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Actualités - REPORTAGE

Archéologie - Saidoun ou Zabulon ? A Saïda , lieu de pèlerinage pour deux communautés (photos)

Israël vient de demander à Londres d’intervenir pour assurer la protection, à Saïda, de ce qu’il considère comme «un lieu biblique». Selon Israël, il s’agirait du mausolée de Zabulon, l’un des 12 fils de Jacob. Quel crédit accorder à cette affirmation? Situé à proximité de la Place des Martyrs à Saïda, la tombe de Saïdoun (Maqâm Saïdoun), a donné son nom au quartier et à la rue. Entouré d’un jardin fraîchement planté par les wakfs sunnites de la ville, aidés par les voisins, ce monument cubique à coupole n’a gardé de son passé prestigieux qu’un petit mihrab et deux pierres tombales. En fait, il s’agit d’une tombe mémoriale (cénotaphe) plus que d’un mausolée, puisqu’il semble n’y avoir aucune trace de restes humains. Selon M. Talal Majzoub, professeur à l’Université libanaise, «il y a deux cents ans, la tombe de Saïdoun n’existait probablement pas. Quelques voyageurs occidentaux du siècle dernier en parlent, mais aucune inscription n’a été trouvée pour illustrer la date de sa construction. Elle a été presque détruite par l’invasion israélienne en 1982, pour être restaurée ultérieurement par les wafks». Lieu de pèlerinage L’histoire nous apprend que chaque prophète, descendant de prophète ou simple homme pieux connu dans sa région finit par avoir un mausolée. Les plus célèbres des prophètes bénéficient de plusieurs mausolées. À l’honneur de Sittna Zeïnab, par exemple, il existe quatre mausolée situés dans quatre pays différents. Les croyants et pélerins visitent ces monuments dont la signification spirituelle dépasse la signification. «Au début du siècle et jusqu'en 1948, une grande communauté juive vivait à Saïda dans un quartier du centre-ville. Les samedis et les jours de congé les Sidoniens, juifs et musulmans sortaient de la ville et partaient jusqu’au mausolée prier et se recueillir», se souvient le mufti Jalal el Dine. M. Majzoub assure pour sa part que «les Levi, les Cohen, les Diwan, les Poletti qui vivaient à Saïda pratiquaient leur religion tranquillement entre leur synagogue et cette tombe». «Les juifs visitaient le monument pour se sanctifier, faire des offrandes et l’orner de citations hébraïques inscrites sur des pierres. Les musulmans se rendaient aussi à ce site et l’ornaient des versets du Coran», écrit Mounir el-Khoury dans son livre «Saïda dans l’Histoire». De ces inscriptions hébraïques et coraniques, rien ne reste. Les ouvriers et les voisins assurent qu’ils n’ont rien vu lors des dernières restaurations. Ce qui est sûr, et dont tout le monde se rappelle, c’est que la concorde a toujours régné dans ces lieux, et que les fidèles juifs et musulmans indistinctement se rendaient au mausolée pour s’y recueillir, chacun dans sa croyance. Deux prophètes dans un même mausolée ? «Zabulon est le dixième des fils de Jacob. Il a donné son nom à une des douze tribus d’Israël. Fils de Léa, il est né au Harran et a dû mourir dans le Sinaï pendant les quarante ans de la traversée du désert» assure le mufti Jalal el-Dine, se basant sur des études historiques et des documents anciens. «Il est certain, que son corps n’a pas été ramené jusqu’ici. Mais comme prophète, un mausolée portant son nom pourrait y avoir été édifié, comme dans d’autres régions du Liban ou ailleurs». Avec le temps, la prononciation de son nom a pu être déformée, et «Zabulon serait devenu Saïdoun». «Saïdoun est le fils aîné de Canaan, un des descendants de Noé», suggère M. Majzoub. «Pour cet ancêtre vénéré sur la côte libanaise, surtout à Saïda, un temple aurait pu être aménagé sur ce bout de terrain». «De toute façon, ajoute-t-il, la grande diffusion de son nom atteste qu’il s’agit bien d’un mausolée dédié à Saïdoun». La question ne saurait être réglée aussi simplement. Hélas, les passions politiques sont en ce moment à leur comble, et ne favorisent pas la poursuite d’une recherche purement historique et archéologique qui permettrait de démêler l’écheveau des traditions hébraïque et musulmane relatives au lieu. Pour le mufti de Saïda, les intentions israéliennes sont suspectes.L’État hébreu cherche à se poser aux yeux du monde en pays civilisé alors qu’en réalité, il spolie les musulmans comme les chrétiens, tout en se présentant comme le protecteur des lieux saints.
Israël vient de demander à Londres d’intervenir pour assurer la protection, à Saïda, de ce qu’il considère comme «un lieu biblique». Selon Israël, il s’agirait du mausolée de Zabulon, l’un des 12 fils de Jacob. Quel crédit accorder à cette affirmation? Situé à proximité de la Place des Martyrs à Saïda, la tombe de Saïdoun (Maqâm Saïdoun), a donné son nom au...