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Actualités - CHRONOLOGIE

Son procès s'ouvrira le 12 mai devant la cour de cassation Amnesty International soulève le cas d'Antoinette Chahine

Une jeune fille de 23 ans arrêtée, torturée, puis accusée du meurtre d’un curé. C’est la triste histoire d’Antoinette Chahine, interpellée une première fois et placée en garde à vue pendant un mois et demi (du 23/3 au 5/5/94) dans le cadre de l’enquête sur l’attentat contre l’église de Zouk, le 27 février 1994, puis arrêtée une seconde fois le 9 juin 1994 et condamnée à la peine capitale, commuée en détention à perpétuité le 7 janvier 1997, par la cour criminelle du Mont-Liban. Le 12 mai, Antoinette Chahine comparaîtra de nouveau devant la Cour de cassation, chambre pénale, car ses avocats ont contesté le jugement de la Cour d’appel. Mais en attendant la nouvelle décision, son sort a ému Amnesty International, dont une délégation a rédigé un rapport spécial sur son cas, dans l’espoir d’attirer l’attention des autorités sur le sort de cette malheureuse. Certes, ce n’est pas à l’organisation internationale de décider si Antoinette Chahine est coupable ou non du crime dont elle est accusée, mais comment se taire face aux tortures dont a été victime la jeune fille, au cours de son arrestation; tortures qui ont été confirmées par le rapport médical du médecin légiste le Dr Elias Sayegh. Selon le rapport d’Amnesty, le Dr Sayegh a examiné Antoinette Chahine, le 17/6/ 94, c’est-à-dire 8 jours après sa seconde arrestation. Dans son rapport, il constate que la jeune fille souffre de blessures dans les avantbras et les poignets et de brûlures diverses dans les jambes et la plante des pieds ainsi que d’une plaie ouverte dans la cuisse. Antoinette Chahine a d’ailleurs été transportée à l’hôpital pour traitement et elle a été soignée par la Croix Rouge Libanaise pour sa plaie. L’organisation internationale rappelle que la torture est interdite dans l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et dans l’article 401 du Code de procédure pénale libanais. Elle précise aussi que dans son jugement, la cour criminelle a évoqué la possibilité que Chahine ait été soumise à des tortures, tout en ajoutant que celles-ci n’ont eu aucune influence sur ses déclarations, puisqu’elle a maintenu les mêmes dépositions, tout au long de ses divers interrogatoires, au cours de l’enquête préliminaire et devant le tribunal. Pour la cour, le sujet est ainsi clos, alors que le code de procédure pénale libanais prévoit des mesures disciplinaires contre celui qui pratique la torture. Dans les faits, la Cour criminelle a condamné Antoinette Chahine sur base des aveux de deux inculpés, Rachid Daou et Saad Gebrayel, qui ont reconnu au cours de l’enquête préliminaire qu’Antoinette Chahine était avec eux et que ce serait elle qui, le 11 mai 1992, aurait frappé à la porte du curé de Ajaltoun, Semaan Khoury, permettant ainsi à Georges Bakhos de le tuer à l’aide d’un silencieux. Daou a aussi déclaré qu’Antoinette Chahine tenait, elle aussi, un silencieux, de ceux qui étaient en possession du service de sécurité des FL et qu’elle lui aurait proposé de l’argent en contrepartie de sa participation à l’opération. Elle lui aurait remis une copie de son extrait d’état civil qu’il remettrait à son frère, Jean, responsable au sein du service de sécurité des FL (et condamné à mort par contumace en 1996, pour sa participation à l’attentat contre l’église de Zouk), qui lui donnerait aussitôt la somme convenue. Saad Gebrayel a aussi reconnu la participation d’Antoinette Chahine à l’opération. Au début, les inculpés auraient affirmé que le but de l’assassinat était l’argent, puis ils auraient déclaré qu’il s’agissait de punir le père Semaan Khoury, qui, pendant la guerre entre les FL et l’armée, donnait des informations sur les FL aux hommes du général Aoun. Mais, devant la cour, Rachid Daou et Saad Gebrayel se sont rétractés, affirmant que ces aveux ont été soutirés sous la contrainte et la torture. Pour Amnesty International, tout aveu extorqué sous la contrainte n’a aucune valeur effective. L’organisation souhaite donc attirer l’attention de la Cour de cassation qui devra examiner le dossier, à partir du 12 mai, sur ces faits. Elle relève aussi plusieurs irrégularités pendant l’enquête préliminaire: d’abord bien sûr, le fait que les inculpés ont été frappés. Mais il y a aussi le fait que le parquet a enquêté sur l’affaire, alors que le juge d’instruction était déjà en charge du dossier. Saad Gebrayel a été interrogé par le juge dinstruction en l’absence de son avocat, de même que les inculpés ont été contraints à reconstituer le crime sans leurs avocats... Tous ces éléments ne peuvent que semer le doute dans les esprits sur le jugement de la Cour d’assises. Amnesty International, dans son souci de voir respecter le droit de chaque inculpé à un procès équitable, a voulu soulever le problème... en attendant la décision finale de la Cour de cassation.
Une jeune fille de 23 ans arrêtée, torturée, puis accusée du meurtre d’un curé. C’est la triste histoire d’Antoinette Chahine, interpellée une première fois et placée en garde à vue pendant un mois et demi (du 23/3 au 5/5/94) dans le cadre de l’enquête sur l’attentat contre l’église de Zouk, le 27 février 1994, puis arrêtée une seconde fois le 9 juin 1994 et...