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Actualités - ANALYSE

Amorce d'un changement en profondeur Vers un retour sur scène de l'est politique ...

Avec M. Rafic Hariri, c’est un symbole qui s’en va : pas de troïka sans lui. L’ordre établi change ipso facto. Plus exactement, le puzzle perd certaines de ses pièces et doit en gagner d’autres. Et l’on s’attend dès lors à un retour sur scène de l’Est politique, jusque-là gardé sur la touche…À moins que ce camp, à l’instar d’ailleurs de M. Hariri, ne puisse s’ajuster à l’ère nouvelle. En effet, habitués à tout mesurer en termes de muscles, les politiciens locaux pensent que «le rénovateur du Grand Sérail a dû se retirer parce qu’avec le nouveau régime, l’alternative est simple : ou bien on se résigne à graviter dans son orbite; ou bien on se met hors-jeu. Il est en tout cas hors de question qu’on fasse jeu égal avec lui. Et a fortiori qu’on prétende le dominer, comme c’était le cas sous M. Hraoui. Le discours d’investiture de M. Lahoud a tracé un programme tranché auquel il faut se soumettre ou se démettre, solution choisie par un Hariri qui ne se résigne pas à jouer les numéros deux». À l’Est, on se dit généralement satisfait de l’éclipse du maître de Koraytem. Auquel on a tendance à imputer, à tort ou à raison, une bonne partie de la responsabilité dans les déséquilibres et la discrimination qui, d’après ce camp, ont régné jusque-là dans le pays. En citant deux éléments importants : le retard notable dans le retour des réfugiés de la montagne et les naturalisations. Bien entendu l’Ouest est d’un avis plus partagé, car si M. Berry par exemple n’est pas loin de se frotter les mains, M. Hariri garde là de forts soutiens. Pas assez cependant pour être en mesure de mobiliser en bloc sa communauté et de susciter une sorte d’Aramoun 2. Un modéré estime pour sa part qu’avec M. Lahoud, «les chrétiens en général, les maronites en particulier, peuvent se sentir rassurés. Il a tout de suite redonné du lustre à la présidence de la République et il est probable que la déprime de l’Est pourra être rapidement dissipée sous son égide. Les forces vives de cette région, politiques ou autres, vont pouvoir réintégrer la vie publique et jouer de nouveau un rôle moteur dans le pays». Sautant peut-être un peu vite aux conclusions, cette personnalité ajoute que «l’on va peut-être vers une équation fondée sur un partenariat maronito-chiite plutôt que maronito-sunnite comme par le passé. D’autant qu’objectivement, aucun leader sunnite ne peut avoir le poids de M. Hariri, dont l’influence sans doute excessive a fini par produire des contre-effets par réaction de défense naturelle des autres pôles communautaires du pays. S’il n’avait pas été aussi fort, il est probable qu’il serait resté au pouvoir. Mais le volume qu’il a pris au fil des années était tel qu’il n’y avait plus de place pour un autre, plus assez d’espace pour deux». En somme, le mieux est l’ennemi du bien. Il reste cependant que les analyses fondées sur des considérations communautaires ou confessionnelles ne tiennent pas compte du fait, capital sans aucun doute, que le nouveau régime ne veut ni penser ni agir avec une telle mentalité qu’il réprouve. Le cas échéant, ce ne serait pas pour renforcer une communauté déterminée qu’il voudrait la récupérer, mais pour rassembler et pour conforter l’unité nationale. En attendant qu’elle devienne sui generis, c’est-à-dire naturelle, une fois le confessionnalisme politique aboli au profit de la citoyenneté. «Le président Lahoud, affirme ainsi un politicien qui le connaît, ne croit ni dans les alliances conclues sur des bases confessionnelles ni dans les équations de pouvoir bâties sur de telles considérations. Il n’a foi que dans la nation, dans la primauté de la loi et dans l’État des institutions…».
Avec M. Rafic Hariri, c’est un symbole qui s’en va : pas de troïka sans lui. L’ordre établi change ipso facto. Plus exactement, le puzzle perd certaines de ses pièces et doit en gagner d’autres. Et l’on s’attend dès lors à un retour sur scène de l’Est politique, jusque-là gardé sur la touche…À moins que ce camp, à l’instar d’ailleurs de M. Hariri, ne...