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Actualités - CHRONOLOGIE

Gouvernement - Révolution blanche, réforme ou mouvement correctif La déclaration ministérielle : un baromètre du changement

Avant d’avoir lu leurs dossiers, certains nouveaux responsables prennent position sur des sujets techniques. Ce n’est pas tout à fait anormal, dans la mesure où chacun a des idées arrêtées sur ce que le pouvoir doit faire dans tel ou tel domaine. Mais ce n’est pas non plus vraiment raisonnable ou prudent, car certaines options que l’on croit être en mesure d’annoncer peuvent se révéler impossibles à mettre en pratique. Dès lors, les cercles politiques locaux attendent la déclaration ministérielle pour voir comment le gouvernement entend concrétiser sa politique… Bien sûr la confiance sera votée à une majorité écrasante. Mais la déclaration devrait permettre de préciser les contours du changement engagé. Il est évident qu’il ne va pas se limiter à la personne seule de M. Rafic Hariri, mais englober toute une politique de fond, tout un style de pouvoir aussi. Mais la question est de savoir dans quelles proportions cela va se faire. S’agit-il d’une vraie «révolution blanche», d’une réforme, d’un mouvement correctif ou d’une ligne d’évolution n’allant pas sans continuité… Les degrés de transformation sont variables et c’est donc de la déclaration ministérielle que les politiciens locaux attendent d’obtenir des éclaircissements. Il ne semble pas en tout cas que la mutation soit de simple vindicte si l’on peut dire. Il est clair en effet que l’on ne s’est pas contenté de changer des personnes, la sélection effectuée indiquant par elle-même que c’est un style différent qui aura cours. Mais au-delà même des méthodes c’est surtout le fond, les buts qui comptent. S’il y a accommodation avec les priorités adoptées jusque-là, on pourrait parler de réforme, de mouvement évolutif ou correctif dans la continuité Et s’il y a une rupture totale, un virage à 180 degrés côté objectifs, il se confirmerait que le pays vient de connaître une surprenante «révolution blanche». Au Liban comme ailleurs, il y a toujours, quand un régime change, une valse de ministres et de hauts fonctionnaires. Souvent cela prenait la forme d’une revanche politique. Le régime Béchara el-Khoury a ainsi pris sa revanche sur celui d’Émile Eddé, puis celui de Camille Chamoun sur celui de Béchara el-Khoury et celui de Fouad Chéhab sur celui de Camille Chamoun etc. Beaucoup de fonctionnaires compétents ont donc par le passé fait les frais de telles alternances. Mais beaucoup de pourris ont été par ailleurs remplacés par d’autres. En tout cas presque chaque changement venait consacrer un clivage politique : le Destour contre le B.N., le Nahj contre le Helf. Généralement on «liquidait les stocks» par des expulsions ou des mutations massives de fonctionnaires, sans vraiment faire le procès du régime précédent et en gardant les mêmes pratiques ou à peu près. Va-t-on aujourd’hui assister à une tout autre forme de changement, bien plus fondamental ? C’est ce que très certainement souhaitent les Libanais. Dans l’Administration, il serait temps d’appliquer la règle de la récompense et de la sanction, de la carotte et du bâton. Ce qui implique le renforcement des organismes de contrôle comme le Conseil de la fonction publique, l’Inspection centrale, la Cour des comptes et le Conseil de discipline générale. Le clientélisme, exige l’opinion publique, doit enfin faire place à la compétence et à la probité. Jusqu’à preuve du contraire, les Libanais pensent comme le général Lahoud que le nouveau gouvernement est formé d’honnêtes gens proches du peuple. Un peuple que le chef de l’État lui-même ne cesse de citer, émaillant par exemple son discours d’investiture de formules comme «qu’attendent les gens de nous...». Manifestement l’élément de revanche est le dernier souci des Libanais pour qui la priorité va au règne de la loi, à l’éradication de la corruption, à la réforme administrative, à une justice autonome efficiente, à une politique fiscale équitable. Et surtout au redressement socio-économique. Il faudra donc voir comment dans les faits le «gouvernement de sauvetage» comme le baptise M. Hoss va pouvoir réduire la dette publique, le déficit budgétaire et relancer la croissance…
Avant d’avoir lu leurs dossiers, certains nouveaux responsables prennent position sur des sujets techniques. Ce n’est pas tout à fait anormal, dans la mesure où chacun a des idées arrêtées sur ce que le pouvoir doit faire dans tel ou tel domaine. Mais ce n’est pas non plus vraiment raisonnable ou prudent, car certaines options que l’on croit être en mesure d’annoncer...