L'affaire des odeurs pestilentielles : Pharaon tire la sonnette d'alarme

M. Michel Pharaon, député de Beyrouth, a tenu dimanche dernier à son bureau d’Achrafieh une conférence de presse consacrée au problème des odeurs pestilentielles qui envahissent les régions de Bourj Hammoud, de Dora et de la Quarantaine ainsi que certains secteurs d’Achrafieh et de Sin el-Fil. M. Pharaon a lancé un véritable cri d’alarme à ce propos, soulignant que «la colère populaire a atteint un degré tel que des voix s’élèvent, à juste titre, afin de juger les responsables» de cette catastrophe. M. Pharaon a conseillé sur ce plan à la société Sukleen (en charge des opérations de ramassage des ordures) de «ne pas prendre ses responsabilités à la légère, car la santé du citoyen prime sur toute autre considération». M. Pharaon a tenu sa conférence de presse en présence du vice-président de la ligue des moukhtars de Beyrouth, M. Béchara Gholam, de nombreux moukhtars de la capitale, et de représentants du Tachnag et du Hentchag, en plus d’un grand nombre de notables d’Achrafieh, de Rmeil et de Medawar. Abordant l’affaire des odeurs nauséabondes qui frappent les régions susmentionnées, M. Pharaon a rappelé que lors d’une récente réunion tenue à la Quarantaine pour examiner cette question, le ministre de l’Environnement, Akram Chehayeb, s’était engagé à régler ce problème avant la fin de l’année 1997. A la suite des démarches effectuées sur ce plan par un comité des habitants de Medawar, a précisé M. Pharaon, des promesses ont été faites en février dernier en vue de l’installation d’un biofiltre à l’usine de compostage de la Quarantaine. «Cette solution, accueillie favorablement par toutes les parties, était le fruit d’un accord conclu entre le CDR, le ministère de l’Environnement et la société Sukleen, a souligné M. Pharaon. Mais nous avons été surpris de constater il y a quelques jours que les odeurs envahissent à nouveau les quartiers résidentiels. D’aucuns affirment en outre que des camions recommencent à vider des déchets dans le dépotoir de Bourj Hammoud» (qui a été fermé l’an dernier par le gouvernement). Le député de Beyrouth a souligné qu’à la suite de ces développements, il a tenu une nouvelle réunion avec le ministre de l’Environnement. «Nous avons réalisé que la commande pour l’achat du biofiltre ne s’est faite qu’il y a quelques jours alors que le biofiltre aurait dû être assuré il y a quelques mois, a déclaré M. Pharaon. Le comité qui suivait ce dossier a ainsi été trompé car toutes les promesses n’ont pas été réalisées. La grogne populaire a atteint un point tel que des voix s’élèvent pour réclamer, à juste titre, que les responsables soient jugés. Nous conseillons sur ce plan à la société Sukleen de ne pas prendre ses responsabilités à la légère car la santé du citoyen et l’état de l’environnement dans le pays priment toute autre considération. Nous demandons en outre à tous les responsables, notamment ceux du CDR, de visiter les régions concernées afin de prendre conscience des épreuves endurées par la population». En conclusion, M. Pharaon a invité le premier ministre Rafic Hariri à trouver une solution radicale à ce problème et à prendre les mesures qui s’imposent à l’encontre des responsables de cette catastrophe écologique. Il convient d’indiquer dans ce cadre que le comité des moukhtars de Medawar a annoncé hier soir le report du sit-in qui devait avoir lieu devant l’hôpital de la Quarantaine, avec le soutien de M. Pharaon, en signe de protestation contre le retard apporté au règlement du problème de la pollution de l’air dans les quartiers de Beyrouth-Est. Signalons dans ce cadre que le ministère de l’Environnement a publié hier un communiqué apportant les précisions suivantes au sujet des efforts qui sont déployés pour régler l’affaire des odeurs pestilentielles: — Le traitement chimique effectué par les experts français pour régler le problème des odeurs dégagées par les déchets organiques s’est révélé efficace. De fait, les odeurs ont sensiblement diminué au cours de la phase d’essai et le traitement en question se poursuit. — Le biofiltre sera installé dans les délais les plus brefs afin de régler le problème d’une manière radicale. — Une solution rapide est en cours pour les odeurs provoquées par les déchets organiques du dépotoir de Bourj Hammoud qui a été fermé en juin 1997.