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Actualités - REPORTAGE

Chez Sélim Hoss, une joie discrète et une conscience de l'ampleur des responsabilités (photo)

Depuis lundi soir, le domicile de M. Sélim Hoss ne désemplit pas. De nombreux Libanais n’ont pas attendu la désignation officielle pour féliciter le nouveau président du Conseil. Certains sont de vieux amis, du temps des jours heureux puis de la traversée du désert et d’autres avaient disparu en même temps que les titres et les honneurs. Mais, discret et courtois, Hoss a le même sourire pour tous, conscient avant tout de l’ampleur de ses responsabilités. Le fauteuil en cuir noir au dossier spécial placé entre le drapeau libanais et le téléphone est toujours le même qu’il y a sept ans, lorsque Sélim Hoss avait quitté la présidence du Conseil. Un peu plus fatigué peut-être, comme le reste du mobilier, plutôt un peu spartiate, où, toutefois, les étagères croulant sous les livres sont devenues plus nombreuses. Simplicité, c’est le mot qui vient à l’esprit en entrant chez le chef du gouvernement nouvellement désigné. En attendant les mesures officielles, les agents des FSI du quartier ont spontanément offert leurs services pour régler la circulation et canaliser les nombreux visiteurs. Mais depuis hier matin, une dizaine d’agents qui s’occupaient de la protection de M. Hariri ont été mutés chez lui et ces hommes ne cachent pas leur étonnement devant l’écart qui sépare les deux hommes et leur environnement. Les dorures du palais sont remplacées par un immeuble à l’allure modeste et un salon aux chaises en plastique. C’est là que Sélim Hoss a toujours accueilli ses visiteurs. C’est là aussi qu’il guettait les bombes, lorsqu’en 1989, son quartier était la cible des canons «de l’autre bord» S’il est heureux aujourd’hui, de voir de nouveau son salon bondé, Sélim Hoss n’en laisse rien paraître. Il a le même sourire d’accueil pour tous, recevant avec une sorte de gêne les félicitations et les vœux de succès. Selon ses proches, ce n’est que lundi soir qu’il a su qu’il serait probablement désigné pour former le premier gouvernement du mandat Lahoud. Et bien qu’il ait samedi, dans une conférence à l’université de Louayzé, développé une sorte de programme d’action gouvernementale, il n’aurait jamais songé à ce moment-là qu’il serait appelé à l’exécuter. Aujourd’hui, son premier souci est de rassurer les gens sur la stabilité de la livre et sur la situation économique en général. Discret en temps normal, ce n’est pas maintenant qu’il va se mettre à faire des confidences. Il se contente de répéter : «De grands défis nous attendent. J’espère qu’avec l’aide de Dieu, nous réussirons.» Et ceux qui viennent aux nouvelles sur la formation du nouveau gouvernement ou même sur son entrevue avec son prédécesseur, M.Rafic Hariri, qui s’est prolongée pendant 45 minutes, en resteront pour leurs frais. Un de ses proches se contentera de dire : «Ce fut un entretien très normal. Après l’accueil officiel, les deux hommes ont eu un long aparté». Rentré chez lui pour se reposer quelques minutes avant de reprendre sa tournée des anciens Premiers ministres, MM. Saëb Salam, Amine el-Hafez, Rachid Solh et Omar Karamé, il est aussitôt happé par ses visiteurs. Ses gardes du corps, Walid et Abed qui l’accompagnent partout depuis plus de dix ans lui signalent un coup de fil en provenance des États-Unis. Il répond laconiquement, gêné par la présence de toutes ces oreilles indiscrètes, puis se dirige vers son minuscule salon privé, jetant un vague regard aux corbeilles de fleurs arrivées pendant son absence. Il préfère s’accorder quelques minutes d’isolement avant de revenir vers ses nombreux visiteurs qui ne quitteront d’ailleurs pas son domicile avant 21h., comme ils l’ont fait la veille, et l’avant-veille, alors que la désignation n’était pas encore officielle. Hoss répète ce qu’il a déjà dit au palais de Baabda, notamment que la priorité sera de combler le déficit budgétaire et d’appliquer une politique d’austérité. Mais il évite de condamner ouvertement le précédent gouvernement. Il rappelle toutefois qu’il était dans l’opposition et qu’il est important aujourd’hui de dresser un plan d’action par étapes. Peu sensible aux louanges des courtisans qui tentent quand même leur chance, il ne pense qu’à ses responsabilités. S’il a une pensée pour celle qui a longtemps partagé sa vie, il la garde pour lui, comme l’a toujours fait cet homme réservé et peut-être un peu timide.
Depuis lundi soir, le domicile de M. Sélim Hoss ne désemplit pas. De nombreux Libanais n’ont pas attendu la désignation officielle pour féliciter le nouveau président du Conseil. Certains sont de vieux amis, du temps des jours heureux puis de la traversée du désert et d’autres avaient disparu en même temps que les titres et les honneurs. Mais, discret et courtois, Hoss a le...