’en allant solliciter le Golfe arabe, M. Hoss fasse mieux que son prédécesseur) du moins une sorte de moratoire en ce qui concerne la dette extérieure. D’autant que la Banque mondiale se montre compréhensive, sans doute sur conseil américain, et promet de débloquer des crédits». Ce député note ensuite que» sur le plan intérieur, où la dette est quatre fois plus élevée, le moratoire va pratiquement de soi, puisque la créance s’inscrit en Bons du Trésor. Les principaux créanciers étant les banques, on peut les obliger, comme on l’a toujours fait à travers les règlements inventés à cet effet, à se montrer de bonne composition avec l’État». Un réalisme qui frise le cynisme. Mais enfin, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. à la régulière Un autre néo-loyaliste croit savoir que «beaucoup de Libanais de l’étranger, notamment des maronites, commencent à rapatrier leurs capitaux, à cause de la confiance qu’ils ont dans le général Lahoud, en qui ils voient un redresseur de torts». Paradoxalement, le prisme confessionnel ne doit pas a priori susciter l’approbation du nouveau chef de l’État. Dont les idées à ce propos sont connues : un responsable digne de ce nom ne doit avoir en vue que la nation dans son ensemble. La même source ajoute que «même les Arabes sont maintenant mieux disposés à notre égard, côté investissements. Car ils se rendent compte que le jeu va désormais se jouer à la régulière, sans bakchichs et sans tromperies. Ils sauront où va chaque sou et ce qu’il va leur rapporter au juste, sans risque de voir courtiers et pourris engloutir à l’avance les bénéfices». Le hic,c’est que la retenue des capitaux est provoquée bien plus par les incertitudes de la situation régionale que par des pudeurs de rosière face à la corruption à commissions… Toujours est-il que l’ère Hariri a lancé des projets de reconstruction dont beaucoup ne peuvent plus être arrêtés. «Ils vont donc être poursuivis, enchaîne cette source, mais sur des bases plus transparentes et avec relecture pointilleuse de certains contrats léonins, pour couper le robinet». Pour sa part, un ministre souligne que «le gouvernement ne veut ni rêver ni leurrer les Libanais avec de mirifiques promesses. Le redressement sera dur. Il faudra beaucoup de travail. Dès lors, la déclaration ministérielle ne comprendra pas d’objectifs utopiques ni de plans sur la comète. Il faut planifier à terme certes ; mais il faut aussi se souvenir qu’il y a des problèmes, parfois très importants pour les gens, qu’il s’agit de traiter au jour le jour». Retour à la question de la confiance, ou plus exactement à la question de confiance. On s’attend généralement à un vote positif massif à la Chambre. Mais certains n’excluent pas qu’un noyau d’opposition se forme autour du bloc Hariri. Mais plus tard peut-être, pour ne pas paraître obstructionniste par simple rancune.
Le tableau est clair, net et précis : c’est de l’aura présidentielle que le nouveau gouvernement tire toute sa force. Un potentiel de confiance qui a permis à un débutant, Georges Corm, de faire passer le mot tabou de «privatisation» sans provoquer de sursauts politiques ou populaires. Les Libanais, qui naturellement n’apprécient pas beaucoup l’idée, ne veulent pas...