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Actualités - ANALYSE

L'opposition veut tester sa force aux municipales du Mont-Liban

Les municipales seront lancées dimanche 24 mai au Mont-Liban: l’intervention tout à fait catégorique du ministre de l’Intérieur a fait refluer la vague de scepticisme qui entourait l’organisation de ce scrutin. Mais les candidats ne se pressent toujours pas au portillon et l’on reste loin de la fièvre qui accompagne d’habitude une campagne électorale. C’est qu’à dire vrai il subsiste une petite lacune: à un mois à peu près de la première étape, les délais de présentation des candidatures n’ont pas encore été fixés! Toujours est-il que, dans la mesure tout à fait relative où les municipales constituent un test d’influence politique sur le plan national, les empoignades du Mont-Liban, région d’intense grouillement partisan, pourraient servir d’indice sur la force de l’opposition. On sait en effet que tous les courants de l’Est ou de la montagne, des plus radicaux aux mieux intégrés au système — que certains tentent de combattre de l’intérieur —, ont décidé de s’engager à fond dans ce bras de fer avec le pouvoir établi. Dans les autres régions, on le sait, la compétition se livre généralement «en famille», au double sens du terme. Elle met en effet en présence des forces taëfistes qui ont pour dénominateur commun de se réclamer des décideurs et elle oppose souvent dans ce cadre des ailes distinctes de mêmes clans régionaux, des cousins en somme. S’il y a çà et là opposition, elle est uniquement dirigée contre la personne de l’un ou l’autre des trois présidents ou des chefs de file régionaux, et pas contre le système en tant que tel. Ces facteurs de dévaluation politique ne sont cependant pas réducteurs de l’intensité de la bataille, au contraire même car à huis clos dans les villes ou dans les villages il est presque impossible, tant les intérêts en jeu sont pointus et les rancunes tenaces, de faire entendre raison aux parties adverses pour qu’elles forment des listes d’entente. Globalement, cela ne manque pas de se répercuter non plus sur l’opposition qui, a priori, peut difficilement se présenter à la bataille en rangs unis. Dans d’innombrables agglomérations, des coalitions de partis ou de courants laisseraient fatalement de côté trop d’exclus, de frustrés qui pourraient se regrouper pour y faire face. Car, répétons-le, sur le plan local une même famille appartenant à une même tendance politique présente fréquemment plusieurs candidats rivaux, comme cela se voit du reste parfois dans les législatives. La compensation, pour ainsi dire, c’est que ce mouvement de balancier joue également pour les loyalistes qui se retrouvent tout aussi divisés. Une preuve de plus, si besoin était, que les municipales ne peuvent pas constituer partout un baromètre précis de force politique. Clivages A cette nuance près, redisons-le aussi, qu’au Mont-Liban les slogans de dimension nationale peuvent mieux porter car depuis des lustres les clivages entre clans, entre familles, se sont soudés sur l’appartenance à des partis différents: on y est ainsi de père en fils opposé au B.N. parce qu’on est Destour, au PSNS parce qu’on est Kataëb, etc. Seuls les progressistes et les chamouniens semblent vouloir cette fois enterrer la hache de guerre. Quoi qu’il en soit, l’opposition se dit certaine que le pouvoir va se mobiliser à plein au Mont-Liban et qu’il commence par ce mohafazat afin de lui laisser à elle-même peu de temps pour affûter ses armes. Les opposants affirment que les dirigeants vont, comme dans les législatives, user de l’intimidation autant que de la séduction pour l’emporter. Ils ajoutent qu’il va y avoir sans doute, au niveau de la formation des listes, beaucoup d’intox, beaucoup de «torpilles» (des candidats traîtres qui se retireraient à la dernière minute) qu’on va leur lancer dans les pattes pour les affaiblir. Les manœuvres ne sont donc pas encore entamées que, déjà, les opposants multiplient les procès d’intention. Ce qui peut être un signe de faiblesse, mais qui est plus vraisemblablement de la simple prudence: toujours au Mont-Liban, l’opposition a bien vu en effet comment le pouvoir, par une législation spéciale rehaussée de tactiques précises, a pratiquement réussi à lui briser les reins, à lui faire mordre la poussière aux législatives de 96. On sait, en effet, que, durant ces élections, les Kataëb, jadis le parti le plus puissant du pays, n’ont pas réussi à placer un candidat, tandis que le Dr Albert Moukheiber, si notoirement populaire, était déclaré battu. Les mêmes sources ajoutent que, dans nombre de localités, les loyalistes vont tenter de décrocher une minorité de blocage ou d’arbitrage qui pourrait mettre des bâtons dans les roues de la majorité qui serait acquise à l’opposition. Et d’avouer enfin que le manque flagrant d’intérêt de la population pour ces élections municipales joue en faveur du camp loyaliste, étant donné que les têtes de listes potentielles se trouvent moins soumises à une pression populaire et, par là, plus perméables aux offres du pouvoir.
Les municipales seront lancées dimanche 24 mai au Mont-Liban: l’intervention tout à fait catégorique du ministre de l’Intérieur a fait refluer la vague de scepticisme qui entourait l’organisation de ce scrutin. Mais les candidats ne se pressent toujours pas au portillon et l’on reste loin de la fièvre qui accompagne d’habitude une campagne électorale. C’est qu’à...