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Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

Le rapport général de synthèse du colloque sur la mondialisation

Le vice-président de l’AUPEL-UREF et recteur honoraire de l’Université de Liège, en Belgique, M. Arthur Bodson (qui a été élu hier soir président de l’AUPELF-UREF), a donné lecture, en fin de matinée, du rapport général de synthèse du colloque sur la «Mondialisation et la Francophonie» qui s’est tenu mercredi et jeudi derniers au Palais de l’UNESCO. Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits de ce rapport de synthèse. «Le plan, le cheminement de ce colloque, qui était aussi un Forum de l’an 2000, était simple et rationnel. D’abord, tenter un constat sous le titre «Enjeux et défis de la globalisation», ensuite, entendre des réponses globales, des propositions à la Francophonie pour ne pas perdre les enjeux et pour relever les défis, sous le titre «Promouvoir nos valeurs et nouer des alliances»; enfin, revenir à nos universités francophones et plus spécialement à l’AUPELF-UREF, Agence universitaire de la Francophonie, pour leur faire, lui faire des suggestions, pour inviter à une adaptation sous le titre «l’Université reconfigurée». A côté du titre «Mondialisation et Francophonie», on pouvait lire «Vouloir demain». Cette formule ainsi que le plan global indiquent bien que le but des organisateurs est de nous pousser à l’action et pas seulement de se limiter à une analyse peut-être brillante, mais sans lendemain». «Le constat a été précédé de deux conférences inaugurales, je dirais même de trois, si l’on y ajoute celle de Michel Serres lors de notre séance d’ouverture. Il a avec talent et lyrisme bien mis en exergue la puissance des nouveaux outils d’enseignement et le nécessaire apprentissage tout au long de la vie. Ouvrant notre colloque, notre président Michel Gervais nous a, quant à lui, invités à concilier les préoccupations économiques avec la promotion de nos valeurs et la poursuite de nos rêves». «Les conférences inaugurales ont présenté, en écho à Michel Serres et à Michel Gervais, à la fois les divers aspects de la mondialisation et les valeurs essentielles à sauvegarder. D’une part, la puissance d’intervention du grand capitalisme international, la puissance particulière des Etats-Unis dans ce contexte, qui entraîne à la fois la diffusion grandissante de leur langue et leur capacité, et même leur volonté affichée, de recruter les élites mondiales à leur service, notamment au plan scientifique. Face à cela, l’essentiel à sauvegarder: refuser d’être réduit au rôle de contribuable et d’usager pour rester un citoyen intégral, refuser de n’être que consommateur pour rester un homme, refuser d’être un objet pour rester un sujet». «Nous pouvions dès lors entrer dans des analyses plus précises. Personne n’a contesté le caractère inéluctable et les aspects positifs de la mondialisation. Nous n’en sommes plus là, même si toute critique est trop souvent considérée comme un refus global. A cet égard, la Francophonie doit refuser l’image rétrograde que l’on essaye parfois de lui coller à la peau». «Les dangers, les défis et les enjeux n’en demandent pas moins une particulière vigilance. Car il est bien vrai que la mondialisation provoque et accélère de graves perturbations et de douloureuses exploitations dans le monde du travail, même si elle entraîne la croissance dans les pays à développer, il est bien vrai que «les six commandements de Davos», comme le dit Monsieur Petrella, nous exproprient de dix manières, même si l’ouverture du monde nous offre des possibilités inespérées, il est bien vrai que la poursuite incontrôlée et apatride du profit crée des déséquilibres insoutenables et met en péril l’environnement par excès de richesse au Nord et de pauvreté au Sud, il est bien vrai que les nouveaux médias, sur lesquels tout regard critique est sacrilège, ne conduisent pas au partage». «Les auteurs de ces constats lucides nous ont tracé des pistes de réflexions et surtout d’action. «La principale et la plus partagée me semble être la restauration de la citoyenneté, la remise en honneur de la res publica, cible privilégiée de ceux qui veulent avoir les mains libres dans le monde. Les nations, les patries, les groupes de nations, dont la Francophonie, les groupes les plus agressés (enfants, femmes et, en général, les plus faibles), les syndicats doivent garder ou reprendre leur rôle régulateur et équilibrant» «Nous pouvons déjà en tirer quelques leçons. Si les droits fondamentaux doivent être réaffirmés et reconquis, pour que le système n’aille