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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Droits de l'homme - Séminaire de la commission Justice et paix à l'USJ Charte internationale et réalités libanaises

À l’occasion du 50e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, la commission «Justice et Paix» au Liban a organisé un séminaire sur le thème «Horizon 2000 : les droits de l’homme au Liban», et ce samedi 28 novembre à de la faculté des sciences médicales de l’Université Saint-Joseph. Dans son allocution d’ouverture, le Dr Fadi Gerges, secrétaire général de la commission «Justice et Paix» au Liban, a cité trois buts essentiels du colloque. Il s’agit en premier lieu de «renforcer la conscience nationale quant au respect des droits de l’homme notamment ceux compris dans la Charte internationale des droits de l’homme et dans la Constitution libanaise». Il faut ensuite «coordonner avec les institutions nationales et internationales en vue de fortifier et de consolider les pratiques pour un respect total des droits de l’homme». Il serait enfin nécessaire de faire «des recommandations qui contribueront à l’évolution des lois et des systèmes pour qu’ils soient compatibles avec les bases et les concepts des droits de l’homme tels qu’ils sont conçus sur le plan international.» Le député Michel Moussa, président de la commission parlementaire des droits de l’homme a insisté dans son discours sur le rôle de celle-ci dans la défense des droits des Libanais détenus dans les prisons israéliennes et de ceux de l’ouvrier, de la femme et de l’enfant. Représentant le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, Mgr Maroun Sader a déclaré que la Charte internationale des droits de l’homme au Liban a besoin «d'exécutants et non de théoriciens car la morale n’est pas contenue dans le texte mais dans l’application du texte.» Première séance Cinq conférenciers sont intervenus lors de cette première séance, présidée par MM. Pierre Daccache, député de Baabda, Khalil Sfeir, doyen de l’Institut supérieur de la Sagesse pour l’enseignement du droit, et Georges Bitar. Le député Nayla Mouawad, présidente de la sous-commission parlementaire des droits de l’enfant, a soulevé le problème de ces derniers au Liban. Mme Mouawad a mis l’accent sur cinq droits vitaux pour l’enfant : «Le droit à la vie, le droit à la santé et au développement, le droit à l’éducation et à l’enseignement, le droit à la protection, la réinsertion sociale et le bien-être et le droit à un environnement sain». De même, elle a énuméré les principales réalisations de la sous-commission: «La suppression de la phrase “enfant bâtard” de la carte d’identité, l’exigence des examens médicaux avant le mariage et le relèvement de l’âge de travail de 8 à 13 ans». Mme Afifé Sayed, chercheur en sciences humaines, a évoqué le «rôle des associations civiles dans la protection des droits de l’enfant». Celui-ci englobe «la prévention des droits de l’enfant au niveau de l’information et de la participation; la protection des droits de l’enfant à travers la consécration et l’application des lois ainsi que l’élimination des lacunes au niveau du développement social, éducatif, sanitaire et humanitaire». De son côté, Me Chakib Cortbawi, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats au Liban, a abordé la question «du droit des peuples à l’autodétermination». «Des lois justes, la liberté de penser et de s’exprimer, la liberté de l’information, la liberté de rassemblement, la liberté de former des associations et l’autonomie du pouvoir judiciaire sont les bases internationales des élections démocratiques libres», a déclaré Me Cortbawi. «Le Liban est loin d’appliquer ces normes internationales», a-t-il ajouté. De son côté, Me Patrick Baudouin, président de la Fédération internationale des ligues droits de l’homme (FIDH) a assuré que la FIDH a mis en place en 1995 un «programme spécifique intitulé “L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme”». Et d’ajouter : «Fonctionnant depuis juillet 1997 en partenariat avec l’Organisation mondiale contre la torture, l’Observatoire a d’ores et déjà eu à connaître près de deux cents cas de répression visant des défenseurs dans une quarantaine de pays.» Me Nagib Néaïmeh, avocat et enseignant à l’Institut arabe des droits de l’homme, s’est penché sur le degré d’application des «droits civils et politiques figurant dans la déclaration universelle». «L’article 5 de la déclaration interdit la torture et les mauvais traitements», a-t-il déclaré. Or, au Liban, les choses ne se passent pas ainsi selon Me Naïmeh qui affirme que la majorité des détenus sont battus et torturés et se trouvent contraints à avouer des choses qu’ils n’ont pas commises rien que pour voir cesser la torture. «Les textes ne manquent pas, mais c’est la volonté qui manque», a-t-il déclaré. Liberté de la presse et autocensure M. Issa Goraieb, rédacteur en chef de L’Orient-Le Jour, a inauguré cette deuxième séance présidée par M. Richard Chémali, doyen de la faculté de droit à l’USJ, et le Dr Roland Tomb, coordinateur de ce congrès. L’intervention de M. Goraieb a porté sur la «liberté de la presse et l’autocensure». «En matière de liberté de presse, le Liban a fait – et continue de faire – figure de privilégié dans