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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Partis - Le changement dans la continuité idéologique Le Amid annonce le retour en force du BN

Le Bloc national fait peau neuve. Non pas tant du point de vue de son idéologie, qu’il n’a jamais remise en question ni cessé de défendre. Mais plutôt sur le plan de la forme, à travers une restructuration du parti; sur le plan de la politique générale ensuite, avec sa récente décision de réintégrer la vie politique. Dans le prolongement du séminaire de Paris qui a eu lieu il y a 4 mois, le BN a organisé samedi dernier un congrès qualifié d’«historique» par ses membres, puisqu’il inaugurait une nouvelle phase dans l’évolution de cette formation politique qui s’était relativement dégagée de la vie publique. Cette rencontre a permis aux 170 participants de discuter et d’entériner trois points essentiels qui vont marquer la nouvelle orientation : réorganisation des assises, retour sur la scène politique, prise de position concertée quant à l’attitude à prendre par rapport au nouveau régime. Venus de tous les coins du pays, les nostalgiques du BN ont eu droit à des retrouvailles émouvantes. Mis à part quelques prises de positions ponctuelles, mais toujours aussi intransigeantes, annoncées par le Amid depuis la capitale française, ou encore, quelques réunions à la bonne franquette qui se tenaient, à intervalle régulier, chez l’un ou l’autre, la Ketlé s’était nettement éloignée de la scène politique. Ce retrait était d’autant plus accentué que le chef du parti, en raison des circonstances, avait opté pour un long exil. Sur un autre plan, n’ayant pas pris part au conflit libanais, et ayant dénoncé Taëf et tout le processus qui s’en était ensuivi, le BN n’avait pratiquement plus de rôle sur l’échiquier politique. Son leitmotiv était : «Retrait de toutes les forces étrangères du Liban». Hormis cette revendication les choix étaient d’autant plus réduits que Raymond Eddé ainsi que nombre de ses partisans avaient été plus d’une fois menacés dans leur personne. «Par une sorte d’obligation morale, dira un ancien routier, le Amid se devait d’épargner la vie de ses camarades. «Il avait alors demandé que soient mises en veilleuse les activités du BN», ajoute cette personne, en réponse «à nos détracteurs, ou à tous ceux qui ont vu à travers l’exil du Amid un acte de lâcheté ou de désintéressement pour la cause libanaise». Place aux nouvelles générations Aujourd’hui, le changement de cap est évident. La réunion de Paris, qui avait regroupé quelques responsables, est venue prévenir tout risque d’éclipse sur la scène nationale. Le feu vert avait alors été donné par le Amid pour réactiver le BN. Après avoir réalisé qu’une «absence prolongée risquait d’envoyer aux calendes grecques un parti qui a accompagné le Liban depuis sa naissance et de l’effacer de la mémoire de ses fils», comme disait un des membres du comité exécutif, il était urgent de mettre fin au boycott qui avait été décrété. Dans un long discours, retransmis à partir de Paris, le Amid a annoncé clairement qu’une nouvelle phase de l’histoire du Bloc national venait d’être entamée, marquant ainsi le début d’un notable changement d’orientation. Sans pour autant renoncer aux principes sacro-saints telle la revendication de l’unité, de l’indépendance et de la souveraineté du Liban, combinés à une dénonciation quasi permanente des pouvoirs qui se sont succédé depuis l’éclatement de la guerre civile. Le Amid annonce samedi que la prochaine étape requiert «une prise de conscience aiguë pour resserrer les rangs et déjouer les complots contre le Liban». Dans son discours, M. Raymond Eddé met aussi l’accent sur la nécessité de «réintégrer en force la vie politique», et ce par le biais d’une réorganisation du parti qui s’attellera désormais à consolider sa situation et à propager ses principes au Liban et ailleurs dans le monde. Cette mini-réforme interne prélude à «une ouverture capitale sur notre assise populaire et partisane». Dans cette optique, il s’agit d’une part de faire connaître le parti aux nouvelles générations – d’où une décision de «développer les sections estudiantines afin de motiver les jeunes pour qu’ils prennent part à la vie politique» – et d’autre part de se préparer à la prochaine bataille électorale. Démocratisation et délégation de pouvoirs Cette nouvelle orientation a été le fruit d’une longue concertation avec certains membres influents du parti qui auraient, semble-t-il, donné l’impulsion première pour déclencher le mouvement de «réforme». Ils auraient également obtenu le feu vert depuis Paris pour lancer leur action, d’où une plus grande liberté de manœuvre laissée aux assises. «Nous avons marqué notre désapprobation de la manière dont le président est parvenu au pouvoir, et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes abstenus de lui présenter nos félicitations», a affirmé M. Eddé dans son discours. Cependant, ajoute le Amid, «nous laisserons au nouveau président le temps nécessaire» pour faire ses preuves, et nous nous abstiendrons d’émettre notre avis jusqu’à ce qu’il ait eu le temps d’exercer le pouvoir pendant une certaine période, après quoi le parti décidera de l’opportunité d’une coopération avec le futur régime. C’est précisément cette question qui a marqué l’échéance représentée par la récente élection du président de l’assemblée du parti, reportée une première fois faute de quorum. Le scrutin s’est finalement soldé, le vendredi 13 novembre dernier, par l’élection de M. Edmond Chbeir, qui représente ceux qui prêchent la réserve face au nouveau régime; alors que ceux représentés par le président sortant, M. Sélim Salhab, prônaient une ouverture plus immédiate. Ce conflit, s’il «traduit une certaine pratique démocratique à l’intérieur du parti», comme disait samedi dernier un membre du BN, n’en présage pas moins le dilemme auquel le parti devra faire face à l’avenir. Car, s’il est vrai que les principes de transparence et de probité prêchés et religieusement suivis par le BN sont les mêmes que ceux affichés par le nouveau président, le général Émile Lahoud, la question reste de savoir dans quelle mesure ce dernier pourra jouir d’une certaine indépendance dans ses prises de décision, telles qu’annoncées, il y a quelque temps encore, lorsqu’il avait signifié que «le va-et-vient entre Beyrouth et Damas» sera réduit au minimum. Toutefois, l’on reste perplexe devant la revirement opéré dans la stratégie du BN. Si ce changement d’attitude se trouve justifié par la nécessité de transmettre aux générations futures un legs idéologique dont la teneur nationale reste indiscutable, il est plus malaisé de comprendre les raisons pour lesquelles le BN a aujourd’hui décidé de se préparer aux élections législatives de l’an 2000, les donnes n’ayant pas encore été modifiées. Le Amid croit-il que l’aube du XXIe siècle inaugurerait indubitablement un accord de paix avec Israël et donc le retrait du Liban de toutes les forces étrangères? Il s’agit peut-être là d’une hypothèse à laquelle les Libanais voudraient bien croire.
Le Bloc national fait peau neuve. Non pas tant du point de vue de son idéologie, qu’il n’a jamais remise en question ni cessé de défendre. Mais plutôt sur le plan de la forme, à travers une restructuration du parti; sur le plan de la politique générale ensuite, avec sa récente décision de réintégrer la vie politique. Dans le prolongement du séminaire de Paris qui a eu...