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Actualités - ANALYSE

En marge des rapports de force politiques Les pouvoirs exceptionnels dans la balance

L’Histoire, dit-on, ne repasse jamais les plats. Si c’est vrai, alors le président Sélim Hoss aurait quelque chance d’obtenir de la Chambre ce que le président Rafic Hariri n’avait pu décrocher à son avènement : les pouvoirs exceptionnels (de légiférer) dans certains domaines, notamment financiers et administratifs… De source gouvernementale, on dément toutefois que le Cabinet ait actuellement l’intention de réclamer de tels pouvoirs. M. Hariri avait débarqué certes en sauveur en 92. Mais pour sa malchance, la Chambre d’alors, issue de législatives pourries, boycottées à 86 % , avait à cœur de prouver qu’elle était méritante. Donc qu’elle voulait elle-même travailler et ne pas laisser le Cabinet légiférer à sa place. Elle avait donc rejeté la demande de pouvoirs extraordinaires présentée par le premier gouvernement Hariri. Du reste, et dès cette époque, le chef du Parlement se considérait comme le rival direct, au niveau du leadership mahométan, du président du Conseil et ne lui avait cédé aucun avantage. Aujourd’hui les proches de M. Nabih Berry cachent mal leur satisfaction. Ils soulignent que l’histoire vient de faire un pied de nez à tous ceux qui pensaient qu’après l’an 2000, M. Hariri serait encore là, alors que leur leader pourrait bien disparaître de la scène. «Il se confirme simplement, relève un indépendant, que nul n’est inamovible et que les décideurs sont finalement tout à fait imprévisibles. Bien malin est celui qui peut prétendre deviner leurs intentions. Aussi, que personne n’exulte, que personne ne se réjouisse, car personne en définitive n’est garanti…» Pour le moment cependant, c’est le soulagement du côté des partisans de M. Berry. «Nous étions, rappelle l’un d’eux, souvent pris entre l’enclume de Baabda et le marteau de Koraytem. Dans le jeu des alliances et des conflits au sein de la troïka, M. Berry était souvent isolé. Ou bien il devait faire face aux attaques conjuguées des deux autres présidents; ou bien quand ces deux derniers étaient en bisbille entre eux, il devait se charger de les réconcilier, sans en tirer aucun profit». C’est peut-être une version subjective du passé… En tout cas les dernières années, Baabda ayant subi plusieurs échecs – comme le rejet des réformes constitutionnelles ou du mariage civil –, la lutte de prédominance a principalement opposé Aïn el-Tiné et Koraytem. Théoriquement, M. Berry paraissait avantagé : il disposait de quelques ministres au sein du Conseil des ministres (assez pour faire capoter par exemple le projet haririen d’augmentation de l’essence), et il pouvait à la Chambre mettre des bâtons dans les roues du gouvernement. Mais en pratique l’influence qu’avait pu acquérir M. Hariri par toutes sortes de voies ou d’instruments comme le CDR paraissait largement supérieure à celle de son rival. En tout cas, M. Berry semble vouloir aujourd’hui coller de près au régime, en être le loyal partenaire. D’autant que le blanc-seing délivré à Baabda par les décideurs est sans équivoque. Il est donc tout à fait possible que le chef du Législatif ne tente pas de contrer une demande hypothétique de pouvoirs exceptionnels de la part d’un Cabinet qui est l’émanation même du régime. Ce qui signifie, en micro-politique, que le président du Conseil ne représente plus pour le président de la Chambre un rival en matière de leadership comme l’était M. Hariri. Sur le plan pratique, à part les questions financières, le gouvernement peut avoir besoin des pouvoirs extraordinaires pour être en mesure de fusionner sans trop tarder les ministères. En effet, une procédure ordinaire, par projets de lois adressés à la Chambre, prendrait dans ce cadre plusieurs mois pendant lesquels la réorganisation des départements resterait en suspens. Alors que, par décrets-lois, on procéderait au replâtrage généralisé en quelques jours… Un détail paradoxal pour conclure : certains haririens se frottent eux aussi les mains. «Car à bien y regarder, affirme l’un d’eux, l’harmonie entre Baabda et Aïn el-Tiné risque de ne pas durer longtemps. En effet, M. Berry reste en pratique un fervent adepte du système de partage, honni par le régime. À preuve qu’il aurait mis un veto à la désignation du président Hussein Husseini comme ministre des Travaux publics…»
L’Histoire, dit-on, ne repasse jamais les plats. Si c’est vrai, alors le président Sélim Hoss aurait quelque chance d’obtenir de la Chambre ce que le président Rafic Hariri n’avait pu décrocher à son avènement : les pouvoirs exceptionnels (de légiférer) dans certains domaines, notamment financiers et administratifs… De source gouvernementale, on dément toutefois que...