cette partie du monde où règne la règle de l’uniformité et de la vérité officielle», a déclaré M. Goraieb. «S’il est incontestable que nous avons bien de la chance par rapport à bien de nos confrères d’ailleurs, la presse libanaise reste sujette à bien des contraintes : celles de la loi ; mais aussi, trop souvent, celles découlant des pressions diverses, déclarées ou occultes et qu’il est convenu de gérer pudiquement sous la rubrique “autocensure”», a-t-il ajouté. Et d’affirmer : «Dans le Liban d’aujourd’hui, l’autocensure est devenue le maître mot en matière de liberté d’expression. Dans son acception la moins honteuse, au demeurant, celle-ci est pratiquée même dans les plus grandes démocraties : toute vérité n’est pas toujours bonne à dire, et la grande presse sait se montrer sensible, elle aussi, à la raison d’Etat. À côté de ce “noble” devoir de retenue relevant de la morale politique, à côté plus prosaïquement, des omissions dites de complaisance, l’autocensure peut être motivée, sous nos latitudes, par la plus élémentaire des règles de prudence. La presse, écrite ou audiovisuelle, est encline à ménager les puissants». «Malgré sa remarquable vitalité, malgré ses audaces, la presse n’est plus ce Quatrième Pouvoir qu’elle fut naguère au Liban ; il ne fait pas de doute qu’elle le redeviendra, le jour béni où les autres pouvoirs retrouveront, eux aussi, réalité et consistance. Et où sera rétablie cette règle de base évoquée il y a un moment, et sans laquelle notre système n’a de démocratique, finalement, que le nom.» M. Khalil Abou Rjeily, chercheur en sciences humaines, a demandé qu’une «charte des droits des déplacés» soit proclamée afin de garantir leurs droits et leur cause qui, jusqu’à nos jours, n’a été abordée que d’un «point de vue milicien». M. Monah Solh, écrivain et homme politique, s’est demandé si le Liban «serait un pays des droits de l’homme». Et de répondre : «Au Moyen-Orient, le Liban est le candidat qualifié à jouer le rôle légal pour activer les droits de l’homme.» Par ailleurs, M. Abdel Salam Sidahmed, membre d’Amnesty International, a déclaré : «La charte internationale des droits de l’homme est la propriété de chaque citoyen avant d’être celle des gouvernements. Il est temps de la reprendre des gouvernements». Et d’affirmer que la campagne que mène Amnesty International vise à amener les gens à respecter et à suivre les principes énoncés dans la Déclaration internationale des droits de l’homme. Quant à Me Ghassan Moukheiber, il a soulevé le problème de la coordination entre les différents défenseurs des droits de l’homme, celui des pressions exercées sur certains avocats qui défendent ces droits ainsi que l’attitude des autorités étatiques vis à vis des défenseurs des droits de l’homme. Éducation et racisme Quatre intervenants ont pris la parole lors de cette dernière séance présidée par Me Chebli Mallat, avocat et juriste et le Dr Fadi Gerges, secrétaire général de la commission Justice et Paix. Mgr Camille Zeidan, secrétaire général de l’enseignement catholique au Liban, a soulevé le problème de la liberté de l’éducation en se basant sur l’article 10 de la Constitution libanaise, l’article 26 de la Charte internationale des droits de l’homme et le deuxième chapitre de la charte «la vraie éducation» qui a paru en 1949. «Tous ces textes garantissent la liberté et le droit à l’enseignement et l’éducation ainsi que la liberté des communautés à fonder leurs écoles», précise Mgr Zeidan. Et d’affirmer que «le Liban est un exemple dans la démocratie». De son côté, Mme Tina Achkar-Naccache, chercheur en sciences humaines, a abordé le problème du mauvais traitement auquel sont soumises les employées de maison étrangères et qui revêt la forme de l’esclavage. «L’Etat et les citoyens sont responsables de cette situation», a affirmé Mme Naccache. Et d’ajouter, révoltée : «Au Liban, le racisme est permis. Il est permis de haïr les ouvriers syriens, il est permis de haïr une personne à cause de la couleur de sa peau. il est, de même, permis de vendre les êtres humains. Et l’État ne fait qu’encourager cette situation.» Pour sa part, le P. Élie Nasr, secrétaire général du comité des droits des prisonniers, a soulevé le problème des «prisons et des prisonniers au Liban». «Tout le monde se plaint de l’état minable des prisons et estime que la réhabilitation de celles-ci relève de tel ou tel ministère», a déclaré père Zeidan. Et d’ajouter : «Le problème réside dans la mentalité et la conduite vis-à-vis de ce prisonnier». Il s’est adressé enfin aux différents ministères et les a invités à améliorer la situation du prisonnier tant sur le niveau judiciaire que sur le niveau éducatif, sanitaire, matériel et social. Enfin, Me Waël Kheir, directeur exécutif de la Fondation pour les droits de l’homme et le droit humanitaire, a insisté sur «le rôle du Liban et de Charles Malek dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme».
À l’occasion du 50e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, la commission «Justice et Paix» au Liban a organisé un séminaire sur le thème «Horizon 2000 : les droits de l’homme au Liban», et ce samedi 28 novembre à de la faculté des sciences médicales de l’Université Saint-Joseph. Dans son allocution d’ouverture, le Dr Fadi Gerges, secrétaire...