Rechercher
Rechercher

Actualités - INTERVIEWS

Entretien avec le président de la FIDH Patrick Baudoin : il reste beaucoup à faire au Liban

Cinquante ans après la proclamation de la charte internationale, les droits de l’homme au Liban demeurent bafoués et leurs défenseurs ont les bras liés. Soutenir ces derniers et faire appliquer les principes de la charte est donc nécessaire et urgent… Patrick Baudouin, président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), évoque le rôle que joue la FIDH à ce niveau là, dans une entrevue qu’il a accordée à L’Orient-Le Jour, lors de son bref séjour au Liban. Dans le cadre du colloque sur le thème Horizon 2000 : les droits de l’homme au Liban, M. Baudouin a assuré qu’un Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme a été conjointement créé par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT). «L’objectif de l’observatoire est bien précis, explique M. Baudouin. C’est un mécanisme d’alerte pour les défenseurs des droits de l’homme qui sont victimes d’exaction, de harcèlement ou encore d’actes plus graves à leur égard». Cet observatoire a donc pour vocation de protéger tous les actes des défenseurs. «Mais simplement les défenseurs victimes d’atteintes particulièrement caractérisées à leurs droits», précise le président de la FIDH. «Je vise évidemment les arrestations arbitraires, les exécutions, la surveillance policière, les menaces sur les membres de leur famille, les pertes d’emploi, les atteintes à leurs biens et les attentats. Sur une année, nous avons examiné environ 150 cas dans le monde», ajoute-t-il. En ce qui concerne le Liban, M. Baudouin explique : «Si nous sommes saisis d’atteintes contre un ou plusieurs défenseurs des droits de l’homme au Liban, il est évident que nous intervenons dans le cadre de l’observatoire en alertant la communauté internationale et en demandant que la protection de ces défenseurs soit assurée». Pour une meilleure application des droits de l’homme La FIDH joue un rôle important à ce niveau là. M. Baudouin souligne «que la FIDH est intervenue sur le Liban en 1994. À l’époque, nous avions effectué une mission d’enquête sur la situation des droits de l’homme», explique-t-il. Et de poursuivre : «Nous avions examiné particulièrement les conditions des arrestations, les mauvais traitements infligés aux prisonniers, la condition des jugements, les procès expéditifs, les peines excessives, la nature politique d’un certain nombre de procès, le rôle des Forces de sécurité avec la mainmise syrienne en la matière, les problèmes de liberté d’association, de liberté d’opinion et en particulier de liberté de la presse». «Cinq ans après, ces mêmes problèmes subsistent, commente-t-il, et toutes ces question sont d’actualité». Pour cela, la FIDH essaie d’agir en liaison avec les organisations libanaises existantes de défense des droits de l’homme et sur des thèmes qui peuvent avoir un impact international. «Je pense surtout à la question des prisonniers libanais en Syrie ou à la question des prisonniers libanais détenus par les Israéliens», note M. Baudouin En ce qui concerne les prisonniers libanais en Syrie, la FIDH a travaillé en coordination avec l’organisation Solida. «Nous avons organisé des conférences de presse à Paris avec Amnisty International pour demander et exiger la libération des prisonniers détenus en Syrie», précise M. Baudouin. «Nous avons constaté avec satisfaction qu’un certain nombre d’entre eux ont été libérés. Malheureusement, il en reste beaucoup, poursuit-il. Les autorités syriennes, comme les autorités libanaises d’ailleurs, se refusent même à donner les informations qui permettraient de rassurer les familles. Nous demandons d’abord des informations et nous demandons à avoir une liste précise des personnes qui restent emprisonnées. Nous demandons aussi leur rapatriement au Liban et qu’ils soient libérés ou en tout cas jugés dans des conditions parfaitement équitables». Quant aux prisonniers libanais détenus par les Israéliens, la situation est similaire sur le plan humanitaire mais «elle est différente sur le plan de la publicité qui lui est donnée», fait remarquer le président de la FIDH. Et d’ajouter : «Nous savons qu’au Liban, il y a des organisations qui se battent en faveur de ces prisonniers. Nous savons aussi que la presse libanaise est davantage à l’écoute de cette question. Mais nous sommes profondément choqués par le comportement des autorités israéliennes, compte tenu des détentions de très longue durée pour certains de ces prisonniers, du mauvais traitement qu’ils subissent, des morts en détention, de la torture et du fait qu’il n’y a pas eu de procès équitables menés ; alors qu’Israël prétend au titre d’État de droit. Ce qui nous amene donc à intervenir avec beaucoup d’insistance, pour obtenir des informations nécessaires, afin que l’on puisse aller dans les prisons et que tous les prisonniers soient libérés ou jugés dans des conditions équitables». Les droits de l’enfant M. Baudouin affirme que la FIDH condamne «tout ce qui peut être torture et mauvais traitement des enfants». Et d’ajouter : «Nous avons mené au cours de l’année une grande campagne en faveur des droits des enfants, contre l’exploitation sexuelle de ceux-ci ou contre le travail forcé. Là aussi, c’est un combat qu’il faut mener à grande échelle. Parce que ce problème d’atteinte aux droits de l’enfant est grave et révoltant». Mais parer à ce problème ne peut se faire qu’avec «le concours des bonnes volontés locales, individuelles et celles regroupées au sein d’associations qui militent en faveur du respect des droits de l’enfant», conclut M. Baudouin.
Cinquante ans après la proclamation de la charte internationale, les droits de l’homme au Liban demeurent bafoués et leurs défenseurs ont les bras liés. Soutenir ces derniers et faire appliquer les principes de la charte est donc nécessaire et urgent… Patrick Baudouin, président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), évoque le rôle que joue la...