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Actualités - REPORTAGE

Tournage - Un destin dans la tourmente "Derrière les lignes" de Jean Chamoun (photo)

«Derrière les lignes» (titre provisoire) est le dernier long métrage en préparation à Beyrouth. Depuis le 9 octobre dernier, la caméra de Jean Chamoun sillonne le pays. Du Liban-Sud à Sodeco, en passant par Wadi Abou Jmil, Wata Mousseitbé, Gemmayzé, Fanar et Wardié. Elle met sur pellicule les séquences. Sortie prévue en mars, si le financement ne fait pas défaut. Pendant une semaine, c’est dans le secteur Sodéco que l’équipe a opéré. Occupant le terrain avec son déploiement de câbles, de sunlights et de caméras. Une impasse qui débouche sur une cour intérieure bordée de trois vieux immeubles de style libanais. C’est là qu’habitent les parents de Rami. La semaine suivante, tournage à Gemmayzé. Les habitués de Kahwet el Ezaz n’en reviennent pas : leur café, vidé de ses tables de marbre et de ses chaises en bois, se retrouve placé sous les feux de la rampe… «C’est l’histoire de Rami» raconte le réalisateur. «Cet enfant arrive avec sa famille à Beyrouth. Ils ont été chassés du Sud par les incessantes incursions israéliennes. Nous sommes en 1974». Rami a alors 12 ans. Issu d’un milieu pauvre, il est obligé de travailler pour aider ses parents. Il est embauché comme garçon de bistro. «Le café est un microcosme. Il est à l’image de notre société : convivialité et tolérance y sont les maîtres mots. Rami s’y sentait bien». Entouré de Walid et de Yasmine, il vivait heureux. Mais voilà, les évènements vont tout mettre sens dessus dessous. Le climat social se métamorphose de jour en jour. Les incidents sont de plus en plus meurtriers. L’atmosphère du café devient petit à petit irrespirable. La haine finit par tout vicier. Salwa, la patronne du bistro, décide de fermer boutique. «C’est la première période du film, les années soixante-dix». Deuxième partie, les années quatre-vingts. «Rami a subi deux chocs : la fermeture du café qui représente l’effondrement de tout son univers ; et le déménagement de Yasmine et de ses parents». La guerre fait rage. Notre héros refuse de prendre parti. Il s’engage comme secouriste. Mais la guerre va le rattraper. Son père est enlevé. Rami s’engage dans une des milices de Beyrouth. «Mais il essaye de préserver sa personnalité». Et au lieu de prendre des otages à son tour, il met en liberté des prisonniers laissés à sa garde… Troisième période en forme de synthèse : au lendemain de la guerre, Rami croise d’anciens miliciens, devenus les bâtisseurs de demain ! Pour sa part, il choisit d’enseigner le dessin aux enfants… Personnage utopiste Qui est Rami, un personnage imaginaire, par trop utopiste ? «Je pense que beaucoup de Libanais ressemblent à Rami. Pendant la guerre, ils ont été nombreux à refuser les compromissions, à être restés en marge du conflit et de ses tricheries. Ce sont d’ailleurs eux les vraies victimes de cette guerre», souligne Jean Chamoun. Pourquoi les choses ne changent pas alors ? «Historiquement le pays est constitué de manière à ne pas fonctionner. Mais dans mon histoire, je ne parle pas d’un événement en particulier je parle de différents destins d’hommes, la guerre n’est que la toile de fond.» Jean Chamoun se défend de tout pessimisme. «J’ai confiance. Je pense que les gens ont la capacité de faire des choses. Et je garde l’espoir de voir la situation évoluer, malgré tout».
«Derrière les lignes» (titre provisoire) est le dernier long métrage en préparation à Beyrouth. Depuis le 9 octobre dernier, la caméra de Jean Chamoun sillonne le pays. Du Liban-Sud à Sodeco, en passant par Wadi Abou Jmil, Wata Mousseitbé, Gemmayzé, Fanar et Wardié. Elle met sur pellicule les séquences. Sortie prévue en mars, si le financement ne fait pas défaut. ...