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Actualités - ANALYSE

La Troïka plus faible que jamais

Même la priorité Sud, tant recommandée par Damas pour cimenter les rangs internes libanais, n’arrive pas à replâtrer l’édifice branlant appelé troïka. Aussitôt pris aussitôt oubliés: des engagements d’union du dernier sommet de Lattaquié, il ne reste pratiquement rien. La trêve a tout l’air de devoir s’effondrer sous peu, tant la tension est forte au niveau des relations Hraoui-Hariri. «Pourtant, déplore un ministre, il n’y a même pas besoin des conseils des Syriens pour se rendre compte que dans la conjoncture présente, marquée par le test décisif que le Liban doit passer après les propositions israéliennes concernant la 425, il est urgent que les trois présidents mettent leurs antagonismes de côté et se réunissent régulièrement pour activer la stratégie adoptée en ce qui concerne le Sud». Et de confirmer qu’à Lattaquié «le président Hafez el-Assad a longuement mis l’accent sur la nécessité absolue d’élaborer une action concertée afin de déjouer les visées israéliennes et les propositions piégées de Netanyahu. Il a invité avec insistance nos dirigeants à travailler la main dans la main pour défendre en toute priorité une même position libanaise concernant le Sud, les questions litigieuses qui les opposent devant être mises impérativement de côté pour le moment. Il leur a rappelé que l’actuelle manœuvre israélienne constitue pour le Liban un défi capital susceptible de déterminer son sort dans les prochaines années, répétant qu’il faut absolument que les autorités libanaises agissent de concert pour parer à toute éventualité. En pratique, précise cette source ministérielle, le chef de l’Etat syrien a exhorté le président du Conseil M. Rafic Hariri et le chef du Palais Bustros M. Farès Boueiz à coordonner étroitement leurs efforts dans le cadre de la contre-offensive diplomatique visant à réfuter en Occident les thèses israéliennes. Le président Assad a même dit que la conjoncture présente doit imposer à ces deux pôles «un mariage maronite , indissoluble, en matière d’action diplomatique pour le Sud, précisant que tout naturellement cela implique une amélioration des relations entre eux, rapports qui jusque là étaient plutôt tendus sinon franchement mauvais». Ce ministre indique ensuite que «le chef de l’Etat syrien a rendu à M. Boueiz un vibrant hommage pour les positions qu’il défend, message visiblement destiné à faire comprendre à M. Hariri qu’il ne doit pas trop nuancer, dans ses propres déclarations, ces mêmes positions…». Un point important en effet: les réactions de refus du ministre des Affaires étrangères ont été plus radicales que celles du chef du gouvernement. Le premier a en quelque sorte qualifié les propositions israéliennes de simple mystification; alors que le deuxième, tout en les rejetant catégoriquement, a estimé qu’elles étaient sérieuses… Toujours est-il que les deux intéressés se sont retrouvés pour un petit-déjeuner de travail ( et de «manakiches») le jour de la Pâque orientale. M. Boueiz a exposé les résultats de ses récents entretiens au Vatican, en Italie et en France et M. Hariri a indiqué les thèmes qu’il comptait développer dans sa tournée de promotion de la position libanaise dans les grandes capitales. «Mais les deux hommes, reprend le ministre précité, n’ont pas abordé au cours de cette rencontre officieuse le contentieux qui les oppose, même pas pour convenir de la nécessité de geler pour le moment les questions litigieuses. Ils en restent donc au même point et s’ils ont effectivement coopéré dans le domaine diplomatique, comme l’avait souhaité le président Assad, ils gardent entre eux de la distance et des rapports tendus. D’autant que le président Hraoui, beau-père de M. Boueiz, ne ménage pas ses critiques à la présidence du Conseil malgré la trêve décrétée à Lattaquié. De son côté, le chef du gouvernement semble animer dans les cercles politiques, malgré les conseils syriens de gel, une campagne larvée articulée autour des prochaines présidentielles, sujet sensible s’il en est. Les bruits qui courent à ce propos agacent au plus haut point, conclut ce ministre, des hraouistes qui ne peuvent s’empêcher de rêver d’un troisième mandat, ce dont évidemment M. Hariri ne veut absolument pas entendre parler…». Comme dit l’autre: chassez le naturel, il revient au galop. Et de par sa nature géométrique même, la troïka est bien plus une source de querelles qu’un système de pouvoir…
Même la priorité Sud, tant recommandée par Damas pour cimenter les rangs internes libanais, n’arrive pas à replâtrer l’édifice branlant appelé troïka. Aussitôt pris aussitôt oubliés: des engagements d’union du dernier sommet de Lattaquié, il ne reste pratiquement rien. La trêve a tout l’air de devoir s’effondrer sous peu, tant la tension est forte au niveau des...