pas «droit dans le mur», comme l’a dit Monsieur Trémeaud, le réseau de l’AUPELF qui s’y consacre doit être plus que jamais soutenu. Si l’on nous débauche nos élites, la Francophonie doit le savoir et se défendre en ouvrant ses portes à l’excellence. Si notre culture, notre patrimoine, privilégie l’universel plus que le global, il faut le remettre en valeur auprès de nos jeunesses. Si nous voulons des cohabitations harmonieuses, il faut repenser, mieux connaître et respecter nos identités multiples. Si nous voulons prévenir les déséquilibres ou les ruptures insoutenables, il faut consacrer de gros moyens au développement». «De ces propositions, nous pouvons tirer une conclusion pratique en citant M. Nabih Berry. Si la Francophonie veut s’engager dans ces combats, nous devons, je crois, suivre la recommandation qu’il nous a faite et que voici: «Le développement du dialogue institué dans ce Colloque doit se transformer en une institution permanente d’étude et de recherches dans le cadre de la Francophonie, capable de se prononcer sur les conceptions de la mondialisation en tant que phénomène progressif et actif, et de définir le rôle de la Francophonie dans l’interdiction de l’hégémonie de l’une des forces de l’ordre mondial actuel». «C’est un rôle qui devrait être assigné à notre Institut des Hautes Etudes Francophones. Car il est du rôle de l’Université de réfléchir au sort de la collectivité dont elle est l’émanation et d’alimenter de cette réflexion les responsables politiques et les décideurs en général». «La deuxième étape de nos réflexions nous a précisément incités à une action francophone globale et concertée. Des exposés très riches d’hier après-midi mercredi fondés sur des analyses analogues à celles du matin, on retiendra la nécessité et l’urgence de grands regroupements tels que la Francophonie, notamment l’appel à la Lusophonie ou à l’Hispanophonie, regroupements au sein desquels d’autres règles du jeu soient respectées et, surtout, regroupements capables, par la force que leur donne leur ampleur, d’infléchir les décisions des grands organismes mondiaux de décisions. Le Liban et Maurice ont aussi été décrits comme des exemples de sociétés où le respect mutuel est la règle et qui peuvent servir de références à la Francophonie et au monde». «Mais une question inquiète certains intervenants. La Francophonie, nos pays membres et les principaux d’entre eux sont-ils décidés à jouer ce rôle de contre-exemples? La Francophonie n’est-elle pas frileuse, pusillanime et même inconsciente des dures réalités qui la menacent? Pourquoi ne pas concéder à la Francophonie politique quelques bribes de souveraineté, que l’on ne ménage pas, par exemple, à l’Union européenne? Pourquoi ne pas renforcer l’espace économique, médiatique, de libre circulation? Pourquoi ne pas créer une banque de développement? Bref pourquoi renoncer à peser lourd et autrement? Il est des domaines, comme l’exception culturelle, les stratégies de l’AMI ou de l’OMC, où il faut savoir ne pas composer, dire non et se battre. La mondialisation, qui nous force à cohabiter, doit nous pousser à renforcer notre identité et notre unité et à proposer avec force un autre rêve fondé sur nos valeurs spécifiques». «De l’après-midi d’hier, je retiendrai une devise: «De l’audace!» et de la matinée un idéal:«Le citoyen debout». On en est venu ce matin (hier) à l’Université, à la fois à nos universités séparées, à nos systèmes nationaux et à l’AUPELF-UREF. On a souligné d’abord l’insertion des universités dans un contexte mondial de concurrence à laquelle, au Nord, on s’ouvre rapidement. Elle appelle le recrutement de professeurs et d’étudiants sur une base plus large, leur insertion aussi dans des réseaux élargis. Cette insertion appelle comme complément et condition de succès pour les universités de s’intégrer à leur voisinage immédiat et de mettre en commun leurs politiques et ressources. La cohabitation nationale est au cœur de l’internationalisation». «Les connaissances scientifiques sont d’emblée internationales, mais les conditions de leur production et de leur acquisition sont, elles, spécifiques, et, pour nos pays, liées à notre environnement francophone, qui imbibe les formes d’appropriation de ces connaissances».
Le vice-président de l’AUPEL-UREF et recteur honoraire de l’Université de Liège, en Belgique, M. Arthur Bodson (qui a été élu hier soir président de l’AUPELF-UREF), a donné lecture, en fin de matinée, du rapport général de synthèse du colloque sur la «Mondialisation et la Francophonie» qui s’est tenu mercredi et jeudi derniers au Palais de l’UNESCO. Nous...