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Actualités - ANALYSE

Gouvernement - Hoss met les points sur les i Le changement a des limites

Les mentalités orientales étant ce qu’elles sont, le président Hoss se voit obligé de mettre les points sur les i : non, il n’a pas formé un Cabinet de revanche vindicative. Sa nature tranquille le porte même à ajouter qu’il n’y a eu ni «révolution blanche», ni «intifada», ni rien de ce qui peut ressembler à de la violence. Il ne veut pas dénigrer, dit-il, les réalisations de la période précédente mais les poursuivre. Et corriger la trajectoire là où elle a pu dérailler… Le changement a donc des limites, laisse clairement entendre le président du Conseil. Qui est manifestement un peu effrayé par la montée des rancunes comme des espérances. Un peu trop poussées à son avis. D’où son empressement à souligner qu’aucun gouvernement ne dispose d’une baguette magique pour effectuer les corrections nécessaires en un rien de temps. Il ajoute que c’est un travail de longue haleine, nécessitant sur le plan financier, économique et social un programme triennal ou même quinquennal. Tout comme dans l’opposition, M. Hoss fait donc montre au pouvoir d’un modérantisme à toute épreuve. Il a indiqué à tous les membres du personnel de la présidence du Conseil que chacun restera exactement à sa place, qu’il en ira de même dans toutes les administrations, que nul ne sera tenu comptable de ses allégeances mais de la qualité de son rendement. Il a précisé que du reste il appartiendra aux organismes de contrôle administratif, après leur renforcement, de sanctionner les fautes, loin de toute immixtion politicienne et du jeu des clientélismes. M. Hoss échange ainsi son rôle avec M. Hariri. Qui passe pour sa part du pouvoir à l’opposition dite constructive. Et en définitive, c’est l’opinion qui jugera qui des deux a raison, sur les résultats, notamment financiers, économiques et sociaux. Un jugement qui n’aurait rien de subjectif et serait inspiré uniquement par la situation même que vivront les citoyens. Ils verront bien si les finances publiques vont s’assainir, si le budget va être progressivement équilibré, si la dette publique va être allégée, si la roue économique va mieux tourner, si la production va augmenter, si la croissance va être relancée, si des projets de développement vont être réalisés dans les régions déshéritées, si les revenus des foyers vont augmenter, si les charges fiscales vont baisser, si les prestations sociales vont s’améliorer, si les aides étrangères vont enfin être délivrées, si les ouvriers étrangers vont cesser de pomper cinq millions de dollars par jour hors du pays. Dans trois ans, dans cinq ans ou dans dix. Les citoyens verront aussi si la loi va être appliquée à tous, si la perception des taxes va être la même pour toutes les régions, si la corruption administrative et politique va être éradiquée, si le népotisme et le clientélisme vont cesser de sévir… Rappel Un membre du Cabinet précédent invoque pour sa part «les circonstances … Elles étaient totalement différentes auparavant», dit-il sans trop préciser en quoi, puisque le meneur de jeu n’a pas changé. «Nous étions obligés, affirme ce politicien, d’accueillir dans nos rangs des incontournables dont certains n’étaient pas qualifiés ou ne voulaient tout simplement pas s’occuper de leurs départements. Nous étions également contraints d’assurer la participation d’un large éventail de forces politiques et de partis qui étaient souvent à couteaux tirés entre eux. Cela faisait donc une belle cacophonie, un manque total de cohésion ministérielle, une fronde intérieure continuelle, ce qui explique en grande partie pourquoi le pouvoir effectif est sorti des mains du Conseil des ministres pour tomber dans celles de la troïka. Le confessionnalisme, qui régissait la répartition des portefeuilles aggravait ces défauts de base en provoquant d’âpres conflits, comme lorsque M. Berry a réclamé les Finances pour la communauté chiite. Le système étant ainsi miné de l’intérieur, il n’était tout simplement pas possible de sanctionner un ministre, un député ou un fonctionnaire pourris. Du coup la corruption s’est généralisée…». Cependant ce même ancien ministre trouve «erronées et injustes des accusations relatives aux priorités. On nous a reproché des travaux pharaoniques. On oublie un peu vite qu’il y avait toute une infrastructure par terre qu’il fallait remettre sur pied. L’électricité, l’eau, le téléphone, les autoroutes, l’aéroport, le port… Tout cela était nécessaire, ne serait-ce que pour attirer les investissements ou même pour que le pays puisse de nouveau produire. Quand quelqu’un est hospitalisé d’urgence, la famille ne regarde pas au coût… ». Cela signifie-t-il qu’elle doit se laisser gruger sans limites ? Et se retrouver ruinée ?
Les mentalités orientales étant ce qu’elles sont, le président Hoss se voit obligé de mettre les points sur les i : non, il n’a pas formé un Cabinet de revanche vindicative. Sa nature tranquille le porte même à ajouter qu’il n’y a eu ni «révolution blanche», ni «intifada», ni rien de ce qui peut ressembler à de la violence. Il ne veut pas dénigrer, dit-il, les...