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Actualités - ANALYSE

Diplomatie - Compétition avec la France ? Les Etats-Unis reviennent en force

On s’attarde ces derniers temps dans les milieux politiques sur l’empressement manifesté par les États-Unis à l’égard du premier ministre Sélim Hoss à l’occasion de la formation du nouveau gouvernement, qu’on cherche à expliquer par la volonté de Washington de réaffirmer sa présence sur la scène libanaise. Ainsi, le message de félicitations adressé à M. Hoss par le président Bill Clinton aussitôt après la constitution du Cabinet et le souci de l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth David Satterfield de le lui remettre une heure à peine après la publication des décrets de nomination des ministres, n’ont pas manqué d’être relevés dans ces milieux, qui notent également la rapidité avec laquelle la chancellerie américaine a rendu public le texte du message. Pour les observateurs, cet empressement a une portée politique claire, et d’abord d’effacer l’impression laissée par les toutes récentes déclarations du secrétaire d’État adjoint américain Martin Indyk, dans lesquelles ce dernier estimait, dans une interview à Radio-Orient faite après l’arrivée au pouvoir du général Émile Lahoud, que la formule Lahoud-Hariri-Berry était la meilleure pour le Liban. Ces propos avaient suscité l’étonnement de certains hommes politiques libanais, qui avaient aussitôt demandé des explications à M. Satterfield. L’ambassadeur leur avait indiqué que les termes utilisés par M. Indyk avaient été mal traduits, ce qui avait dénaturé sa pensée. Pour M. Satterfield, en aucun cas M. Indyk n’avait voulu dire que son pays était en faveur d’un retour de la «troïka». Au contraire, avait-il expliqué, Washington souhaitait voir le Liban réussir à édifier un État de droit et renforcer ses institutions, en conformité avec le régime parlementaire démocratique qui est le sien. Multiplication des initiatives Mais les milieux politiques avaient surtout retenu des propos de M. Indyk une ingérence dans les affaires intérieures libanaises, dans la mesure où ils semblaient suggérer aux députés de garder Rafic Hariri comme chef du gouvernement. Aujourd’hui, ces mêmes milieux estiment que l’empressement de Bill Clinton à féliciter M. Hoss vise précisément à faire cesser les interrogations et les interprétations quant aux intentions des États-Unis et à indiquer clairement que dans ses relations avec le Liban, l’Administration américaine ne traite pas avec des personnes, mais avec des institutions, et que la présence ou l’absence de telle au telle personnalité ne modifiait en rien l’importance de ces relations. D’autre part, les observateurs relèvent une nette intensification ces dernières semaines des initiatives américaines en direction du Liban. C’est ainsi qu’à la suite de la visite du secrétaire américain au Commerce William Daley, en novembre, au cours de laquelle il a exprimé la volonté des milieux d’affaires américains d’investir au Liban, c’est actuellement au tour de la secrétaire à la Santé Donna Shalala de venir au pays de ses ancêtres pour, de surcroît, y passer plusieurs jours et visiter plusieurs régions, ce qu’aucun responsable américain de ce rang n’a fait depuis de longues années. À cela s’ajoute la tournée remarquée que vient d’effectuer M. Satterfield lui-même dans une région très sensible du pays, le Liban-Sud. Certains observateurs politiques vont jusqu’à lier ce regain d’intérêt américain à ce qu’ils considèrent comme étant une rude compétition entre les États-Unis et la France dans ce pays, Washington cherchant notamment à compenser son retard sur l’Europe dans les contrats liés à la reconstruction du pays. Pour ces observateurs, la présence de Rafic Hariri, ami personnel du président français Jacques Chirac, à la tête du gouvernement, était synonyme d’hégémonie pour les entreprises françaises au Liban, sans parler de la concordance de vues politique à plus d’un niveau qui unissait le chef de l’État français au premier ministre libanais. Or, souligne-t-on toujours dans les mêmes milieux, la région étant appelée à connaître des développements importants dans un avenir proche, les États-Unis se devaient de «foncer» pour réaffirmer leur présence politique et économique sur la scène libanaise et y recouvrer la position qu’ils tenaient auparavant.
On s’attarde ces derniers temps dans les milieux politiques sur l’empressement manifesté par les États-Unis à l’égard du premier ministre Sélim Hoss à l’occasion de la formation du nouveau gouvernement, qu’on cherche à expliquer par la volonté de Washington de réaffirmer sa présence sur la scène libanaise. Ainsi, le message de félicitations adressé à M. Hoss...