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Actualités - ANALYSE

Gouvernement - Retour tambour battant aux rapports de force Un sortant qui a l'esprit tranquille

Selon ses proches, le président Rafic Hariri a l’esprit tranquille, n’éprouve aucune tension et suit le déroulement des événements avec détachement. Pourtant le pays politique se retrouve dans un climat digne des plus beaux jours de la troïka. De nouveau en plein dans des tiraillements de rapports de force. Et on peut se demander si à terme ce n’est pas le système de partage qui triomphe. Autrement dit, on change la distribution des cartes, mais pas le jeu. Les pouvoirs subissent un rééquilibrage sans modification de la Constitution. Et sans consensus. Ce n’est sans doute pas aussi anodin comme beaucoup semblent le penser. Et la question ne s’arrête probablement pas à la personne d’un président du Conseil. Tout le monde avait fini par reconnaître la nécessité de modifier les prérogatives, mal réparties entre les pouvoirs. Cependant nombre de juristes comme de politologues avertis pensent qu’on aurait dû respecter une procédure d’entente plutôt que de confrontation : un accord général, suivi d’une refonte de la Constitution. Mais les remarques théoriques ne prendront vraisemblablement de l’importance que par la suite. Tout comme ce fut le cas juste après Taëf. Pour le moment, l’heure est à l’enchaînement des faits et des réactions. Ainsi M. Hariri «est sincèrement désolé que le nouveau régime démarre sur une crise», dit l’un de ses visiteurs. «Il pense que l’enjeu constitutionnel et politique étant essentiel, il ne pouvait s’incliner. Pour lui, l’on a transgressé non seulement la loi fondamentale mais aussi, mais surtout la règle vitale du consensus. Peu lui importe dès lors de se retrouver isolé ou de faire les frais d’une machination. Tout comme la présidence de la République doit être respectée, des formes doivent être observées à l’égard de la présidence du Conseil. M. Hariri souligne ainsi que le chef du gouvernement n’est pas un fonctionnaire subalterne pour qu’on le démette sans le lui annoncer, alors qu’il était en route pour le palais afin de remettre réglementairement sa démission. Il en a tiré de suite mauvais augure, car le régime ne semble pas vouloir adopter les us et coutumes de courtoisie “à la libanaise” qui confortent la coexistence. On a tenté la contrainte, notamment avec l’Est politique, et finalement elle n’a rien donné. On s’est retrouvé dans le mur. Il ne faut pas que les mêmes erreurs, dont nous assumons en partie la responsabilité, soient commises en sens inverse. On ne doit pas réveiller les vieux démons du confessionnalisme». Riposte C’est ce même reproche cependant qu’en face on fait aux haririens. En ajoutant que le chef du gouvernement sortant avait visiblement opté pour la provocation, en s’adressant à des médias étrangers pour laisser entendre que le chef de l’État transgressait la Constitution. Ce qui, aux yeux des néo-loyalistes, équivalait purement et simplement à une déclaration de guerre. Parallèlement, un groupe de députés estime ainsi que «ce qui s’est passé était une bataille donquichottesque dénuée de sens. Surtout à un moment où la situation au Sud est aussi grave. L’on a porté aux espérances des Libanais en un nouvel État des institutions un coup aussi brusque que sérieux». Ces parlementaires dénoncent «les motifs invoqués pour justifier le bras de fer et qui sont autant d’appels au clivage confessionnel. Cela en affirmant qu’il a été porté atteinte au représentant de la communauté sunnite au pouvoir, au mépris en outre de l’esprit des accords de Taëf. Les positions de M. Hariri sont pour nous irrecevables, car en tant que députés nous ne pouvons admettre qu’on limite notre liberté de mouvement en nous interdisant de confier au chef de l’État le soin de choisir un président du Conseil à notre place». Ces députés soutiennent donc que l’article 53 de la Constitution, qui parle de consultations parlementaires impératives, ne les oblige pas à nommer eux-mêmes un nouveau chef de gouvernement.
Selon ses proches, le président Rafic Hariri a l’esprit tranquille, n’éprouve aucune tension et suit le déroulement des événements avec détachement. Pourtant le pays politique se retrouve dans un climat digne des plus beaux jours de la troïka. De nouveau en plein dans des tiraillements de rapports de force. Et on peut se demander si à terme ce n’est pas le système de...