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Actualités - REPORTAGE

Pour la France, une agréable surprise

Le premier gouvernement du sexennat du président Émile Lahoud aura constitué une agréable surprise exprimée tant au niveau officiel qu’à l’échelon des Français intéressés par le Liban. Surprise du fait de la rapidité avec laquelle le pays est passé du style Hariri, que l’on croyait érigé en système, à l’ère post-Hariri, que l’on perçoit déjà ici comme étant celle du rétablissement des institutions. Surprise également devant la rapidité avec laquelle les présidents Lahoud et Hoss ont formé le gouvernement, ce qui traduit une détermination à aller de l’avant sans perdre de temps et une clarté de vue commune sur la voie à suivre. Satisfaction également puisque Paris n’a pas manqué de se féliciter de l’avènement d’un Cabinet ne comprenant aucun représentant des milices dont l’image hideuse hante encore les mémoires. Cette satisfaction se reflète dans les milieux politiques les plus divers, au niveau de la majorité plurielle au pouvoir mais aussi dans les rangs de l’opposition. Dans les cercles proches de l’Élysée, on se refuse à commenter officiellement le départ de M. Hariri ou de dire si son remplacement par M. Hoss pourrait altérer en quoi que ce soit la cordialité des liens tissés par le président Chirac lors de ses visites répétées à Beyrouth. Mais des proches collaborateurs du chef de l’État français ont laissé entendre que les relations et les liens historiques entre les deux pays dépassent les personnes et ne saurait que s’intensifier au fil du temps. Pourtant, des observateurs n’avaient pas manqué de relever que lors de sa dernière visite à Paris en tant que chef du gouvernement libanais, M. Hariri avait eu un tête-à-tête de 90 minutes avec le président Chirac et que les deux hommes s’étaient rendus à bord de la même voiture pour visiter l’exposition «Liban, l’autre rive» à l’Institut du monde arabe, manifestation conjointement sponsorisée par le gouvernement libanais et son chef. Et cette visite à Paris avait ainsi pris la forme d’un geste de soutien du maître de l’Élysée à son hôte, à un moment où l’on savait toute la difficulté d’une cohabitation Lahoud-Hariri. Au ministère des Affaires étrangères, on a suivi avec intérêt les derniers développements au Liban et on se montre curieusement plus réservé, soulignant que c’est plutôt la situation au Liban-Sud qu’il faut suivre de près pour éviter l’explosion. On n’en pense pas moins au Quai d’Orsay que la présence du président Hoss à la tête de la diplomatie libanaise prouve combien délicate est la conjoncture dans cette partie du pays. Ce qui intéresse la diplomatie française en premier lieu, rappelle-t-on dans l’entourage du chef de la diplomatie Hubert Védrine, c’est de poursuivre avec Beyrouth un dialogue régulier et de continuer à considérer le Liban comme un véritable partenaire, malgré toutes les difficultés qu’il traverse. Peut-être même à cause des dures épreuves qu’il connaît encore et qui ne lui laissent qu’une étroite marge de manœuvre en faisant un partenaire pas comme un autre. Pour la diplomatie française, la présence de la France au Liban ne peut que passer par de bonnes mais vigilantes relations avec Damas, basées sur le fait que Paris ne fait pas obstacle aux relations particulières libano-syriennes mais que l’intérêt de la Syrie est d’avoir comme voisin un Liban souverain et prospère. Dans les cercles gouvernementaux français, on se contente de noter que tout ce qui va dans le sens de la réhabilitation des institutions libanaises ne peut que redonner au Liban la place qui lui revient dans la région et réaffirmer son autonomie. Quelques membres du nouveau Cabinet sont connus à Paris pour y avoir des relations amicales ou professionnelles dans divers milieux, notamment M. Georges Corm bien connu dans les sphères intellectuelles et financières, MM. Nasser Saïdi et Négib Mikati qui ne sont pas des inconnus dans le paysage économico-financier français. Il reste que le véritable ton des relations franco-libanaises ne sera donné qu’avec le voyage du président Lahoud en France, attendu ici en mars, et la visite au Liban de M. Lionel Jospin, activement préparée à Matignon et dont la date pourrait être avancée.
Le premier gouvernement du sexennat du président Émile Lahoud aura constitué une agréable surprise exprimée tant au niveau officiel qu’à l’échelon des Français intéressés par le Liban. Surprise du fait de la rapidité avec laquelle le pays est passé du style Hariri, que l’on croyait érigé en système, à l’ère post-Hariri, que l’on perçoit déjà ici comme...