Actualités - ANALYSE
Le pouvoir suit avec intérêt l'évolution du dossier régional
Par K. E., le 24 avril 1998 à 00h00
C’est presque avec impatience que Beyrouth attend la rencontre qu’au début du mois prochain Madeleine Albright organise à Londres entre Arafat et Netanyahu, ainsi que les résultats des efforts régionaux du tandem U.S. Indyk-Ross et du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. La présente République libanaise a en effet si bien lié le dossier du Sud à celui de la région que son évolution est en grande partie conditionnée par les discussions sur les accords d’Oslo ou sur le volet syrien… Il reste que les officiels libanais avancent des pronostics différents quant aux perspectives qu’offre l’actuel forcing diplomatique concernant le Proche-Orient. Certains se montrent optimistes et estiment que les échanges de Londres vont permettre de débloquer la question du redéploiement israélien en Cisjordanie et d’ouvrir l’aéroport de Gaza ainsi que la cité industrielle dans les territoires autonomes. D’autres pensent qu’Israël va continuer à atermoyer, le facteur temps jouant en sa faveur à son avis en facilitant ce «glissement» permanent qui fait que les Arabes ne cessent au fil des mois et des années de lui céder du terrain… «Chaque fois, souligne un cadre local, que se produisent des guerres, des opérations militaires ou des attentats, le gouvernement israélien en place fait mine d’accepter, voire de solliciter, les initiatives de paix américaines. Et cela dans le but que les Arabes se bercent de nouveau d’illusions et ne tombent pas par désespoir dans la tentation de détruire les colonnes du temple par une escalade explosive de la violence «terroriste», frontalière ou intérieure, qui effectivement terrorise Israël. Cet Etat recherche donc sa sécurité mais se refuse obstinément à comprendre qu’en réalité seule une paix équitable peut la lui garantir, car il ne veut toujours pas payer le prix territorial ou politique d’un règlement global. Son objectif constant est donc de gagner du temps et il y réussit parfaitement puisque sept ans après Madrid on se retrouve pratiquement à la case départ en ce qui concerne la paix d’ensemble». Cette personnalité prévoit qu’à Londres «Netanyahu, pour ne pas trop indisposer Albright et pour ne pas trop affaiblir Arafat face au Hamas, va sans doute lâcher un peu de lest, quelques menues concessions, juste pour entretenir l’espoir chez les Américains et les Arabes. Scénario connu: le chef du Likoud en sera quitte pour reprendre d’une main ce qu’il aura donné de l’autre, en encourageant un nouveau mouvement d’implantation de colonies juives dans les territoires palestiniens encore occupés. Il tient compte en tout cas du fait que les Palestiniens, contrairement à Israël, n’auraient finalement que très peu à perdre en faisant exploser la situation si on les poussait à bout. Netanyahu peut d’autant mieux lanterner qu’il s’est donné une marge diplomatique élargie par ses propositions sur le Liban-Sud. Il lui suffit dès lors de «donner» un tout petit peu du côté des accords d’Oslo pour que les Américains, qui tiennent avant tout à maintenir en vie le processus, se considèrent comme satisfaits et relâchent un peu la pression. Ceci étant, Netanyahu mettra à profit la rencontre de Londres pour pousser Arafat à se lancer dans une véritable liquidation du Hamas, sans plus se contenter de la répression préventive que sa police effectue. Et dans ce cadre, le premier ministre israélien joue sur du velours car il a le plein appui du parrain U.S.». «Netanyahu, souligne cette source, cherche à utiliser la même méthode chez nous. Sa priorité étant la sécurité de la Galilée, il exige la neutralisation du Hezbollah en nous faisant miroiter la possibilité d’un retrait de ses troupes. L’alternative qu’il nous propose se résume ainsi: ou bien ce qu’il appelle «les mesures de sécurité», sorte de traité séparé que nous ne saurions admettre; ou bien le maintien de l’occupation ou, ce qui revient à peu près au même, un retrait précédé d’une opération de terre brûlée et suivi par des agressions régulières, pour empêcher la population exodée de revenir…». «Comme l’une ou l’autre option nous seraient pénibles, notre diplomatie tente d’y parer, avec le concours de la Syrie et en sollicitant le soutien actif des Arabes. Nous sommes résolus à défendre nos positions, tout en les expliquant aux Occidentaux. Mais à dire vrai, nous attendons de voir ce que ces derniers, ainsi que l’ONU, vont en définitive décider par rapport à la 425 et aux propositions israéliennes…», conclut cette personnalité.
C’est presque avec impatience que Beyrouth attend la rencontre qu’au début du mois prochain Madeleine Albright organise à Londres entre Arafat et Netanyahu, ainsi que les résultats des efforts régionaux du tandem U.S. Indyk-Ross et du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. La présente République libanaise a en effet si bien lié le dossier du Sud à celui de la région que son...
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