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Conférence de presse du secrétaire général à la francophonie Boutros-Ghali : je suis à l'écoute des responsables libanais (photo)
Par M. L., le 28 avril 1998 à 00h00
Au sommet de Hanoï, le secrétaire général à la Francophonie, M. Boutros Boutros-Ghali, s’est fait l’avocat d’une dimension politique de la francophonie en plus de son objectif culturel, technique et économique. Aujourd’hui, il confirme sa position et parle d’une assistance multilatérale aux Etats membres. Se voulant pragmatique, M. Boutros-Ghali laisse le choix aux pays membres de définir les différentes dimensions de cette assistance. Pour lui, dégager une plate-forme commune politique n’est pas chose impossible si la volonté politique des Etats membres d’adhérer à ce rassemblement qu’est la francophonie et de trouver des solutions aux problèmes est réelle. Pour ne pas être accusé de «néo-colonialisme», comme il le souligne, l’Organisation internationale de la Francophonie n’interviendra qu’à la demande expresse des Etats. En se référant à son expérience à la tête des Nations Unies, il se déclare contre le double emploi entre les organisations internationales pour éviter des conflits entre les médiateurs. M. Boutros Boutros-Ghali, entouré de MM. Michel Gervais et Michel Guillou, respectivement président et directeur de l’AUPELF-UREF, a tenu hier soir une conférence de presse au Palais de l’UNESCO au cours de laquelle il a évoqué tous les thèmes en rapport avec les objectifs et l’action de l’Organisation internationale de la Francophonie. Application de la 425 Selon M. Boutros-Ghali, pour l’Organisation internationale de la Francophonie, il y a déjà des médiateurs et un cadre pour s’occuper de la mise en œuvre de la résolution 425, ce sont les Nations Unies. «Il faut éviter trop de médiateurs. Si vous avez plusieurs médiateurs vous avez deux conflits. Le conflit qui concerne la mise en œuvre de la résolution et un conflit entre les médiateurs. Il faut éviter le double emploi entre les organisations internationales. Pendant que je dirigeais les Nations Unies, j’ai eu des problèmes de compétition entre les médiateurs et il fallait un super-médiateur pour trouver des solutions», a-t-il dit. Et d’ajouter que «la francophonie peut participer à travers ces diverses agences, mobiliser l’opinion publique mondiale sur ce problème et éviter sa marginalisation». «Je dois écouter le point de vue des responsables libanais qui devraient me dire ce qu’ils attendent de la francophonie. C’est à eux de décider et au secrétariat général de la francophonie d’offrir ses services. Encore faut-il savoir de quelle façon on peut agir?» Dimension politique M. Boutros-Ghali a déclaré que «la francophonie a une dimension géopolitique. Elle associe des Etats qui appartiennent à différents continents du monde. Depuis le sommet de Hanoï, l’Organisation internationale de la Francophonie tend à offrir à ses membres une assistance multilatérale. En plus de l’objectif culturel, technique et économique, elle a un objectif politique. Cet objectif politique peut prendre différentes dimensions. Il faut laisser aux Etats membres le choix de ces dimensions», a-t-il dit avant de souligner «qu’il se peut que la francophonie décide de se mobiliser en faveur d’un sujet particulier. Dans le cas de situation conflictuelle, la francophonie peut jouer également un rôle. Elle peut entreprendre une action préventive pour empêcher que cette situation conflictuelle ne s’aggrave, pour trouver des moyens très discrets d’offrir de bons offices pour résoudre cette situation conflictuelle qui peut être à l’intérieur d’un Etat tel le problème des Iles des Comorres où il y a une sécession. Il faut laisser aux soins des Etats membres la libre décision. Ce qui compte c’est la volonté politique de s’associer, de former une organisation et d’adhérer à un rassemblement. C’est aux pays membres de donner la force nécessaire à ce rassemblement, de renforcer cette volonté politique par une volonté commune de trouver des solutions aux problèmes du groupe». M. Boutros-Ghali illustre ses propos par un exemple qu’il tire de sa propre expérience à la tête de la diplomatie égyptienne. «Je me rappelle que, lorsque j’étais responsable de la politique étrangère en Egypte, j’avais demandé la participation de l’Egypte à la francophonie. M. Claude Cheysson, chef du Quai d’Orsay, à l’époque, me dit pourquoi voulez-vous que votre pays fasse