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Actualités - ANALYSE

Les déclarations du ministre des Finances provoquent des remous Georges Corm, un nouveau qui intrigue les professionnels

Habileté ou fraîcheur de l’inexpérience politique ? Les professionnels se posent la question : par de nettes déclarations d’intentions faites à Bkerké, le nouveau ministre des Finances, M. Georges Corm, s’est un peu posé en représentant de l’Est au sein du pouvoir. Et a paru orienter à son propre goût, sans attendre les directives des dirigeants ni la déclaration ministérielle, toute la politique économique du pouvoir… Car de toute évidence les priorités qu’il a évoquées et les mesures qu’il préconise débordent largement le secteur comptable dont il est désormais responsable, pour concerner toute l’économie nationale et toutes les couches de la population. Cependant beaucoup d’observateurs estiment que M. Corm n’a pas pris d’initiative personnelle, qu’il n’a parlé et agi – en se rendant à Bkerké – qu’en accord total avec cet autre économiste-politicien qu’est le président du Conseil M. Sélim Hoss. Ce dernier, ajoute-t-on, a voulu de la sorte à la fois «s’excuser» de n’avoir pas intégré l’Est politique à son Cabinet et annoncer d’entrée de jeu la politique socio-économique qu’il compte suivre. On aura surtout retenu à ce propos que le nouvel État veut privatiser à tour de bras, pour renflouer ses caisses. Une option qui conduit le pouvoir à se démarquer totalement de l’opposition pour qui le service public doit rester intouchable par définition, puisqu’il existe pour assurer aux contribuables des prestations essentielles au prix coûtant, sans surcharge. Autrement dit, pour l’opposition privatiser ou imposer de nouvelles taxes indirectes c’est à peu près la même chose. Et dès lors on risque de retrouver, à la différence des personnes près, le même débat qu’avant. Les opposants réclamant une politique plus sociale et les dirigeants leur répondant : dites-nous comment faire, comment augmenter les ressources publiques sans accroître la dette publique ni surtaxer… Du côté du nouveau ministre des Finances, on ne trouve à la privatisation que des vertus. On affirme ainsi que non seulement elle ferait rentrer des sous dans les caisses vides du Trésor, mais qu’en outre elle permettrait au public de bénéficier de services bien meilleurs, l’administration actuelle n’étant pas bien fonctionnelle et se trouvant être de plus très coûteuse. Ce qui est sans doute exact. Sauf que c’est l’État employeur qui permet à des dizaines de milliers de familles de vivre. Et qu’aller ensuite trouver du travail, dans un pays envahi sur ce plan par plus d’un million d’ouvriers étrangers bon marché que personne n’ose renvoyer chez eux, ne sera pas de tout repos. En tout cas, des sources néo-loyalistes indiquent que «la privatisation dont parle M. Corm ne sera pas mise sur rails immédiatement. Nous allons tenter de réhabiliter les institutions publiques à vocation prestataire autant que faire se peut. Ne serait-ce que pour les revendre à bon prix, sans devoir les brader. Si certaines redeviennent ainsi rentables, tant mieux, nous les garderons. D’ailleurs, d’une manière générale, nous allons nous efforcer d’ouvrir le capital de ces institutions à une participation de l’actionnariat privé, plutôt que de les céder entièrement. En tout cas, s’il y a cession, le personnel devra être compris, pour que personne ne se retrouve à la rue…». Les promesses, dit Charles Pasqua, n’engagent que ceux qui y croient. Toujours est-il que, dans les milieux des affaires, on se demande, note un banquier «si l’EDL, qui perd par an quelque 150 millions de dollars peut intéresser quelqu’un…». Il reste que le nouveau gouvernement, à la faveur de l’état de grâce dont bénéficie le régime, aborde à travers les privatisations un thème ordinairement impopulaire, très combattu sous le précédent Cabinet. Et les spécialistes, jouant les rabat-joie, soulignent de leur côté que, même maximal, l’apport des privatisations ne serait qu’une goutte dans la mer des dettes et des déficits publics.
Habileté ou fraîcheur de l’inexpérience politique ? Les professionnels se posent la question : par de nettes déclarations d’intentions faites à Bkerké, le nouveau ministre des Finances, M. Georges Corm, s’est un peu posé en représentant de l’Est au sein du pouvoir. Et a paru orienter à son propre goût, sans attendre les directives des dirigeants ni la déclaration...