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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Communautés - Session annuelle de l'APECL sur l'exhortation apostolique Projet sur l'enrichissement illicite : condamnation mesurée de Sfeir (photos)

La 32e session annuelle de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques s’est ouverte hier à Bkerké et se prolongera jusqu’à samedi. À l’exception de la séance d’ouverture, les travaux se déroulent à huis clos. Temps fort annuel de collégialité épiscopale, la session est consacrée cette année à l’Exhortation apostolique Une espérance pour le Liban, dont les pères examineront la mesure dans laquelle elle est reçue et appliquée. Conformément à une recommandation de l’Exhortation, une commission spéciale pour la réception et l’application de ce document a été formée au printemps dernier. Elle a réparti l’immense travail qui était le sien sur sept comités présidés chacun par un évêque. Leurs rapports respectifs seront lus et discutés au cours de la session. Un bilan général sera dégagé au terme des débats. Les réalisations et les obstacles seront cernés clairement et objectivement, dans la perspective d’une réforme des structures mises en place et d’une meilleure garantie de réalisation des réformes entreprises à différents niveaux. Changement des mentalités Inaugurant les travaux de la session, le président de l’APECL, le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, a commencé par déclarer : «Contrairement à ce que pensent certains, l’Exhortation n’est pas morte (…) Elle est une façon de réfléchir, un mode de vie, une sorte de comportement qui exige un changement de mentalité. Et cela ne se fait pas du jour au lendemain». Mgr Sfeir a également parlé de l’impact spirituel, social et national de l’Exhortation. Sur le plan spirituel, le chef de l’Église maronite a souligné la nécessité de la cohérence entre les articles de la foi que les fidèles professent et leur comportement quotidien. Il a dénoncé les sectes et les séductions qu’elles représentent pour les «âmes faibles», la confusion entre mystères chrétiens et superstitions, le recours à l’occultisme et à la voyance, la fraude et le vol, l’immoralité sexuelle, l’individualisme anarchique et les atteintes à l’environnement. Sur le plan social, le patriarche a soulevé la question de ceux qui «refusent le pardon et la réconciliation» et condamnent un groupe social pour certains crimes commis, mais feignent d’ignorer la culpabilité d’autres groupes, responsables d’agissements similaires. De même, le cardinal Sfeir a déploré la crise économique et l’endettement de l’État ainsi que leurs répercussions financières et sociales, la corruption et l’enrichissement illicite, considérés comme des maux sociaux. Il a abordé au passage la question du projet de loi sur l’enrichissement illicite, lequel a-t-il dit, se serait transformé, à en croire certains, en un projet pour la protection de ceux qui se sont enrichis contre toute poursuite. Mgr Sfeir a déploré aussi le chômage, l’absence d’orientation professionnelle, la pléthore de diplômés dans certains secteurs, l’exode rural, faute de politique agricole, et l’absence d’une politique industrielle protectionniste. Enfin, le chef de l’Église maronite a abordé le grand problème des déplacés, qui demeure sans solution, «ce qui rend l’entente nationale illusoire». Sur le plan proprement chrétien, le patriarche a souligné le devoir de solidarité, qui veut qu’aucun élève ne soit expulsé d’une école faute d’avoir pu régler sa scolarité, ainsi que la solidarité en matière d’hospitalisation. En matière de santé, il a renvoyé dos à dos l’État mauvais payeur et les propriétaires d’hôpitaux privés qui gonflent indûment leurs factures. Justice libre de toute ingérence Sur le plan national enfin, il a rappelé tous les sujets sur lesquels l’Exhortation apostolique a insisté : dialogue islamo-chrétien, solidarité avec le monde arabe, édification de l’État de droit, paix et réconciliation. Il a toutefois manifesté son inquiétude face à une paix régionale qui non seulement se fait attendre mais semble s’éloigner, alors que les deux peuples de laquelle elle dépend sont eux-mêmes divisés à son sujet. Et de conclure en souhaitant plein succès au président élu et en espérant que la conjoncture régionale et internationale lui soit favorable, afin qu’il édifie «un État sûr, stable, intègre, au sein duquel les institutions seront efficientes, dont la loi sera respectée, la justice libre de toute ingérence politique, l’identité préservée, et où les médias seront objectifs et ouverts à tous». Il a souhaité également «une nation dont la liberté soit assurée, l’indépendance entière, la souveraineté indivise, une nation maîtresse de sa décision, qu’elle ne partagerait avec personne». Retour aux sources Prenant ensuite la parole, le nonce apostolique, Mgr Antonio Maria Veglio, a prononcé une courte allocution dans laquelle il a décrit les conditions auxquelles l’Exhortation «portera ses fruits espérés». Cette Exhortation, a-t-il dit, «doit tout d’abord être reçue de l’intérieur, dans l’ensemble de l’Église. Quand ce document sera véritablement reçu, on pourra chercher les moyens efficaces pour appliquer les suggestions et les propositions de réforme qu’il contient». Mgr Veglio a également fait part aux membres de l’assemblée de trois brèves réflexions que la lecture de l’Exhortation lui a inspirées. «Le double héritage, oriental et occidental, dont l’Église catholique au Liban est dépositaire, ne doit pas être perçu comme un tiraillement négatif entre deux mondes opposés, ni contredire la vocation de l’Église qui est d’être un mystère de communion», a-t-il commencé. Le retour aux sources et à l’unité du siège d’Antioche doit être un autre principe d’action de l’Église catholique au Liban, a-t-il poursuivi, soulignant que «la communauté de destin des chrétiens du Liban et du Proche-Orient et la nécessité d’un témoignage évangélique en terre d’islam doivent nous porter à nous engager sans tarder dans l’action œcuménique». Enfin, Mgr Veglio a demandé que «les fidèles laïcs soient étroitement associés, selon les charismes qui sont les leurs, au projet d’application de l’Exhor-tation apostolique». «Les laïcs attendent de leurs pasteurs des orientations courageuses, prophétiques, pour une véritable réconciliation à l’échelon national, l’établissement d’un État de droit qui transforme réellement le Liban en un message», a-t-il conclu.
La 32e session annuelle de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques s’est ouverte hier à Bkerké et se prolongera jusqu’à samedi. À l’exception de la séance d’ouverture, les travaux se déroulent à huis clos. Temps fort annuel de collégialité épiscopale, la session est consacrée cette année à l’Exhortation apostolique Une espérance pour le Liban,...