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Actualités - CHRONOLOGIE

Pour donner l'exemple et protéger les autres enfants exploités L'UPEL porte plainte contre les parents de la petite Fatmé (photos)

Après avoir fait la une des journaux pendant plusieurs jours, l’affaire de la petite Fatmé martyrisée par ses employeurs est presque retombée dans l’oubli. Amputée de sept orteils, la fillette de dix ans se remet lentement de ses blessures physiques et morales, après avoir été abreuvée de promesses officielles et officieuses. Mais combien d’autres petites filles souffrent en silence dans l’indifférence générale? C’est justement pour mobiliser l’opinion publique et pour lancer un avertissement à tous ceux qui abandonnent ou exploitent les enfants que l’Upel a porté plainte lundi contre les parents de Fatmé. Fatmé a peut-être cessé d’intéresser les médias, mais son cas est toujours présent dans certaines consciences, notamment dans celle de l’Union pour la protection de l’enfant au Liban. Cette organisation privée agréée par l’État qui la finance et assumant une mission de service public). Par la personne de son avocat, Me Georges Assaf, l’Upel a donc décidé de porter plainte contre le père de la petite, Mohamed Jassem, pour abandon d’enfant et exploitation d’un mineur. Le dossier a été remis au procureur général du Liban-Nord, Walid Eido. C’est certainement une première dans l’histoire du Liban et beaucoup de gens peuvent se demander s’il ne s’agit pas d’une initiative visant à valoriser l’Upel … Après tout, qui est le plus responsable : un père manquant totalement d’éducation et de moyens qui considère son enfant comme une source de revenu ou l’employeur aisé qui non seulement accepte de faire travailler un mineur mais de plus le maltraite ? Me Assaf est tout à fait conscient de ces arguments. Mais pour lui, il s’agit de lancer un avertissement à tous les parents qui utilisent leurs enfants comme source de revenu, leur volant ainsi leur enfance et parfois leur avenir. Certes, les employeurs sont certainement les plus coupables, mais ceux-là sont déjà punis et le parquet a engagé spontanément des poursuites contre les Hamed. Seulement, nul ne s’est risqué à incriminer les parents, sous prétexte qu’ils sont pauvres et qu’ils ont une vision déformée de la vie. Pourtant, selon Me Assaf, ils sont à l’origine des malheurs de leur petite fille. D’autant que lorsqu’ils ont essayé de la voir chez ses employeurs et que ceux-ci le leur ont interdit, ils n’ont pas réagi ni alerté les autorités, acceptant implicitement que Fatmé devienne la «propriété» de ses tortionnaires. Me Assaf cite l’article 500 bis du code pénal (amendé en 1993 à cause de la pression internationale) qui punit d’un an à trois ans de prison le parent qui abandonne son enfant pour quelque raison que ce soit. L’article 501 du même code condamne les parents qui laissent leur enfant dans le besoin, par refus ou par négligence. Or, selon Me Assaf, Mohamed Jassem est en excellente forme et il aurait pu chercher du travail à la place de sa fille. Enfin la Convention internationale sur les droits de l’enfant signée par le Liban en 1990 interdit l’exploitation de l’enfant. Elle s’applique donc au Liban, surtout en l’absence de textes contraires dans la loi libanaise. Les chefs d’inculpation pour incriminer le père de Fatmé ne manquent donc pas. Et l’Upel estime qu’il faut réagir afin d’en faire un exemple pour tous les autres parents qui exploitent leurs enfants. C’est la première fois d’ailleurs que l’Upel entame une action préventive, se contentant généralement d’être présente lorsque le mineur est arrêté, «faute de moyens», précise Me Assaf. Mais cette fois, «nous voulons déclencher une campagne contre l’exploitation de l’enfant», ajoute-t-il. Me Assaf s’étonne du fait que les autorités religieuses n’ont pas commenté l’affaire, alors que toutes les religions prévoient la protection de l’enfant et au nom de l’Upel, il estime qu’il est temps de réagir. «Le juge ne pourra pas éviter la condamnation de Jassem, déclare-t-il. Mais il aura la latitude de décider la peine. Pour nous, ce qui compte, c’est que tous les parents qui font travailler leurs enfants sachent désormais qu’ils sont passibles de poursuites». Une initiative dissuasive tout à fait louable donc, mais dans ce domaine, il y a encore tellement à faire. Et des dizaines d’enfants libanais continuent à travailler dans les pires conditions, alors que l’État n’assume pas ses responsabilités, tant au niveau de l’éducation des couches sociales défavorisées qu’à celui de la protection des enfants.
Après avoir fait la une des journaux pendant plusieurs jours, l’affaire de la petite Fatmé martyrisée par ses employeurs est presque retombée dans l’oubli. Amputée de sept orteils, la fillette de dix ans se remet lentement de ses blessures physiques et morales, après avoir été abreuvée de promesses officielles et officieuses. Mais combien d’autres petites filles...