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Actualités - ANALYSE

Les relations Damas-Beyrouth Jumelage à l'extérieur, soutien total à l'intérieur

Un léger retour en arrière : nouvellement investi de ses fonctions présidentielles, après les événements de 1958, Fouad Chéhab avait fondé toute la stabilité du pays sur une seule rencontre avec Abdel Nasser, alors maître de la Syrie. À la manière du célèbre Camp du Drap d’or réunissant François Ier et Henry VIII, une tente avait été dressée à la frontière libano-syrienne. Là, entre quatre yeux sinon entre quatre murs, les deux chefs d’État s’étaient expliqués franchement. Et il en était sorti un accord qu’ils devaient par la suite scrupuleusement respecter l’un et l’autre. Le Liban s’engageait à mettre ses pas dans ceux de la République arabe unie en matière de défense et d’affaires étrangères. Et Le Caire, très influent dans les instances mahométanes locales, appuierait à fond le régime Chéhab sur le plan intérieur. C’est – pour le moment – une réédition de ce scénario qui semble s’ébaucher. Le président Émile Lahoud a bien précisé dans son discours-programme qu’en matière de défense et de politique étrangère, Beyrouth restera organiquement lié à Damas. De son côté, la Syrie a, jusqu’à présent, manifesté une confiance totale au général, lui laissant carte blanche et le soutenant à fond sur le plan intérieur. Nouveau flash-back : il y a quarante ans, Nasser le charismatique était à son apogée. Jamais depuis la fin de l’ère de la colonisation un leader n’avait été aussi populaire dans l’ensemble du monde arabe. Au Liban même, il était l’idole de la grande majorité des mahométans. Il était donc tout à fait normal et nécessaire que le pouvoir libanais fût en bons termes avec lui. Mais il était tout aussi normal et nécessaire que cela fût sans servilité. Ce qui n’a pas empêché les contempteurs du chéhabisme d’exploiter à fond auprès de la partie chrétienne des sentiments naturels de méfiance à l’encontre du nassérisme pour lutter contre le régime. Un bras de fer qui devait aboutir (mais bien plus tard, après la terrible défaite nassérienne de juin 67) à la raclée électorale infligée dans la partie chrétienne du pays au Nahj par le Helf en 1968. Pour ce qui est des temps présents, on peut noter que depuis plus de vingt ans, le président syrien Hafez el-Assad fait figure de nouveau champion de l’arabisme, surtout après la défection de Sadate en 77-78. L’ancien général d’aviation est sans doute le leader arabe le plus respecté et les Américains notamment reconnaissent depuis longtemps qu’il est incontournable, qu’il ne peut y avoir de paix dans la région sans lui. Et aussi, qu’il a pleinement droit à un rôle prépondérant au Liban. Il est donc compréhensible que Beyrouth s’aligne sur Damas et associe son volet au sien en ce qui concerne le processus de paix régional. La 425 n’est pas la 242 C’est cette politique que la république issue de Taëf suit. En laissant de côté, on le sait, l’option purement libanaise défendue auparavant. À savoir que ni de près ni de loin le cas du Sud occupé n’avait rien à voir avec toute autre considération régionale, que l’invasion sioniste n’avait pas été le résultat d’une guerre régulière et qu’elle avait happé un territoire sur lequel, du propre aveu des Israéliens, il ne pouvait y avoir aucune contestation d’appartenance. Même le Cabinet Hoss soulignait que la 425 ne souffrait aucun rapprochement avec la 242. Mieux encore, dans ce même esprit, lorsque les invitations pour Madrid avaient été lancées, le président Nabih Berry en personne, et à l’instar de toutes les notabilités sudistes, avait estimé que nous ne devions pas nous y rendre, car nous n’avions rien à négocier, tout le droit étant pour nous. Mais les réalités des rapports de force l’ont vite emporté sur la logique pure. Désormais, au nom d’une alliance organique naturelle, la Syrie obtenait le droit de disposer sur le plan diplomatique de la carte libanaise. Et les autorités libanaises, chef d’État en tête, s’étaient empressées de supplier le président Assad de négocier au besoin pour elles. Ce que, par la bouche de son ministre des Affaires étrangères, il avait refusé, soulignant que chacun conduirait lui-même son char, à cette nuance près qu’aucun des deux pays frères ne signerait une paix séparée avec Israël. Vis-à-vis de l’occupant, le précédent régime a refusé tout retrait israélien conditionnel, le président Hraoui répétant qu’après le départ de l’occupant, aucune balle ne serait jamais tirée sur la Galilée à partir du territoire libanais. Dans son discours d’investiture, le général Lahoud a souligné que le Liban refuse de donner des assurances et que les seules garanties que tous les protagonistes peuvent souhaiter doivent découler d’un accord de paix globale, véritable et équitable. Il a ajouté que dans le cadre d’une telle perspective de paix, le Liban veut, au titre de son intérêt national supérieur, entretenir le jumelage de son volet avec celui de la Syrie, en base d’un retrait israélien total du Sud, de la Békaa-Ouest et du Golan.
Un léger retour en arrière : nouvellement investi de ses fonctions présidentielles, après les événements de 1958, Fouad Chéhab avait fondé toute la stabilité du pays sur une seule rencontre avec Abdel Nasser, alors maître de la Syrie. À la manière du célèbre Camp du Drap d’or réunissant François Ier et Henry VIII, une tente avait été dressée à la frontière...