partie de la francophonie. Le français a perdu toute valeur en Egypte. Et moi de rétorquer: «La volonté politique est plus importante que le fait qu‘il y ait 50.000 ou 100.000 francophones en Egypte. Je pense en tant que responsable égyptien qu’il est de l’intérêt de l’Egypte d’avoir une ouverture sur le monde extérieur, que cette ouverture soit obtenue à travers le groupement des non-alignés ou le groupement francophone». La Ligue arabe et la francophonie Répondant à une question au sujet de ces démarches en faveur du développement de la francophonie dans le monde arabe, M. Boutros-Ghali précise que, la semaine dernière, il a signé un protocole avec le secrétaire général de la Ligue arabe qui prévoit une coopération entre les pays membres de la Ligue et les différentes agences de l’Organisation internationale de la francophonie. Une collaboration dans les domaines techniques et universitaires. «La Ligue arabe aussi bien que la francophonie sont très ouverts à cette coopération. Elle est d’autant plus importante que sept pays arabes membres de la Ligue arabe sont membres de la francophonie et qu’il existe une proximité géographique entre le monde arabe et le monde francophone», a-t-il dit et de poursuivre: «A cela, j’ajoute une présence très importante de sujets du monde arabe qui se trouvent au Canada, en France ou en Belgique donc dans le phénomène de la mondialisation à venir, il y aura de grands déplacements de population et il est important de préparer ce dialogue à tous les niveaux entre ces deux mondes qui sont très près l’un de l’autre». Anglophonie v/s francophonie Prié de dire quelles étaient les démarches qu’adopterait l’Organisation pour ralentir le développement de l’anglophonie, M. Boutros-Ghali répond avec le sourire. «Aucune». «Chacun est libre de choisir la langue qu’il veut apprendre. C’est une erreur d’imaginer que la francophonie est un combat d’arrière-garde contre la langue anglaise qui est devenue une langue internationale. C’est un faux combat. La francophonie se veut plurielle. Elle défend le principe de la diversité culturelle et se veut ouverte sur le monde extérieur. La francophonie est prête à offrir les services qu’on lui demande. Si on essaie de forcer la main, l’on nous accusera de néo-colonialisme». Intervenant à son tour, M. Michel Gervais, président de l’AUPELF, affirme qu’il est contre l’unilinguisme, la non-reconnaissance de la diversité culturelle, l’uniformisation et surtout contre l’appauvrissement qui en résulterait. «La langue anglaise est utile et j’encourage mes six enfants à l’apprendre», a-t-il dit. Difficultés d’obtention de visas Au sujet des difficultés auxquels font face les étudiants pour obtenir des visas d’accès au territoire français, M. Boutros-Ghali affirme qu’il est «antifrancophone de rendre l’accès aux universités du Nord difficile aux étudiants venant du Sud. Je m’adresse à tous les pays du nord en leur demandant d’accorder le maximum de facilités». Il met l’accent par ailleurs sur le fait de devoir encourager la coopération sud-sud en rappelant que les universités à Beyrouth ont été le centre des universités du monde arabe. «Un des avantages des universités virtuelles est d’encourager la coopération sud-sud». Il évoque également l’université Senghor qui offre d’importants services à des étudiants du Sud. Université virtuelle Répondant à une question des journalistes au sujet de l’université virtuelle, M. Michel Guillou, directeur de l’AUPELF, affirme que l’université virtuelle a démarré le 15 avril sous la présidence du secrétaire général qui l’a lancée officiellement. Elle est, à présent, inscrite en grandes lettres dans les statuts de l’AUPELF. A partir de septembre, il y aura des cours et des enseignements dans les universités grâce aux centres SYFED-REFER, qui sont des plates-formes d’accueil. «Ce qui est formidable, c’est que les universités francophones ont choisi l’innovation et la course vers la modernité et par conséquent nous allons nous aussi inventer l’avenir», a-t-il dit.
Au sommet de Hanoï, le secrétaire général à la Francophonie, M. Boutros Boutros-Ghali, s’est fait l’avocat d’une dimension politique de la francophonie en plus de son objectif culturel, technique et économique. Aujourd’hui, il confirme sa position et parle d’une assistance multilatérale aux Etats membres. Se voulant pragmatique, M. Boutros-Ghali laisse le choix aux pays membres...
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